Filippe SAVADOGO, Ministre de la Culture

Filippe SAVADOGO, Ministre de la Culture

A la faveur de la tenue de la 21ème édition du FESPACO, Atistebf a rencontré le Ministre de la Culture, du tourisme et de la communication. C’est dans une ambiance bon enfant, avec un style naturel et décontracté que le Ministre Filippe SAVADOGO s’est entretenu avec les membres de Artistebf. Dès l’accueil, le Ministre SAVADOGO a engagé avec perfection la conversation en langue nationale Gulmantchema qu’il a appris depuis son enfance, une révélation des capacités du Ministre SAVADOGO et qui atteste combien la maîtrise de la langue d’autrui est importante pour lui.
La suite de l’entretien qui a porté sur le FESPACO, la vision et les ambitions du Ministre SAVADOGO sur le cinéma africain vous est relaté ci-dessous.


Atistebf (A) : Monsieur le Ministre, vous avez été Délégué Général du FESPACO, ambassadeur et présentement vous êtes Ministre de la Culture, du tourisme et de la communication. A quel poste vous vous êtes senti le mieux ?

Filippe SAVADOGO (F.S) : Merci d’avoir entrepris cet entretien avec moi. A mon avis, un fonctionnaire est toujours en mission si bien qu’il ne choisi pas d’aller où il veut. Il est placé à un poste parce qu’à un moment donné, on pense qu’il peut faire le travail. C’est pourquoi je parle de mission plutôt que de choix.

A : Le FESPACO se déroulera dans les prochains jours et on célèbrera les 40 ans de cette manifestation. Pensez-vous que ce festival a pu revernir le visage de l’Afrique jadis présenté par la presse occidentale comme le continent de tous les maux ?

F.S : Si le FESPACO a 40 ans, c’est certainement une consolidation qui lui donne aujourd’hui cet âge adulte. Ça veut dire qu’il est passé par toutes les tranches d’âge et que le chemin parcouru est déjà important. En même temps, le FESPACO a révélé à la face du monde, la nécessité de faire de la culture un adjuvent du développement. Pour nous, la culture est donc au début et à la fin du développement. Vu ce que le FESPACO a toujours pu offrir au monde, c’est-à-dire le 7è art et tous les autres arts connexes, nous pouvons dire qu’il a changé le visage culturel de l’Afrique et naturellement du Burkina.

A : Comment appréciez-vous le paysage culturel actuel du Burkina Faso ?

F.S : Le paysage culturel burkinabé est en effervescence et nous pouvons même parler de l’âge d’or de ce paysage. Ce qu’on dit du Burkina Faso, mais ce n’est pas nous qui le disons, c’est que notre pays est la capitale de la culture africaine. Grâce à une bonne organisation, grâce à une bonne tenue des associations de type loi 1901, c’est-à-dire des associations privées et surtout, grâce au rôle que l’Etat a toujours joué qui est celui d’accompagner dans la discrétion. Aujourd’hui, tous les arts s’expriment au Burkina et je crois que ce fait a été favorisé par la liberté, la stabilité, la paix que nous avons dans notre pays et surtout le rôle de carrefour que le Burkina a toujours joué depuis la nuit des temps. Nous sommes en plein cœur de l’Afrique de l’ouest et les grands chemins des caravanes se sont toujours croisés entre le nord et la côte en passant par le Burkina. Notre pays est donc un pays ouvert, un pays de carrefour et d’identité et un pays tolérant. Je crois que cela ne peut qu’être favorable à l’éclosion culturelle.

A : Monsieur le ministre, les artistes souhaitent disposer d’un statut. C’est du moins le souhait exprimé par 99.999 % des personnes interviewés. Quel est votre avis ?

F.S : Je voudrais rassurer tout le monde que la quête de l’excellence est l’objectif que les ministères recherchent. Je lis les informations sur votre site, et je vous en félicite parce qu’aujourd’hui, c’est des débats qu’apparaît la clarté. Mais il faut retenir que la question de statut des artistes est une longue quête. Vous avez vu comment la convention collective a mis du temps parce que la maturation, les accords et les débats doivent se faire avec beaucoup, de réalisme.

