Mariage en pays gourmantché avec Adjima THIOMBIANO

Mariage en pays gourmantché avec Adjima THIOMBIANO

Le Burkina Faso compte une soixantaine d’ethnies. Cette semaine, nous nous sommes intéressés au mariage Gourmantché, une ethnie vivant à l’Est du Burkina Faso, à la frontière du Niger. Le mariage en pays gourmantché est généralement familial mais il a longtemps été fait sous de « kinapping ».
Adjima Raphaël THIOMBIANO originaire du GULMU et précisément de Fada N’Gourma nous en parle.

Je suis ressortissant du Gulmu dans la région de l’Est du Burkina et plus précisément de Fada N’gourma . Je suis Ingénieur en génie civil, géo- technicien à la retraite. A Fada, on retrouve principalement les familles THIOMBIANO, Ouôba, TANKOANO, NASOURI et les COMBARY.
Le mariage est la source fondamentale de toute société; même dans les sociétés primitives, il existait les mariages. Chez les Gourmantché, dans notre région précisément et de ce que je tiens des échanges avec les aînés, le mariage était pratiquement sous forme de dotation; c’est-à-dire, des mariages familiaux. De la génération de mes parents, il y avait des hommes qui mouraient même sans avoir de femmes parce qu’il y avait plus d’hommes que de femmes à l’exception des princes qui eux, ne pouvaient pas en manquer.
Alors, pour qu’un homme puisse d’abord se marier, il faut qu’il soit circoncis. C’est en ce moment seulement qu’on l’intègre dans le rang des hommes.
Il y a donc plusieurs types de mariage familiaux. La première forme consiste à ce que le père donne son fils ou sa fille en mariage à l’un de ses amis. Dans ce cas de figure, on a l’impression qu’il n’y a pas de dot en tant que tel et seul le garçon est informé. La fille s’en rendra compte plus tard à force d’observer un jeune homme accomplir certaines tâches ou poser certains actes pour ses parents ( les futurs beaux-parents) . Le futur gendre va régulièrement cultiver le champ de son beau-père ou celui de sa belle-mère, il leur apporte de la viande pour les repas. Il va répéter ces gestes aussi longtemps que possible parce qu’on peut lui avoir donné la fille dès la naissance et c’est cela qui fait parfois que les filles se mariaient très jeunes avec de vieux garçons.
Qu’est-ce que le futur gendre apporte en guise de dot ?
La première forme de mariage : le “LE KINAPPING”
On ne demande pas au futur gendre d’apporter quelque chose de spécifique. Le jour du mariage, la fille n’est pas informée comme je vous le disais tantôt. On prévient simplement le garçon de se préparer pour aller chercher sa femme. Alors, c’est lors d’une de ses visites qu’il demandera un jour à la fille de l’accompagner. Cette dernière, sans aucune arrière-pensée va s’exécuter. C’est là qu’intervient le « kinapping » par des hommes que le garçon avait pris soin de placer dans les environs. La fille aura beau crier ou pleurer, personne n’interviendra car tout le monde sait ce qui se passe. Le lendemain, le garçon envoie une délégation pour dire qu’il a pris sa femme ; pour revendiquer l’enlèvement.
 La deuxième forme est le cas où une tante qui s’est mariée dans un village voisin. S’il se trouve qu’elle a un neveu ou un frère qui n’a pas de femme, cette dernière va négocier une fille dans son entourage en vue de la proposer en mariage à son neveu. Lorsqu’il y a entente, le frère est prévenu et il commence à préparer sa dot qui peut être sous forme de dons, de travail gratuit qu’il effectuera en belle-famille jusqu’au jour du mariage.
Enfin, la troisième forme de mariage ( proscrite) est celle qui consiste à forcer une fille en mariage avec un vieux. Là, comme il s’agit d’un mariage forcé, la fille va s’accrocher à tout prix avec un jeune homme de son gout. Si l’amour est réciproque, ils vont s’arranger et s’enfuir du village.
De nos jours, le mariage GOURMANTCHE a été altéré parce qu’on a voulu combiner des choses qui n’existaient pas.
La composition de la dot
Aujourd’hui, on voit ce qui se passe. Quand deux jeunes s’aiment, ils vont voir le papa pour prévenir qu’ils veulent faire leurs fiançailles. Le père vous indique un oncle qui est mieux placé pour gérer la situation. C’est ce dernier qui leur dira ce qu’il faut apprêter pour les fiançailles.
Chez nous par exemple, il faut apporter la cola, la boisson et de l’argent symbolique. 120f ou 240fcfa; c’est le minimum exigé. Mais hélas ! Cela n’est plus respecté. Parce qu’il n’est pas rare d’entendre certaines familles réclamer un boubou pour le père et un pagne pour la mère.
Qu’est-ce que la fille apporte réellement chez l’homme dans son panier?
C’est surtout les ustensiles de cuisine; c’est le plus important. C’est pourquoi lors d’une dispute, si un homme arrache la marmite de sa femme et la jette dehors, c’est le divorce consommé, ils ne peuvent plus vivre ensemble. S’ils s’amusent à vivre ensemble, il y a un qui va “partir” (décès). Pour qu’ils puissent revivre ensemble, il faut recourir aux rites.
Au cas où la fiancée ne veut plus du garçon et qu’elle désire rompre les fiançailles, que devient la dot?
C’est vrai qu’il y a des cas où la fille ne veut plus de son mari; mais dans ce cas, il n’y a pas de remboursement. La fille peut contracter un autre mariage, mais ce sera cette fois sans dot. La dote est faite une fois pour toute.
Que se passe-t-il la nuit des noces ?
Le jour des noces est une fête très stricte dans la maison. C’est généralement la première fois que la fille connait un homme et que l’homme aussi connait une femme.
Le fait d’aller chercher la femme a été emprunté aux autres cultures car chez nous, on ne connaissait pas ce rituel. Les tracasseries qu’on fait subir les accompagnants du marié sont généralement organisés par les sœurs de la femme qui ne veulent pas voir partir leur sœur aussi facilement.
Nous serons également heureux de recevoir vos contributions pour enrichir cet entretien.
Images :
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Mariama LOMPO

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