SIAO 2018 et terrorisme : « Jamais le peuple burkinabè n’a plié l’échine devant l’adversité »

SIAO 2018 et terrorisme : « Jamais le peuple burkinabè n’a plié l’échine devant l’adversité »

Ouagadougou, la capitale du pays des Hommes intègres, vibrera, dans quelques jours, au rythme de la 15ème édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). A l’occasion, l’équipe organisatrice est en train de mettre les petits plats dans les grands pour réussir l’événement. En prélude à cette 15ème édition de la biennale de l’artisanat, nous avons rencontré le premier responsable du Salon, Dramane Tou, Directeur général du SIAO, pour en savoir davantage sur l’état des préparatifs, les innovations majeures et le choix du thème. Lisez plutôt l’entretien qui suit. 

Dramane Tou, DG du SIAO

ArtisteBF : Ouagadougou vibrera bientôt au rythme de la 15ème édition du SIAO, à ce stade, comment se passe les préparatifs et où en est-on à ce jour ?

Dramane Tou : Les préparatifs se passent très bien en ce qui concerne la 15ème édition du SIAO prévue du 26 octobre au 04 novembre 2018 sous le thème : « Artisanat africain, besoins du marché et développement technologiques ». A la date d’aujourd’hui, nous avons fait le point et il y a beaucoup d’actions qui sont totalement exécutées. Certaines sont en cours et il y a aussi d’autres dont le début d’exécution va se faire le jour de la cérémonie d’ouverture donc le vendredi 26 à partir de 9h. Ce qui est entamé et terminé c’est tout ce qui concerne la réhabilitation de l’intérieur des pavillons pour pouvoir accueillir les stands d’exposition pour les artisans. Nous avons pu recruter toutes les entreprises qui ont fait la réhabilitation. Les acteurs se sont engagés à nous livrer les stands au plus tard le 22 et les exposants pourront les occuper dès le 23 octobre.

Le second élément, c’est la participation des acteurs. Les acteurs clés sont les artisans, les acheteurs professionnels, les hommes et femmes de médias et le grand public. Les inscriptions des artisans ont commencé depuis le 15 janvier et finissent le 28. A ce niveau, il n’y plus de stands ventilés disponibles parce que tout a été loué par les artisans. Pour les cas des stands climatisés, nous avons atteint l’objectif de départ que nous nous étions fixés mais, comme il y a toujours des demandes, nous les acceptons les prendre parce que nous avons quelques marges de manœuvres à ce niveau. Sur une estimation de 550 stands à offrir aux artisans que nous avions faite au départ, nous avons aujourd’hui 652 stands qui ont été loués par les artisans. Nous n’avons pas encore intégré ceux qui sont dans la zone restauration et ceux qui louent des espaces dans la cour pour des activités qui sont autorisées.

Pour ce qui est des acheteurs professionnels, nous avons la confirmation de 25% de notre estimation. Nous avons un lot important qui s’était engagé à être là mais qui hésite toujours compte tenu de certaines considérations mais nous les avons assuré que le Burkina Faso en tant que pays organisateur du Salon, mettra tous les moyens qu’il faut pour sécuriser l’événement à l’image de tous les autres événements que nous avons organisés. Au niveau des femmes et hommes de médias, nous avons estimé avoir à peu près cinquante médias avec cent journalistes. A ce jour, nous effectivement cinquante médias avec plus de trois cent (300) journalistes qui se sont inscrits. Au titre du grand public, l’estimation de base est de 350 000 (trois cent cinquante mille) visiteurs grand public mais vous aurez le constat réel au cours de l’événement.

