La BAC : l’unité de coordination des activités du couvre-feu dans le cadre du covid-19

La BAC : l’unité de coordination des activités du couvre-feu dans le cadre du covid-19

La BAC, c’est la Brigade Anti Criminalité. Créée depuis 2010, cette structure malgré son âge est cependant peu connue de nombreux burkinabè. Apparemment, ce corps n’a rien de différent d’avec les autres structures de services de sécurité du Burkina (police nationale, Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) ou police municipale). Au-delà de sa mission régalienne qui est le maintien de l’ordre public, la BAC depuis l’instauration du couvre-feu le 21 mars 2020, s’est vue assigner de nouvelles missions.

Pour en parler et comprendre véritablement ces missions, nous avons rencontré le Commandant de la BAC, le Commissaire principal de police Abdoulaye BELEM. C’est cet homme qui a la charge de coordonner toutes les activités entrant dans le cadre du couvre-feu instauré depuis mars 2020 pour fait de pandémie à coronavirus.

Logé à KAMBOINSIN à une quinzaine de kilomètres environ de Ouagadougou, sur l’axe Ouaga -Kongoussi, la Brigade Anti Criminalité (BAC) est dirigée par Abdoulaye BELEM,  Commissaire principal de police. Le Logo de la BAC est un tigre symbolisant la Sagesse, la Fermeté et l’Efficacité. Sa devise est discipline, dévouement. La BAC a une tenue uniforme Bleu-marine.

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Grand d’environ 1,97m, à la silhouette et à la démarche très imposantes, Abdoulaye BELEM est le Commandant du BAC. Derrière cette taille Goliath assez rare de nos jours, se cache une grande intelligence, un homme calme et assez réservé. Les mots sont bien choisis et bien pesés avant d’être dits.  Mais pour la circonstance, notre interlocuteur nous a marqué exceptionnellement par sa disponibilité et sa grande écoute, toute chose qui nous a permis d’être à l’aise durant nos échanges. Cependant quelque chose de bien se déroulait durant nos échanges. C’est quelque chose qu’un profane ou un non initié ne pouvait décrypter… En effet, le Commandant Bélem ne pouvait pas nous fixer dans les yeux. C’est un signe fort d’un autre temps … un temps très lointain. Nous vous expliquerons la raison en  fin de lecture…

Commissaire Abdoulaye BELEM (CAB) :  Je suis le Commissaire Principal de police Abdoulaye BELEM, Commandant de la Brigade Anti-criminalité (BAC). Depuis que le couvre-feu a été institué je suis la personne chargée de coordonner toutes les activités entrant dans le cadre de la mise en œuvre au niveau de la police nationale sur le terrain.

ArtBF : Quel est le sens  que vous donnez au  couvre de feu?

CAB :  Sans  être l’autorité qui ait décidé  du couvre-feu, nous  savons que depuis l’avènement de la  pandémie du coronavirus, les autorités sont à la recherche de solutions. Et parmi celles-ci, il a été instauré un couvre-feu qui est une mesure restrictive des libertés, notamment la liberté d’aller et  de venir à une certaine période de la journée. Et je pense que cela s’inscrit en droite ligne avec  l’objectif  qui est de limiter les possibilités pour les populations  de se rassembler. Et je pense qu’en instaurant le couvre-feu, c’est pour éviter que les populations ne se rassemblent  en grand nombre pendant une certaine période et ce,  dans le but véritablement d’éviter  la propagation de la maladie.

Je rappelle également qu’il y a  des couvre-feux dans des circonstances exceptionnelles. On parle de couvre-feu  lorsqu’il y a  quand même une situation d’une certaine gravité qui pourrait même menacer l’existence de l’Etat. Et généralement,  avant le couvre-feu, on décrète l’Etat d’urgence. Et ensuite on instaure un couvre-feu qui vise à limiter purement et simplement la liberté d’aller et venir des populations à une certaine période.

 ArtBF : Quels sont les missions assignées à la BAC ?

