Joseph SALAMBERE dit SALAMBO, artiste musicien

Joseph SALAMBERE dit SALAMBO, artiste musicien

“L’homme du peuple, pour le peuple avec la Guitare du Peuple” tel est le slogan par lequel cet artiste burkinabé s’identifie à ses fans pendant ses spectacles.C’est un artiste dont la renommée s’est principalement construite à l’intérieur du Burkina à travers sa belle voix, ses textes et ses thèmes. Agent Technique d’Agriculture Spécialisé, notre invité fait partie de la génération des artistes de la trame de Georges OUEDRAOGO, Jean-Claude BAMOGO, OUEDRAOGO Maurice et les “Mauricettes” et Cissé Abdoulaye. Il a servi pendant quatre ans comme Préfet, 3 ans au Conseil Économique et Social et depuis quelques années, il est Ambassadeur de la Paix. A ce jour, il compte deux 45 tours, un 33 tours, deux cassettes et 02 CD en 50 ans de carrière musicale; une moisson apparemment peu abondante.
“Moments historique de la Haute-Volta”, “Bayiiri YA NOOGO”, “train vient, vous vient” sont autant de titres de ses chansons qui ne laissent pas de doute quant à son caractère d’artiste intègre et engagé.
Joseph SALAMBERE alias SALAMBO comme vous l’avez si bien deviné, figure parmi les pionniers de la musique de la Haute Volta d’antan et du Burkina Faso d’aujourd’hui. Avec ses compagnons, il a marqué d’une pierre blanche la culture burkinabé; ce qui lui a valu la reconnaissance de la Nation burkinabé à travers plusieurs distinctions honorifiques.
A l’heure où certains de ses compagnons fêtent leurs 40 ans de musique, Joseph SALAMBRE lui, à 50 ans de carrière musicale se remet toujours à Dieu car dit-il, ” demain appartient à Dieu”.
Vivement donc que ce jour vienne et que toutes les bonnes volontés s’y impliquent …
En attendant, le doyen des artistes musiciens apprécie l’évolution de la musique au Burkina. Il est marié, père de 07 enfants dont 05 filles et 02 garçons.

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Joseph SALAMBERE (J.S.) : Je suis SALAMBERE Joseph alias SALAMBO, l’homme du peuple.Je suis Agent Technique d’Agriculture Spécialisé principal (ATAS) en retraite. De classe exceptionnelle, Chevalier de l’Ordre du Développement Rural, je suis également Officier des Arts le 21 décembre 2012 avec un KOUNDE d’honneur obtenu en 2006. Mais puisque dans une carrière musicale, il n’y a pas de retraite, je continue de chanter pour donner la joie. J’ai présentement en projet un nouvel album de 09 titres que j’ai intitulé “SAGESSE”.A ce jour, j’ai produit deux 45 tours, un 33 tours, deux cassettes et 02 CD
Artistebf (ART.) : Quels sont les artistes de votre génération ?
J.S.:Je citerai entre autre Georges OUEDRAOGO le GANDAOGO NATIONAL et Jean-Claude BAMOGO dit Man qui Ne sont plus, que la terre leur soit légère. Je citerai aussi l’Empereur BISSONGO qui est à Fada, CISSE Abdoulaye, Issouf COMPAORE. OUEDRAOGO Maurice et les “Mauricettes”( Mauricequi a été nommé chef de village il n’y a pas longtemps; je profite lui présenter toutes mes félicitations). Les orchestres de notre génération étaient les” SUPER VOLTA”, de Désir et les Sympathiques, SUPREME KOMBEMBA de Thomas TIENDREBEOGO; l’harmonie de Maurice SIMPORE et de TABSOBA Henri. Ils ont tous marqué d’une pierre blanche la culture burkinabé. Je souhaite à tous ceux qui ne sont plus que la terre leur soit légère et longue vie à nous qui sommes là, que nous soyons toujours dans le combat parce que la musique n’a pas d’âge. C’est Dieu qui nous a faits musiciens, nous en sommes fiers. Mieux vaut être musicien que voleur.

ART. : En ces temps d’effervescence politique, la jeune génération d’artistes toutes catégories confondues à travers des compositions, des créations et des films appellent le peuple burkinabé à la paix. Mais jusqu’ici, la vieille génération ne s’y mêle pas; quelle est votre explication ?
J.S.: Nous avons déjà chanté la paix et invité à la paix depuis la Haute-Volta; nous n’avons jamais fait nos œuvres sans parler de paix. La preuve est que les autorités de l’époque nous ont écoutés et jusque-là, la paix est là. Pour ce qui est maintenant de l’effervescence politique actuelle au niveau de notre pays, je souhaite ardemment que chacun fasse preuve de bon sens pour ne pas perturber cette paix qui existait depuis la Haute-Volta jusqu’à nos jours. Dieu aime notre pays. Même à l’époque précoloniale où il y avait les grands conquérants, personne n’a jamais pu troubler cette quiétude. Il y avait certes des problèmes au niveau de la chefferie mais c’était dans des cadres très restreints. Je reste donc convaincu que les autorités actuelles feront preuve de bon sens, de patriotisme, de sagesse pour ne pas perturber cette belle paix que nous ont laissé Dieu et nos ancêtres. Quant à chanter pour la paix, nous l’avons toujours fait avant que ces jeunes ne naissent. Nous avons toujours chanté la paix avecL’HARMONIE VOLTAIQUE, le SUPREME KOMBEMBA et l’orchestre de Tenkodogo. C’est nous qui avons montré aux artistes de la génération actuelle les bienfaits de la paix. Alors s’ils chantent la paix aujourd’hui, ils ne reprennent donc que nos pas.