Au niveau de la sécurité qui est un élément important pour nous, nos forces de défense et de sécurité ont mis le paquet pour sécuriser l’événement. Nous avons un effectif plus élevé en hommes et femmes de sécurité que ce que nous avions en 2016. Ils ont déployé plus de moyens techniques comme la vidéosurveillance, les portiques de contrôle des métaux et objets pouvant faire des blessures, le périmètre balisé surveillé 24heures sur 24. Nous sommes convaincus en tant qu’organisateur et pays sérieux, que le SIAO 2018 va se tenir dans de très bonnes conditions de sécurité et nous lançons un appel aux visiteurs et acheteurs professionnels. Ce que nous souhaitons du grand public, c’est que les gens acceptent suivre les instructions des forces de défense et de sécurité.

Vous l’avez dit tantôt, il y a un lot qui n’est pas encore rassuré. Si vous aviez un message à passer à ce lot, que lui diriez-vous ?

Ce que je dirai à ce lot se résume en trois points. Le premier point c’est qu’il comprenne qu’il n’y a pas de sécurité à 100% dans un espace ici sur terre, même dans leur cour. Même les grandes puissances comme la Russie, les Etats-Unis ne peuvent pas assurer à 100% qu’il n’y aura jamais de difficultés en termes sécuritaires comme les attaques terroristes par exemple. C’est devenu un phénomène planétaire avec lequel il faut composer. C’est pour cette raison que nos FDS ont pris des mesures extraordinairement bien élaborées pour sécuriser l’événement. S’ils intègrent cela et s’ils sont des amis du Burkina Faso, qu’ils sont consommateurs de l’artisanat, il ne faut pas que ces gens donnent raison aux terroristes qui vont jubiler parce que les gens auront peur de participer aux activités.

Le deuxième point qui me tient à cœur, c’est que pour tous ceux qui connaissent le peuple burkinabè, et le président l’a dit, jamais on n’a plié l’échine devant l’adversité, devant l’ennemi. Ce sont éléments très clairs qui doivent rassurer ceux qui veulent venir au Burkina Faso sinon le président n’allait jamais accepter que le Salon se tienne. Nous n’allons jamais accepter inviter les gens pour les mettre en danger. Nous sommes un pays d’hospitalité, de paix et de sérieux.

Le troisième point c’est de savoir si les gens qui ont un projet économique qu’ils veulent réaliser doivent laisser tomber parce qu’il y a des choses qu’ils imaginent. Il y a plus de deux millions d’habitants à Ouagadougou, si l’insécurité était telle qu’ils n’arrivaient pas à y vivre, il est évident qu’on n’allait pas organiser le Salon. C’est vrai qu’il n’y a pas de risque zéro mais je ne pense pas que ceux qui se sont déjà engagés à venir n’aient pas une compréhension de la chose.

Quelles seront les principales innovations de cette édition ?

Nous avons une batterie d’innovations  cette année. A chaque édition, le ministère du commerce, de l’Industrie et de l’artisanat fait l’effort d’améliorer sa prestation. La première innovation est que le ministre Harouna Kaboré a, pour la première fois dans l’histoire du ministère, instauré un prix en compétition : le prix d’excellence pour la promotion de la transformation des produits locaux. Nous l’avons retenu comme une innovation dans la mesure où il met l’accent sur une problématique fondamentale de notre économie qui est comment faire pour mieux transformer nos produits locaux. Comme nous savons qu’il y a beaucoup d’artisans qui sont dans cette transformation, le ministre a instauré ce prix pour les encourager à exceller, à donner plus de valeur et de vie à nos produits, à contribuer davantage à l’économie. Cela va aider à mieux transformer et exporter nos produits ; ce qui va réduire l’importation. Le prix est composé de trois lots qui seront remis aux acteurs les plus sérieux et les plus organisés dans la transformation des produits locaux.

