Formation : l’INAFAC , une porte ouverte sur le monde des Arts

Formation : l’INAFAC , une porte ouverte sur le monde des Arts

L’Institut National de Formation Artistique et Culturelle (INAFAC) crée en 1985 appelée autrefois, Academy Populaire des Arts, est dirigé depuis juin 2016 par le conseiller des affaires culturelles et professeur de Musique, Abraham Abassague. Il explique à travers cette interview comment fonctionne cette école.

Le directeur de l’INAFAC, Abraham Abassague : « Notre objectif, c’est de populariser l’art ».

Abraham Abassague, Directeur de l’Institut national de formation Artistique : « L’art c’est comme un champ qu’on met de l’engrais, tout ce qui est planté dessus croitra et d’une meilleure manière »

Artistes.bf : Qu’est-ce qui a soutenue l’idée de création d’un Institut professionnel de formation au Burkina Faso ?

Abraham Abassague : L’école a été créée pour être la réponse du gouvernement au besoin de formation artistique et culturelle, parce que les artistes à son temps, avant les Etats généraux en 2001 ont été écartés. Et il fallait forcement un endroit pour les former. Il y a des écoles de formation pour l’agriculture, l’élevage, la mécanique, et les autres activités. Au Burkina Faso, pour les Arts et la culture, il n’y avait pas une structure formelle à part les privés. C’est pourquoi, L’Etat a demandé qu’on mette en place une structure pour répondre à ce besoin de formation artistique. En même temps, je puis dire que c’est une porte ouverte sur le monde des Arts, accessible à la population. Notre objectif, c’est de populariser les Arts.

Artistes.bf : Quelles sont les disciplines enseignées

(A.A ): L’INAFAC forme dans 4 départements, mais il y a trois qui sont fonctionnels présentement. Il s’agit du département de la musique, des arts plastiques, de la danse et du théâtre. Tout ce qui est peinture, dessin, calligraphe, tableau, caricature, bande dessinée, la sculpture, la peinture, le modelage…

 Artistes.bf : Quelle catégorie de personnes formez-vous ?

A.A. : Nous formons tout le monde. Nous formons également ceux qui ont un handicap (visuel, auditif, physique). Nous formons des gens qui n’ont pas un  mot de français. La logique justement de l’Institut, c’est que si quelqu’un est déjà rejeté par le système éducatif classique, qu’il puisse trouver sa place chez nous. En d’autres termes, nous faisons de la place à tout le monde. Je peux noter également qu’il y a des gens qui viennent se former pour leur propre plaisir. Nous avons également des élèves de six nationalités qui sont inscris à distance pour suivre les cours

Artistes.bf  : Ces personnes formées ont-elles un suivi après l’obtention de leurs diplômes ?

A.A : Nous avons beaucoup de jeunes formés dans notre Institut qui sont aujourd’hui des artistes (danseurs, comédiens, batteurs, plasticiens…) Beaucoup ont ouvert leurs structures ou leurs ateliers. C’est vraiment un métier qui s’emploie facilement. J’ai même fais un titre avec un de mes élèves que que j’ai enregistré en studio. Pour revenir à votre question, nous aurions voulu faire un suivi de tous ceux qui sortent dans notre école, mais cela demande un Fonds et nous ne l’avons pas à notre disposition.

Artistes.bf  : Combien d’ élèves sortent chaque année dans votre Institut?

A.A : Sur la ligne de ce que nous appelons pensionnaires, il y a une douzaine d’élèves sortant chaque année.

 Artistes.bf  : Quelles sont les difficultés rencontrées ?

A.A : Les difficultés rencontrées sont d’ordres financiers. Je peux dire que la formation artistique coute très cher. On ne peut pas former un élève en guitare sans une guitare, pourtant celle-ci coute chère et ne tarde pas à se gâter et il faut la réparer. La guitare par exemple est plus chère qu’un ordinateur. En apprenant les cordes, il faut que ca se casse. S’il arrive qu’elles tombent et se brisent, il faut changer de guitare. Le piano également coute cher. C’est pourquoi, il n’y n’a pas beaucoup d’écoles pour ces genres de formations. Il y a des structures qui forment mais pas une école en bonne et du forme. L’autre difficulté, est le manque d’infrastructures adéquates pour garder soigneusement le matériel. Et là, le ministre vient de lancer la construction d’un bâtiment R plus. Nous espérons que ça vienne vite car il va décongestionner les choses. Nous pouvons citer aussi les difficultés organisationnelles. Nos besoins ne ressemblent pas aux autres. Puisque nous sommes rattachés au ministère; quand il y a des fournitures à acheter, personne ne pense aux instruments de musique par exemple. Nous aurons souhaité travailler de façon à pouvoir nous acheter nos matériels. Fonctionner par exemple comme le CENASA

 Artistes.bf : Vous faitse partie de l’équipe du jury de Faso Academy. Comment trouvez-vous le niveau des candidats ?

