Edith Bakala/Bouda, Photographe-reporter “Il nous faut des appareils professionnels”

Edith Bakala/Bouda, Photographe-reporter “Il nous faut des appareils professionnels”

Mme Bakala/Bouda Edith est photographe reporter aux Editions Sidwaya. Mariée et mère d’une fille, elle est l’une des rares femmes que l’on aperçoit fréquemment sur le terrain, lors des différentes activités. C’est une femme, à première vue, simple, respectueuse de nature et qui fait son travail avec amour. Des femmes comme elle, il n’y en a pas beaucoup dans ce type de métiers, d’où notre intérêt à la rencontrer afin que vous fassiez de plus amples connaissances.

Edith BAKALA : “Quand on arrive sur le terrain, chacun sait ce qu’il est venu chercher”©ArtistesBF 2018

Artistebf  (ArtBF) : Comment êtes-vous devenue photographe reporter ?

Edith Bakala (E.B ): C’est par amour que je suis devenue photographe reporter aux Editions Sidwaya. Quand je voyais les gens faire des photos, cela me plaisait beaucoup et je me suis dit pourquoi ne pas me lancer dans la photographie. C’est ainsi que je suis allée aux Editions Sidwaya pour faire une demande de stage et, à mon arrivée, je suis tombée sur un directeur général très cool qui m’a tout de suite accepté et, à l’issue du stage, il a tout fait pour me garder dans l’équipe en tant que femme reporter photographe.

ArtBF : La première fois que vous avez touché un appareil photo comment était-ce ?

E.B : J’avoue que la première fois ce n’était pas facile, tout le début d’ailleurs parce que quand on m’envoie à un reportage, je me retrouve devant des gens que je n’avais pas l’habitude de voir. C’est difficile de se tenir devant un public inconnu mais avec le temps, je me suis habitué et là, c’était plus simple.

ArtBF : Avant votre stage aux Editions Sidwaya, aviez-vous déjà touché à un appareil photo dans d’autres circonstances ?

E.B : Non. Ma première fois c’était aux Editions Sidwaya. On avait un chef à la section photo qui s’appelait Félix, c’est lui qui m’a appris à faire la photo.

ArtBF : N’aviez-vous pas auparavant côtoyé des  photographes, des femmes photographes ?

E.B : Non, je n’en avais pas côtoyé.

ArtBF : Votre embauche s’est-elle faite immédiatement après le stage aux Editions Sidwaya ?

E.B : Non, pas immédiatement. J’ai fait trois mois de stage à l’issue desquels je suis repartie. Entre-temps, le DG m’a rappelé et lorsque je suis revenue, j’ai d’abord fait deux ans comme pigiste et c’est à l’issue de ces deux ans que j’ai été intégrée dans la fonction publique.

ArtBF : Pourquoi la photographie et pas un autre métier ?

E.B : C’est simplement par amour que j’ai choisi d’être photographe. Quand je me dis aussi que je dois lutter parmi des hommes pour avoir ma place, pour pouvoir faire de bonnes photos, cela m’enchante vraiment.

ArtBF : N’avez-vous jamais été attirée par aucun autre métier ?

E.B : Non, aucun.

ArtBF : Comment êtes-vous perçue aux yeux de vos collègues hommes ?

Edith BAKALA “C’est simplement par amour que j’ai choisi d’être photographe”

E.B : Il n’y a pas de problème. On s’entend très bien. Quand on arrive sur le terrain, chacun sait ce qu’il est venu chercher et si c’est dans un coin où il y a la bousculade, chacun lutte pour voir ses photos donc moi aussi je lutte comme je peux pour faire mon travail. Mes collègues me favorisent même l’accès parfois.

ArtBF : Quelle a été la réaction de votre de votre conjoint quand vous avez manifesté le désir d’être photographe reporter ?

E.B : Il n’y a pas eu de problèmes. Il m’a même encouragé surtout au moment où j’étais un peu découragé je voulais lâcher prise parce que l’intégration tardait. Il m’a vraiment soutenu pour que j’aille de l’avant.

ArtBF : Et votre fille comment prend-t-elle cela ?

E.B : Ma  fille n’y voit aucun inconvénient.

ArtBF : Comment arrivez-vous à concilier vie professionnelle et vie de famille ?

E.B : Il n’y a pas de problème à ce niveau non plus parce que mon mari me comprend très bien. Quand j’ai une mission à faire où je dois aller très tôt le matin, c’est lui qui vient me déposer et si je finis tard aussi, il vient me chercher. On se comprend très bien. Si j’ai une mission surprise aussi, je l’appelle je lui dis et il n’y a aucun problème.

ArtBF : Vous arrive-t-il de rencontrer des difficultés sur le terrain ?

E.B : Les difficultés ne manquent pas surtout avec l’insécurité qui prévaut en ce moment ; on a peur. Il arrive aussi qu’il y ait de petits couacs entre nous et les agents de sécurité étant donné que chacun d’entre nous veut faire son boulot. Ils sont rigoureux.

ArtBF : Depuis quand faites-vous ce métier ?

E.B : J’ai commencé mon stage à Sidwaya en 1998.

ArtBF : Si c’était à refaire ?

E.B : Je serai encore photographe.

ArtBF : Connaissez-vous d’autres femmes photographes de presse ?

E.B : J’en connais une, Madame Cissé, qui était ma collègue et qui est maintenant à l’AIB.

ArtBF : Est-ce la seule ?

E.B : Oui, c’est la seule.

ArtBF : Que faut-il, selon vous, à une femme pour être une bonne photographe de presse ?

E.B : Ce qu’il faut, c’est un appareil professionnel qui te permette de faire de bonnes photos même étant à une certaine distance. Parfois c’est difficile avec les appareils semi-professionnels que nous avons. En Europe, les photographes ont de très bons appareils avec de très bons zooms et ils peuvent faire des photos de loin.

ArtBF : Peut-on considérer ça comme un appel en l’endroit des patrons de presse ?

E.B : Exactement.

ArtBF : Aux jeunes filles qui aimeraient embrasser la même carrière que vous, quels conseils ?

E.B : Je leur dirai de ne pas avoir peur et de se lancer. Il n’y a pas de différence que l’on soit homme ou femme, ce n’est pas le sexe qui fait le travail.

Propos recueillis par Ashley KABORE

Edith BAKALA, au-delà du métier ou du “gagne -pain “que certaines langues provocatrices pourraient lui prêter, reste tout de même un symbole, le symbole  de la liberté. Aussi, est-il exagéré de dire qu’à travers  Dame BAKALA, le travail ou du moins,  l’emploi a perdu définitivement son sexe.

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