Cinéma : Quel avenir pour le cinéma burkinabè ?

Cinéma : Quel avenir pour le cinéma burkinabè ?

Que retenir de notre cinéma après la 27è édition qui vient de s’écouler ?  La question mérite d’être posée car cela fait maintenant des années sans que le pays organisateur ( le Burkina) ne ramène un seul trophée (l’Etalon d’Or).  Quel avenir donc pour notre cinéma ?

Voici à ce sujet, la réflexion de la journaliste Caroline WANRE  interviewée en 2009 et dont l’élément sonore avait été égaré dans nos archives. Après de minutieuses recherches et  fouilles, nous l’avons enfin retrouvé. Bien que la 27è édition soit déjà derrière nous,  l’analyse de notre invité nous semble pertinente, toujours d’actualité et encore digne d’intérêt.

Caroline WANRE (CW) :  Je préfère être objective. Quoi qu’on dise, le cinéma est une industrie dans certains pays comme les Etats-Unis. Juste un exemple pour vous permettre d’apprécier. Si mes souvenirs sont bons, le budget consacré au cinéma vient en 2ème position après celui de l’armement. Vous voyez ce que cela représente ? Le rêve américain, est essentiellement construit sur le cinéma. Des acteurs comme Jean Claude Van DAME ou Sylvester Stallone  sont des idoles pour la jeunesse américaine. Et qui dit idole, dis forcément vecteur. Les messages que ces idoles véhiculent sont comme des paroles d’évangile. Les jeunes ont envie de leur ressembler, de manger et de s’habiller comme eux.



Revenons au Burkina. Quelle stratégie faut-il développer pour intéresser les investisseurs au secteur ?

C.W : Ici au Burkina, il y a du boulot à faire. Pour que le cinéma soit vraiment le 7ème art, il y a beaucoup à faire. L’une des raisons de la création du FESPACO, était dans l’optique de donner aussi à l’Afrique une plate- forme, un tremplin d’expression propre à l’Afrique. Le cinéma africain n’est pas bien vu ailleurs. L’alternative, la solution que j’entrevois est peut-être de s’inspirer des Noollyhood (les films Nigerians ) . Ce qu’il faut faire,  je crois qu’il faut créer notre marché à nous. Pour ce faire, il faut que les réalisateurs intéressent aux gens par notre propre quotidien, par notre vécu personnel. Nous avons été longtemps saturés par les télés NOVELA qui nous viennent du Brésil. Je crois qu’il est temps de montrer aux africains ou aux burkinabé leurs quotidiens. On a vu des exemples de feuilletons burkinabés qui ont bien marché. Chaque soir, et  à l’heure de ces feuilletons, les rues sont  vides. Tout le monde est devant son petit écran. La mayonnaise peut s’intéresser à de telles séries pour faire passer des messages. C’est vrai qu’il y a des priorités comme l’éducation, la santé qui priment sur la distraction. Mais je dis, que même étant pauvre, on peut passer par le biais de la distraction pour atteindre des objectifs éducatifs ou autres.

Si l’Etat à lui seul n’arrive pas à soutenir le cinéma, c’est évident !. Il faut donc recourir à l’initiative privée. Il faut que le cinéma arrive à se vendre de lui-même. Un bon produit se vend de lui-même. Pour cela, il faut que les cinéastes se mettent d’accord pour revoir les sujets à aborder dans leurs films, au niveau des thématiques, au niveau de la manière de filmer et les réalités à montrer. Les opérateurs économiques sont des commerçants qui ne vont jamais accepter invertir là où ils ne tireront pas du profit. Il appartient donc aux cinéastes de rendre le cinéma plus  attractif de sorte à être incontournables et à intéresser les opérateurs économiques.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY

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