Musique : Rama N'Goni "il n'y a pas de Djatigui au Burkina

Musique : Rama N'Goni "il n'y a pas de Djatigui au Burkina

L’histoire de Rama avec le N’GONI remonte donc depuis sa tendre enfance. A 4 ans déjà, la petite Rama suivait régulièrement son père sur les plateaux artistiques pour des concerts ou pour des répétitions. Mais à plusieurs reprises, elle aurait senti un certain dysfonctionnement au sein du groupe musical de son père. 

En effet et de manière récurrente, c’est à l’instant « T » du début de chaque concert que selon Rama que les collaborateurs de son père désertaient la scène sous des prétextes fallacieux. « 5 mn avant le concert, tous les musiciens disparaissaient. Il y’a d’autres qui disent : « je vais pisser », d’autres, « je vais prendre du nescafé » d’autres « je vais prendre de l’air dehors » d’autres « je vais prendre de la cigarette et ainsi de suite … » .Ayant compris le jeu, Rama dans un sursaut d’orgueil demande à son père de lui apprendre à jouer d’un instrument, histoire de l’accompagner désormais pendant les spectacles. Et c’est ainsi que cette belle complicité avec son père a commencé. « Jamais un de ses concerts n’avait aussi réussi et apprécié comme ce jour où je suis montée pour la première fois sur scène avec mon père », se souvient Rama.

Mais avant de dévoiler son portrait, nous remercions  l’artiste Rama pour sa grande inspiration sans laquelle, elle n’aurait pas réussi brillamment à composer une chanson en notre honneur. Grand merci donc à l’artiste et à son groupe pour cette grande considération à notre endroit. Ci-dessous, le portrait de l’artiste.

Rama : A l’Etat Civil, je me nomme Alimatou DJAKITE et Rama N’GONI, mon nom d’artiste.

Artbf (ArtBF) : Peut-on avoir un bref aperçu de votre parcours artistique ?

Rama : J’ai participé au Massa d’Abidjan, Abidjan Festival, Afrik Mousso, Les Nak de Koudougou et à bien d’autres festivals.

ArBF : Qu’est que ça vous fait d’être femme artiste dans le contexte traditionnel burkinabè ?

Rama: C’est une fierté ! Parce qu’il n’est pas permis à toutes les femmes de jouer à cet instrument. C’est vrai que beaucoup pense que je suis la seule femme à savoir jouer le N’goni ; mais ce n’est pas évident !

Artbf : Comment vous avez appris à jouer à cet instrument ?

Rama et son groupe musical

Rama: C’est dès le bas âge. J’ai été initiée très tôt par mon père qui est d’ailleurs un joueur du N’GONI, Chasseur Dosso et Tradipraticien.

Artbf : Quelle était l’attitude de votre maman lorsque vous suiviez  votre père  au lieu de rester faire la vaisselle. Maman était-elle jalouse ?

Rama: Oui elle l’était !

Elle ne manquait pas de me faire des reproches. Pour ma mère, une femme doit rester à la maison, apprendre à préparer, balayer la cour et faire la vaisselle. Bref…  Les travaux domestiques.

Artbf : Jolie comme vous l’êtes, comment arrivez-vous à vous imposer dans le milieu masculin ?

Rama: Je me dis que dans la vie il faut savoir ce qu’on veut. Quand il s’agit de proposition indécente, je marquais un refus catégorique. Je suis resté dans cette posture (refus) Jusqu’à ce que je fasse la connaissance du Commandant Papus qui a décidé de m’aider. Vous savez que ce milieu n’est pas facile ; surtout quand on est féminin.

Artbf : Combien d’albums avez-vous produit ?

Rama: Je suis à mon deuxième album. Le premier qui s’intitule « MOUGNOU » (La patience en Dioula) avec 11 titres. Le 2ème album a été produit par Koné DODO, le directeur du palais de la culture d’Abidjan.

Artbf : quels sont les messages que vous véhiculez dans vos chansons ?

Rama: Le titre phare du premier album, c’est SONTANI qui veut dire qu’il n’y a personne sans défaut et pour la plupart, nous laissons nos défauts à la maison pour parler de ceux du voisin.

Artbf : Alors que dites-vous de toutes ces familles refusent qui leurs filles fassent la musique ?

Rama: Chacun a son destin ! C’est permis à toutes les femmes de faire tout  ce que l’homme peut faire (rires). J’ai envie de dire aux parents « laissez les filles, les femmes faire ce qu’elles veulent faire ! »

En ce qui me concerne, j’ai abandonné l’école juste à cause de la musique.

Artbf : Quel est votre genre musical?

Rama: Le Manding, Le Warba et Le Wassolo

Artbf : D’où tirez-vous vos inspirations ?

Rama: Depuis le bas âge,  je tirais  mes inspirations de mon papa avant de connaître Oumou SANGARE et Nahawa DOUMBIA.  Elles sont toutes mes idoles car je les écoute fréquemment et j’aime bien leur genre musical.

Artbf : Comment appréciez-vous aujourd’hui la musique burkinabè ?

Rama: Je dirai que la musique burkinabè n’est plus comme avant elle est entrain de tomber. J’ai remarqué qu’au Burkina, on aime beaucoup les artistes étrangers. Les cachets des artistes étrangers sont plus élevés que ceux des burkinabè. Les organisateurs de spectacle ne sont pas prêts à investir sur les artistes locaux. La plupart des musiciens burkinabè sont payés au rabais, ce qui n’arrange pas le pays encore moins le showbiz burkinabè. Je le dis haut et fort que ce que font les promoteurs burkinabè n’est pas juste.

Ce que je voulais ajouter, c’est l’absence de DJATIGUI (mécènes) au Burkina, des personnes généreuses qui aident financièrement et matériellement les artistes. Les artistes burkinabè sont très négligés au Burkina alors que le pays regorge de grands talents.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY

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