Adjaratou OUEDRAOGO, artiste-peintre-sculpteur

Adjaratou OUEDRAOGO, artiste-peintre-sculpteur

Adjaratou OUEDRAOGO s’est toujours exercé au dessin depuis l’école primaire jusqu’au secondaire. C’est à sa terminale précisément que sa vie a subitement basculée et a prit un tournant décisif. En effet, séparée de sa mère depuis la tendre enfance et orpheline de père à son cycle secondaire, Adjaratou a interrompu ses études faute de moyens.
Faisant fi au destin et refusant la fatalité, elle décida de réveiller la championne qui dormait en elle : son talent d’artiste-peintre. Aussi, à la faveur d’une formation en sculpture, notre invitée devint plus outillée pour affronter le marché de l’emploi. Ce qui était donc considéré au départ comme une simple distraction devient pour Adjaratou une source de revenue. Depuis des années, elle ne vit que des revenus de ses tableaux peints et des commandes de sculpture.


Je suis Adjaratou OUEDRAOGO, je suis titulaire d’un BAC G2 Comptabilité. Le dessin m’a toujours passionnée depuis l’école primaire. Après mon BAC, il fallait que je fasse un choix entre poursuivre mes études et aller avec la peinture pour laquelle j’ai un amour grandissant. Que faire ? Mon père étant décédé, je n’avais personne pour me payer la scolarité. L’idée de poursuivre les études était comme un rêve brisé. Je n’avais donc que le second choix à faire: continuer avec le dessin.Peu importe s’il n’était pas apprécié de mon entourage, c’était mon choix quand bien même il fallait faire face aussi à de petites dépenses tels l’achat des pots de peinture et de quelques outils. C’est vrai, j’aime beaucoup le dessin et le mélange des couleurs. Je suis de nature solitaire et quand je ne suis pas contente, j’aime m’enfermer pour travailler et traduire ce que je ressens sur des tableaux. C’est en 2007 que j’ai exposé pour la première fois à l’Espace GAMBIDI.Cette exposition m’a permis de vendre beaucoup de tableaux et m’a donné une certaine assurance. Depuis lors, de nombreuses opportunités m’ont été données; En tout cas, ce fut un grand pas de franchi. Au FESPACO 2009 par exemple, j’ai exposé et vendu 5 à 6 tableaux. A cette exposition également, j’ai pu me faire de nombreux contacts qui m’ont conduite en France puis en Italie pour d’autres expositions.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos peintures ?
Mes thèmes sont surtout orientés vers l’enfance parce que j’ai été très tôt séparée de ma mère. J’ai vécu plus de 15 ans séparée d’elle. Il arrive des moments de tristesse où tout mon esprit est tourné vers la relation “mère et enfant”; la mère qui vit loin de son enfant et vice versa, la situation d’enfants abandonnés, les conditions de vie de la femme, l’excision, c’est autant de scènes que j’essayais de représenter à longueur de journée à travers mes œuvres.
De la peinture à la sculpture, quelle est vraiment la relation ?
Comme je vous le dis, j’ai commencé par la peinture. Mais ma venue à la sculpture est un concours de circonstance. C’est à la faveur d’une formation en sculpture que j’ai été contactée par SIDIKI KY. D’après ce qu’il m’a dit, le ministère de la culture aurait souhaité qu’il y ait à cette formation, des femmes et des filles; et qu’à ce titre, le ministre souhaiterait recevoir des candidatures féminines. J’ai alors donné mon accord pour être formée à la sculpture de pierre.

La sculpture, c’est un beau métier; mais en même temps, elle fait de vous une belle femme musclée !

Mais non…, je ne travaille pas toute l’année ! Le symposium, c’est juste un mois tous les deux ans; sitôt après le symposium, les muscles disparaissent.

Comment écoulez-vous vos œuvres sur granit ?
Pour les œuvres sculptées sur granits, elles pèsent énormément et il est difficile d’envisager de les vendre. Mais s’il y a des éventuels clients, je peux reproduire l’œuvre en format réduit pour permettre facilement l’exportation. C’est le cas de l’union Européenne qui m’en a commandé une. Je l’ai reproduite en miniature pour pouvoir la leur envoyer.

Quels genres de difficultés rencontrez-vous ?
Une femme qui fait la peinture ou la sculpteur ne jouit pas souvent d’une bonne image en Afrique. Il faut arriver à surmonter les critiques de l’entourage. Pour moi, il n’y pas des taches uniquement réservées aux hommes. La femme est aussi capable de toutes ces tâches dites réservées aux hommes.
D’abord, je voudrais louer l’initiative du Ministère de la culture qui est de faire participer les femmes au travail de la sculpture. Il faut qu’il continue d’inciter la gent féminine à ce métier afin qu’il y ait assez de représentativité féminine dans le métier des Arts Plastiques. Aujourd’hui, on ne compte seulement que 3 ou 4 femmes contre 40 hommes peintres-sculpteurs. Vous voyez que nous sommes loin de la moyenne !
J’ai actuellement sous les bras, un projet de création d’espace culturel où je compte former les jeunes filles à la peinture et à la sculpture.
Le rêve aujourd’hui d’Adjaratou est la création d’un espace culturel où elle pourra former les jeunes filles à la peinture et à la sculpture. Voilà un beau projet qui mérite d’être encouragée surtout qu’elle semble s’inscrire en droite ligne du thème de la 157ème journée Internationale de la femme célébrée au Burkina Faso à savoir ” Entrepreneuriat féminin : problématique du financement des activités économiques des femmes au Burkina Faso”.
Nous espérons que le Ministère de la Promotion de la Femme et du Genre du Burkina Faso accompagnera une telle initiative . En attendant la réalisation de ce vœu, voici le portrait de notre invitée, Adjaratou OUEDRAOGO.
Avril 2014

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