Loropéni sur les traces de BIBRACTE en France

Loropéni sur les traces de BIBRACTE en France

Le Burkina Faso culturel est à l’honneur depuis le mois d’avril 2016 à Bibracte en France, et ce jusqu’au mois de novembre. Une exposition temporaire dénommée “Un âge du fer africain” s’y tient, montée avec le concours de l’archéologue Lassina Simporé. Le Ministre de la culture Tahirou Barry, accompagné d’une forte délégation de l’ambassade du Burkina Faso à Paris, était à Bibracte du 13 au 16 juillet dernier.


Juchée au sommet du mont Beuvray, presque nulle part dans cette région de Bourgogne, Bibracte est le cœur multiséculaire de l’Europe. Bibracte est fondée à la fin du IIe siècle avant J.-C. par le peuple éduen qui en fait sa capitale.
Bibracte eut une brève existence. A son apogée, vers 20 avant J.-C., on estime que le nombre d’habitants était situé entre 5 000 et 10 000. La ville se vide complètement à la charnière du 1er siècle avant et du 1er siècle après J.-C, pour être progressivement couverte par la forêt.
En 1984, un vaste programme de recherches, conçu en collaboration avec des chercheurs de l’Europe entière, est mis en place sous l’impulsion du Président de la République François Mitterrand. Ce programme s’accompagne de la construction d’un centre de recherches qui accueille en moyenne 300 chercheurs et étudiants par an, et d’un musée qui, lui, reçoit quelque 45 000 visiteurs à l’année, tandis que le site des fouilles en accueille 80 000.
Lieu de rencontre pour les archéologues spécialistes de l’Europe celtique depuis sa création, l’établissement public de Bibracte développe une politique d’ouverture sur d’autres horizons. C’est ainsi, que l’accueil en 2011 de l’archéologue burkinabè Lassina Simporé, responsable du patrimoine culturel immobilier du ministère et chercheur au laboratoire d’archéologie, d’histoire de l’art et des techniques de l’université de Ouagadougou, s’est prolongé par la participation de Bibracte à la réflexion sur la mise en valeur et la préservation des sites archéologiques burkinabè.
De là naitra l’exposition temporaire, consacrée à l’histoire et aux techniques africaines de production du fer, intitulée “Un âge du fer africain”, conçue en collaboration avec le ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso, l’université de Ouagadougou, l’université de Fribourg en Suisse et le Laboratoire Traces de l’université de Toulouse en France. L’exposition sera présentée en 2017 au musée national du Burkina Faso, avant de circuler dans d’autres musées et pays d’Afrique de l’Ouest. Elle accorde une place de choix au site de Korsimoro, qui s’étend sur plusieurs kilomètres de long et compte à lui seul des centaines de bases de fourneaux et des milliers de m3 de scories, attribués à pas moins de quatre technologies différentes, qui se succédèrent entre le VIIe et le XVIIe siècle.
Un patrimoine à préserver
Sous la figure bien connue du forgeron africain, se cache celle du métallurgiste qui extrait le métal du sein de la terre.
Depuis 30 ans, les travaux des archéologues mettent en évidence l’ancienneté, mais aussi l’ampleur de cette production du fer, à l’époque où se structurent les premiers grands empires africains. Au Burkina Faso, toute une génération de scientifiques se consacre à l’étude et à la préservation de ces sites.
Mais en même temps, se pose la problématique de la sauvegarde de ce patrimoine physique et culturel. En effet, sur le terrain, l’action de l’homme, conjuguée aussi aux effets de la nature, se révèle un élément destructeur, car les fourneaux sont construits en argile et s’érodent donc au fil des ans.
Fort heureusement, des efforts sont entrepris par les communautés. A la tête de l’Association Passaté, Jacob Bamogo porteur du festival Wedbindé de Kaya, mais aussi du musée consacré aux pratiques métallurgiques ancestrales de la région, qui a accueilli des archéologues de Bibracte en 2014, est au regret que le festival, programmé cette saison à Bibracte, en marge de l’exposition, n’ait pu se tenir. En effet, les quelque 14 membres de sa troupe n’ont pu faire le déplacement de la France, pour des raisons diverses, dont notamment la question des visas. Mais qu’à cela ne tienne, l’exposition “Un âge du fer africain” devrait contribuer à mobiliser les bonnes volontés pour sauvegarder les sites de Korsimoro. “L’Etat doit nous aider à trouver des partenaires, cela fait des années que nous nous battons, autour de ce musée des fourneaux de Kaya”, lance-t-il, songeur.
Avec Bibracte, un pont est dressé que le Burkina Faso devrait entretenir. “Nos ancêtres les Gaulois” représentés par les emblématiques Astérix et Obélix dans la bande dessinée, vivaient ici, et les recherches archéologiques qui y sont faites aujourd’hui peuvent être profitables pour notre pays. Sur le plan scientifique, la métallurgie était tout aussi importante à Bibracte qu’en Afrique, comme à Loropéni. “La métallurgie a permis à Bibracte d’être un centre important, et la métallurgie a permis à des cités africaines d’être des puissances”, note Lassina Simporé, qui souhaite que la collaboration scientifique se renforce davantage, rassuré en cela par le Directeur général de l’établissement public de coopération culturelle que constitue Bibracte, Vincent Guichard. Le Festival Wedbindé de Bibracte qui n’a pu se tenir, faute d’artistes, sera reconduit, et tout sera mis en œuvre pour cela, affirme-t-il. En attendant, des artistes burkinabè résidant en France ont été sollicités au pied levé, pour meubler les 4 journées qui étaient au programme du festival.
Les politiques sont interpelés pour soutenir la culture et les autorités burkinabè, prenant exemple sur l’élection de Loropeni au patrimoine de l’UNESCO, travaillent à inscrire le musée du fer de Kaya et les sites de Korsimoro. Mieux, “Loropeni doit être suffisamment aménagé pour recevoir les touristes de tous horizons. Loropéni doit se doter d’un centre archéologique et d’un musée pour permettre de mieux comprendre et de mieux percer le mystère de ce site”, dira le Ministre Tahirou Barry, certainement impressionné par ce qu’il a vu de Bibracte, tant sur le plan physique que sur le plan organisationnel et de gestion.
R. A. BAMBARA, AmbabfParis
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Images de la visites guidée

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