Clément SARE, artisan : “Le handicap n’est pas une fatalité”

Clément SARE, artisan : “Le handicap n’est pas une fatalité”

Clément SARE, artisan : “Le handicap n’est pas une fatalité”

Artisan au village artisanal de Ouagadougou, Clément SARE fabrique des œuvres d’art éducatif. Il a commencé le métier en 1999 en tant qu’apprenti auprès de son patron. Depuis 2003, il travaille maintenant pour son propre compte. Clément SARE est membre de l’association “Tillégré” des personnes handicapées. Pour lui le handicap n’est pas une fin en soi ni une fatalité. Il ne se laisse pas abattre et vit heureux malgré sa situation. Même si ce n’est pas toujours facile, l’homme se bat depuis quelques années pour subvenir à ses besoins. La mendicité, il en est contre. Clément Saré est installé au village artisanal depuis 2003.

ArtistesBF : Malgré votre handicap, vous avez choisi d’exercer un métier. Comment arrivez-vous à vous en sortir ?

Clément SARE (CS) : Je rends grâce à Dieu parce que depuis que je suis adulte, je n’ai jamais été triste. Je ne me suis jamais plaint de mon handicap. Ce n’est pas une fatalité et je vis bien avec. Le handicap c’est dans la tête et lorsqu’on peut faire quelque chose pour s’en sortir, il ne faut pas hésiter. Avec cette vision de la vie, je ne me sens pas comme un handicapé. Je me bats chaque jour que Dieu fait. Je suis heureux parce que Dieu m’a donné deux mains valides et un cerveau. Même si je quittais ce métier, je sais que Dieu me réserve un autre et je pourrai toujours travailler. Je me dis que ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on ne doit rien faire. Beaucoup se contentent de mendier et moi je suis contre. Comme les personnes valides, nous aussi nous pouvons travailler.

Il y en a parmi nous qui n’attendent que des soutiens d’autrui. Le jour où ils n’auront pas de soutien, que feront-ils? Ça, c’est de la faiblesse. On dit que lorsque tu as un pied pour danser, positionne le bien pour bien danser. Sinon on sait qu’on doit danser avec deux pieds. C’est pour dire que tu peux être seul et t’en sortir.

De plus, entre handicapés nous ne sommes pas honnêtes. Certains préfèrent se coller aux valides pour se faire aider. Lorsque tu prends cent handicapés qui se font aider par des valides, ils sont toujours en retard par rapport à ce qui ont accepté leur handicap et qui en sont fiers. Un valide et un handicapé n’ont pas la même vision alors que ton collègue handicapé peut comprendre les problèmes que tu traverses et t’aider. Certains valides font semblant de nous aimer et pourtant, ce n’est pas le cas. Même nos mères font semblant. Celles qui aiment sincèrement leurs enfants handicapés se comptent au bout des doigts. Mais lorsque ta famille s’aperçoit que tu te bats, elle a de l’estime pour toi et t’aime. Dans le cas contraire, lorsque tu es une charge pour eux, ils te donnent par pitié parce que tout simplement ils se sentent responsables de t’avoir mis au monde et parce qu’ils n’ont pas d’autres choix.

ArtBF : Parlez-nous de votre métier ?

CS :  Je fabrique des jouets pour enfants : des marionnettes à main, des lettres de l’alphabet, des livres en bois , des maisonnettes, des figurines en formes d’animaux, de fruits ou de légumes, tout ce qui permet à l’enfant d’apprendre et de s’éveiller. Je les fabrique à partir de matières premières traditionnelles. J’utilise les calebasses, le bogolan, le feu et de la peinture.

ArtBF : A Combien les vendez-vous ?

CS : Les prix varient selon les articles. Les marionnettes sont à partir de 3 000 F CFA et les figurines à partir de 2 000F CFA.

ArtBF : Comment se passe le marché?

CS : Le marché est mou. C’est vrai qu’un artisan doit produire de belles œuvres pour attirer la clientèle mais au Burkina, c’est difficile d’écouler nos produits. Le gouvernement ne nous vient pas en aide. Un artisan a besoin d’un appui malheureusement,  ce gouvernement nous exploite bien plus qu’il nous aide. Il ne nous soutient.

ArtBF : Si le gouvernement ne vous soutient pas, pourquoi a-t-il alors créé le village artisanal?

CS : C’est un lieu reconnu par le gouvernement. Nous vivons dans le village mais nous ne comprenons pas le système mis en place. Nous ne comprenons pas la gestion qui en est faite. Je pense que le village profite de nous au lieu de nous servir. Nous n’arrivons pas à faire de bénéfice avec le système des 10 % de marge et d’autre part, le prix du loyer et des factures sont assez élevées.

ArtBF : Avez- vous des commandes?

CS : C’est une catastrophe, il n’y a pas de tourisme. Les causes de cette mévente étaient au début liées à  la maladie à Virus EBOLA, au départ du président Blaise COMPAORE et enfin le terrorisme. Jusque-là, rien ne va; malgré que nos dirigeants continuent de dire que ça va aller. Nous ne sommes pas des fonctionnaires qui passons au guichet à chaque fin de mois.  Nous nous débrouillons. De nombreux Burkinabé ne connaissent pas la valeur de l’artisanat. C’est véritablement lorsque les étrangers viennent que nous arrivons à vendre; malheureusement il n’y a plus de touristes. Que faire ?

Votre dernier mot ?

CS :  Je souhaite que nos dirigeants veillent sérieusement sur le village artisanal, qu’ils s’en soucient car à la longue le VAO risque de sombrer. Je souhaite aussi que le gouvernement prenne en compte les préoccupations des artisans.

Pour toute commande adressez-vous Clément SARE / Contact : 76 52 31 75, 70 19 49 32

Propos recueillis par Fatim BARRO

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