Certes, nous avons inscrit le statut des artistes sur les missions de notre département. Je puis vous assurer que les débats ont commencé, les rendez-vous aussi. Mais vous devez comprendre que ce n’est pas quelque chose qu’on doit instaurer par décret, ce n’est pas quelque chose qu’on doit faire et qui ne soit pas profitable aux premiers bénéficiaires. C’est quelque chose que nous devons discuter en tenant compte des us et coutumes mais aussi, des difficultés.
Le statut des artistes est en bonne voie mais ne disons pas que c’est pour demain matin parce que cela nécessite encore des rencontres, des débats, des forums, comme nous l’avons déjà fait à Lango et comme nous allons continuer à le faire. Nous sommes donc dans ces 99.999 % des gens qui veulent du statut des artistes parce que c’est d’abord donner un sens au travail de ces artistes que nous respectons. S’ils ont un ministère qui est celui de la culture, c’est dire que l’Etat est déjà préoccupé par le devenir des artistes. Travaillons alors ensemble, mettons nos énergies en commun pour atteindre nos objectifs.

A : Monsieur le Ministre, dans le cadre de la promotion de notre musique, les ambassades du Burkina à l’étranger ne pourraient-elles pas servir de canaux pour promouvoir notre musique ? Par exemple, une journée culturelle au niveau des ambassades pourrait être une opportunité diffuser seulement de la musique burkinabé ou inviter des artistes musiciens. Qu’en pensez-vous ?

F.S : Pour avoir été moi-même quelques années dans une ambassade qui est celle de Paris, j’affirme que votre idée est intéressante. Pendant 11 ans, nous avons eu un programme culturel et artistique tels que des projections de cinéma, la danse, le théâtre, les débats… et je sais que nous n’étions pas la seule ambassade à le faire. Nous avions les autres ambassades du Burkina qui organisaient des semaines culturelles, des manifestations pour montrer les facettes culturelles de notre pays. Le Burkina étant un pays de culture, tout ambassadeur emporte avec lui un pan de cette culture.

Mais il ne faut pas non plus se voiler la face. Les activités culturelles coûtent chères parce que souvent le volet transport, le volet séjour est très lourd. Dans la plupart des pays amis du Burkina, dans la coopération avec le Burkina, il y a toujours un volet culturel. C’est dire que l’Etat prend en compte ce facteur fondamental qui doit apporter plus de connaissances, plus de relations d’amitié, entre les peuples.

En fait cette quête est déjà prise en compte puisque que nous avons même des conseillers culturels dont le rôle est justement d’apporter une plus value.

A : A l’instar des prix GALIAN, sur notre site web, nous souhaitons avoir périodiquement un hall d’honneur dédié à celui qui aurait le plus contribué au développement de l’industrie cinématographique du Burkina. Aussi, avons-nous inséré la rubrique « jeux » pour inciter la petite enfance à s’intéresser aux artistes et à leurs œuvres. Nous souhaitons vivement que le ministère de la culture parraine ces deux activités. Qu’en dites-vous ?

F.S : Puisque je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants, nous pourrions en reparler plus tard. Mais je pense que c’est pertinent d’avoir mis la rubrique « jeux » qui montre que pour faire des hommes qui aiment leur pays et leur culture, il faut commencer avec les enfants, car les enfants et les jeunes sont des hommes et les femmes en devenir. Nous ne pouvons qu’apprécier favorablement votre idée.

Mais, puisqu’il s’agit du site où vous passez les meilleures informations possibles, je dirai que le palmarès du FESPACO devrait être éloquent et devrait vous permettre d’alimenter le site.

Dans tous les cas, je vous encourage. Vous faites un projet qui est collé à la réalité de votre époque, de notre époque et nous ne pouvons que vous encourager parce que vous participer à la vie culturelle de notre pays à travers la toile.

Artistebf, février 2009

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