Ca dépend des années et des promotions. Il y a des années ou nous avons de très bons candidats, d’autres années ou le niveau laisse à désirer. Le tout ne réside pas dans les candidats. Tout part du casting. C’est dans le casting qu’on trouve la bonne graine. Si vous prenez les 30 candidats de départ, vous ne pourrez avoir que 2 ou 3 bons candidats. Par malchance, ils peuvent tomber en route, parce qu’ils ne peuvent pas être bons partout. En la matière, c’est tout un ensemble. Le problème est  comment transmettre le message. Quand vous prenez Bob Marley qui chante le reggae et vous lui dites  de chanter le Zoug, il ne pourra pas; mais il est très bon ! on est d’accord.

Une œuvre inachevée (nature morte) d’un élève de l’INAFAC.

La 2e chose est le choix du morceau à interpréter. Si le candidat choisi un morceau difficile à interpréter, il va de soi qu’il ait des difficultés. Il y a aussi le fait que nous sommes encore beaucoup dans le Play back. L’année dernière, nous avons fait intervenir le live à partir du quart de final, c’est quelque chose qui est en encourager parce que le musicien aime sentir son monde. Cette initiative est a saluée, parce que ca nous ramène les enfants.  Dans le cas contraire ils vont se perdre culturellement s’ils continuent  d’écouter ailleurs, et à regarder qu’ailleurs.

Artistes.bf  : Il y a eu des candidats à la finale qui ont composé leur propre chanson, est-ce à dire que Faso Academy est une école ?

A.A : La composition est un cours à part qui s’étend sur 3 ans. La composition, c’est exactement comme concevoir et mettre au monde un enfant, l’éduquer jusqu’à ce qu’il soit adolescent. Un enfant qui n’est pas bien éduqué, cela va se sentir dans son comportement. C’est la même chose pour un morceau qui est mal composé. Tout est dans la composition, si elle est ratée, même si vous enregistré dans le plus grand studio, vous aurez le plus grand morceau à brandir, mais il va mourir tout de suite. C’est pourquoi il y a des tubes qui font du bruit juste pour quelque temps et on n’entend plus parler. Il y a d’autres morceaux qui durent des dizaines et des dizaines d’années et qui donnent toujours envie d’écouter. La plus grande partie, c’est l’écriture du texte et cela peut prendre du temps. D’autres peuvent prendre 3 mois pour écrire un texte. A la question de savoir si Faso Academy est une école, je dirai oui et même une très bonne école non seulement pour ceux qui y prennent part et également, pour d’autres qui suivent l’émission, car ils témoignent prendre des notes à travers les remarques faites par les membres du jury.

 Artistes.bf : Un mot à l’endroit du public

A.A. Les vacances tirent à leur fin, j’invite les parents à venir inscrire leurs enfants car l’art,  c’est la meilleure partie de la vie de l’homme pour donner plus de résultats. En Suisse, par exemple, l’Art est obligatoire. Ce n’est pas un décret, il est dans la constitution. Vous savez, nous sommes tous artistes. D’autres, c’est dans la cuisine, certains dans l’habillement, C’est ce côté artiste qu’on partage avec les autres. Ici beaucoup de parents pensent que si leurs enfants font de l’Art plastique par exemple, c’est pour devenir artiste dans le sens qu’on connait. Je dis non, parce que c’est pour épanouir l’enfant, le contact avec l’Art donne de la confiance à l’enfant. Les enfants qui ont des difficultés pour s’épanouir, il faut les amener. Tu ne peux pas danser seule. Il faut quelqu’un pour dire, 1, 2, gauche, droite, etc. ça cultive la confiance, le travail d’équipe, et l’esprit d’initiative. L’Art, c’est comme un champ qu’on met de l’engrais, tout ce que tu planteras dessus va croitre et d’une meilleure manière.

M.E.K

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