CAB :  La BAC, c’est la Brigade Anti-Criminalité. C’est une unité de la Police Nationale, créée depuis 2010 avec pour mission de lutter contre l’insécurité urbaine sur toutes les formes. De la petite délinquance à la grande criminalité dans les centres urbains. Pour l’instant, elle existe à Ouaga et à Bobo .

ArtBF : Quels sont vos tâches pendant ces heures de couvre-feu?

CAB :  La police de façon générale car ce n’est pas la BAC seulement qui met en œuvre le couvre-feu. Il y a toute la police qui est engagée. Il y a d’autres unités d’interventions telles la CRS, l’Unité d’Intervention Polyvalente, les commissariats de sécurité  publique, centrale et des arrondissements. Tous ces démembrements déploient des effectifs pendant les heures de couvre-feu.

Notre mission première est de veiller au respect  de la mesure par les populations. Faire en sorte en effet que  le décret  qui instaure le couvre-feu soit respecté et que véritablement, à l’heure du couvre-feu les populations puissent rentrer chez elles. La seconde mission, une fois que les gens aient regagné leur domicile c’est de prendre toutes les dispositions pour sécuriser  les personnes et leurs biens. Etant donné que les commerces sont fermés,  il faut que la police prenne le relais  pour assurer la sécurisation des biens.

Pendant le temps du couvre-feu, il y a des cas des forces majeures qui peuvent amener un citoyen à se retrouver  dans la rue sans le vouloir. Par exemple, vous avez programmé 1 h pour arriver à Kamboinssin, ça c’est sans compter avec les aléas, vous pouvez par exemple être victime d’un accident de la circulation. Et lorsque nous tombons sur de tels cas qu’on appelle des cas de détresses, on les assiste. On les raccompagne soit chez eux  si cela est nécessaire ou on les amène dans un endroit sécurisé. Donc la troisième mission est de porter secours  ou assistance aux personnes en détresse pendant le couvre-feu.

Mais  quant à  “nos amis” de tous les jours, c’est-à-dire,  ceux qui veulent profiter de la situation pour commettre des infractions, quand nous les surprenons, le sort est clair.

ArtBF : Arrivez-vous véritablement à remplir cette mission? Si non, quelles sont les difficultés que vous rencontrez sur le terrain ?

CAB :  D’une manière générale on arrive à faire le travail. Dans l’ensemble, la population comprend. Nos difficultés sont d’ordre normal. Elles sont liées même à notre mission. En fait, c’est parce qu’on sait que certaines peuvent refuser le couvre-feu que la police est sur le terrain. Autrement, la police ne sortirait pas.  Nous rencontrons aussi quelques cas d’incivisme. Il s’agit notamment des gens qui ne comprennent pas le rôle de la police. Pour eux, la police emmerde. Donc, il faut les insulter de passage et les empêcher de faire correctement leur travail. Mais là, on ne considère pas ça véritablement comme une difficulté parce que ce genre de cas ne nous empêche pas faire notre travail.

ArtBF : La zone d’intervention de la BAC?

CAB :  La BAC agit généralement du côté de Kamboinssin en allant vers Tampouy, Pissy en remontant vers le côté Ouest. Mais c’est comme je vous le dis, ce n’est pas véritablement une répartition figée et rigide. Il peut arriver que pour certaines urgences, la BAC quitte sa zone pour d’autres sites intervention parce que la situation le requière.

ArtBF : Quels sont vos besoins actuels ?

CAB :  Comme c’est à court terme (temps du couvre-feu), on ne peut pas demander de renforcer les effectifs ou les équipements. Ce qu’on peut demander, ce sont les moyens de motivations tel le carburant pour permettre une plus grande mobilité.

Nous vous avions promis de vous dire pourquoi le commandant Bélem ne pouvait pas nous fixer le regard. La raison ? parce que nous étions ses “patrons”. Quand un “Gourmanctché” et “Yadga ” se croisent, le second se met immédiatement et séance tenante à l’infinitif car c’est une affaire de patronat et de serviteur.

Pour ceux qui ne connaissent pas la culture burkinabè, c’était tout simplement une parenthèse de la parenté à plaisanterie qui est une des  forces de la culture burkinabè.

Entretien réalisé par Fatim BARRO et Patrick COULIDIATY

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