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ART. : Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre métier?
J.S.: Les organiseurs de spectacles au Burkina sont de bonne foi et pour ça, nous leur faisons confiance; mais il y a des problèmes. A regarder de près, ils semblent privilégier les artistes de l’extérieur au détriment des artistes nationaux. C’est un problème et un manque de bon sens à mon avis.
Lorsqu’il y a des manifestations officielles au Burkina, on fait venir les chanteurs d’ailleurs à 05 millions, 10 millions tandis que nos chanteurs sont payés à 50 000, 100 000, 200 000;c’est de la trahison et c’est même déplorable comme situation. Il y a des manifestations officielles dans les autres pays africains mais c’est rare qu’ils invitent les artistes burkinabé parce qu’ils ont compris la charité bien ordonnée qui consiste à penser d’abord à soi avant de penser aux autres. C’est le cas par exemple du FESPACO et du SIAO où pendant qu’on nous prenait à 25 000 ou à 50 000 frs, on faisait venir des artistes de l’extérieur à 3 ou à 5 millions de francs. Ce n’est pas juste nipatriotique. Mais tant que ce sera ainsi, la musique burkinabé aura du mal à exister. Nos artistes musiciens, au lieu de travailler les rythmesdu terroir, seront plutôt tentés comme le font les autres à copier et à imiter.

ART. : Georges OUEDRAOGO et CISSE Abdoulaye ont tous fêté leur 40ème anniversaire à Ouaga 2000. A quand la célébration de vos 50 ans de musique?
J.S.: Tout est dans les mains de Dieu; demain appartient à Dieu.Georges OUEDRAOGO et CISSE Abdoulaye ont fêté leur 40ème anniversaire; ils sont deux sur combien d’artistes de notre génération ? Nous sommes combien? Nous pouvons fêter le 40ème ou le 50e, mais comme je le dis, l’avenir appartient à Dieu.

ART. : Quelle appréciation faites-vous de notre musique actuellement?
J.S.: Notre musique actuellement progresse et je suis content; ce qui est à déplorer,c’est le plagiat. Notre musique a tendance à plagier les autres musiques; on imite les étrangers parce qu’on a tout fait pour nous prouver que ce sont ces musiques qui sont les meilleures. Mais quand vous imitez quelqu’un c’est que vous convenez qu’il est meilleur que vous. S’il était moins que vous, vous ne l’auriez pas imité. Cependant, il y en a qui se battent pour imposer notre culture à l’extérieur; ce qui très appréciable. Si le plagiat était bien surveillé au Burkina Faso, beaucoup allaient avoir des amendes à payer ou être en tôles parce qu’ils s’appuient sur l’intelligence des autres pour se prévaloir. La chanson en ZOORE de FINFU est fantastique, celle de Awa NADIA avec DICKO & FILS est très bien, la musique purement peulh que j’ai chantée, “PEND OLLOR”, le WARBA de Georges OUEDRAOGO et de l’harmonie burkinabé sont super. En France, il y a la musique française, aux Etats-Unis, la musique américaine, en Chine, la musique chinoise et pourquoi au Burkina Faso, nous n’allons pas lutter pour imposer la musique burkinabé? C’est sur cette question qu’il faudrait que les autorités se penchent pour mettre l’accent sur ceux qui travaillent sur la musique de notre terroir.

ART. : Un journaliste aurait dit que la langue mooré n’est pas commerciable. Qu’en pensez-vous?
J.S.: C’est plutôt ce journaliste qui manque de patriotisme; sinon la langue mooré est commerciable. Je me rappelle que j’ai été reçu à la télé ivoirienne avec Théo Blaise et un autre chanteur ivoirien. Nous chantions déjà en mooré et c’était bien accepté par tout le monde et on disait que ce sont les langues ivoiriennes qui étaient plutôt difficiles à chanter.Mais il y a Ernesto DjéDjé qui a fait les premières chansons en langue ivoiriennes et qui ont été très appréciées. Il n’y a pas cette langue qui ne peut pas se chanter, qui ne peut pas se moderniser, s’améliorer pour être aimée des autres.

ART. : Quel est votre dernier mot?
J.S.:Je veux d’abord dire merci à vous les hommes de médias. Une chose est irréfutable: sans la presse, il n’y a pas d’artistes; c’est vous qui contribuez à notre connaissance nationale et internationale. Deuxièmement, je veux remercier vos responsables parce que ce sont leurs initiatives qui viennent à nous et qui nous font découvrir. Troisièmement, je veux féliciter les autorités qui luttent pour nous soutenir mais je leur demande de nous encourager plus, de faire en sorte que l’artiste burkinabé devienne courageux, qu’on le déshabille de son complexe parce que le complexe assassine dans les tous les domaines: culturel, sportif, économique ou politique. Un homme décomplexé est un homme qui est appelé à réussir. C’est pour cela que je demande aux autorités de lutter pour que les artistes burkinabé se débarrassent de leur complexe. Les étalons décomplexés ont failli jouer la coupe du monde. De même, l’artiste burkinabé décomplexé sera également “dangereux”. Il pourra imposer les cultures de son peuple. Nous sommes 67 ethnies au Burkina et chaque ethnie a une belle musique qui mérite d’être modernisée. Il y en a qui ont modernisé la musique bissa, gourmantché, peulh et c’était formidable.

Artistebf
Juillet 2014

Voir son clip : “Pendo OLLO” https://www.youtube.com/embed/i7c4ocnzfxc?feature=player_detailpage

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