La deuxième innovation est celle qui porte sur : « Je m’engage pour l’artisanat africain ». C’est un concept que nous avons développé pour cette 15ème édition qui est d’organiser des visites guidées à des corps constitués qui ont au Burkina Faso. Nous sommes en négociation avec le président de l’Assemblée qui du reste, est le parrain de l’édition et nous profitons lui dire merci, pour qu’il vienne avec une équipe pour faire une visite guidée afin de mieux connaître l’artisanat. Je ne suis pas sûr que toutes nos autorités sachent par exemple que le garagiste, le maçon jusqu’à un certain niveau, l’électricien, le plombier, le menuisier, le restaurateur, etc. sont des artisans. L’artisanat est tout ce que nous produisons avec une prépondérance de l’activité manuelle et c’est la définition qui est acceptée par l’UEMOA. Ce sont des secteurs importants et il faut que les autorités qui peuvent décider sur le sort d’un secteur puissent en connaître l’ampleur. Au Burkina Faso, l’artisanat est un secteur pourvoyeur d’emplois après l’agriculture et l’élevage et cela, à moindre coût.

La troisième innovation est relative au concept « Les ambassadeurs du SIAO pour l’artisanat africain ». Ce concept a été développé pour pouvoir désigner au moins deux personnalités qui ont marqué l’histoire de l’artisanat et qui apportent beaucoup à ce secteur. L’idée globale est personne soit choisie pour porter l’image de l’artisanat africain à travers le monde. Cette personne peut être journaliste, musicien, politicien, diplomate, artisan. Ces personnalités seront désignées avec une attestation et un mandat.

La quatrième innovation porte sur le pôle des régions du Burkina Faso. Chaque région aura un stand climatisé gratuitement et ce stand doit aider les artisans de chaque région à sélectionner leurs produits qu’ils y exposeront et les présenteront au grand public mais surtout aux acheteurs professionnels et aux journalistes. Nous avons constaté que le peuple burkinabè met des moyens pour organiser le SIAO mais nos artisans ne sont pas toujours à la hauteur pour les grands salons à l’international. Nous avons donc pensé que si nous leur donnons plus d’occasion d’exposition, ils vont prendre plus d’expérience avec les autres et seront obligés d’améliorer la qualité de leurs produits pour capter plus d’acheteurs professionnels.

Une autre innovation est que nous allons déployer plus de possibilité  d’achat des tickets aussi bien autour du site que dans la ville comme par exemple dans les stations-service, vous trouverez un box SIAO où l’on vend des tickets et des badges d’accès permanents. Ceci réduit les fraudes parce que les tickets et badges avec un système code barre.

Madagascar a été retenu comme pays invité d’honneur. Qu’est ce qui a motivé ce choix ?

Le premier élément qui a motivé le choix de Madagascar est la qualité et la diversité de l’artisanat malgache. C’est ce qui a amené le président Roch Marc Christian Kaboré, lors d’une visite officielle, à proposer aux autorités malgaches que leur pays accepte d’être l’invité d’honneur. Le deuxième élément c’est que, sur le plan diplomatique, nous avons de très bonnes relations. Le troisième élément c’est la volonté de faire en sorte que la coopération sud-sud en terme  soit bien développée en matière d’artisanat sur le continent africain.

Et pour ce qui est du thème ?

Le thème de cette 15ème édition est « Artisanat africain, besoins du marché et développement technologiques ». Le salon se tiendra du vendredi 26 octobre au dimanche 04 novembre 2018 et il va s’ouvrir, hors mis le jour de l’ouverture, tous les jours à partir de 9h. Les trois premiers jours on consacre de 9h à 12h pour les acheteurs professionnels mais, pour le reste du temps, c’est de 9h à 21h30 les jours ouvrables et jusqu’à 22h30 les jours non ouvrables. Ce thème met en exergue deux éléments fondamentaux : l’exigence du marché c’est-à-dire les besoins des consommateurs et de l’autre, le développement technologique où il faut percevoir les  technologies de l’information et de la communication et les technologies en matière d’outils de production. Ce thème a été retenu par les hautes autorités en conseil des ministres.

En guise de conclusion ?

En guise de conclusion, je voudrais m’adresser à trois groupes de personnes. Aux hommes et femmes de médias, je voudrais leur dire merci pour tout ce qu’ils ont déjà fait et font toujours pour le SIAO depuis sa première édition en 1988 et rappeler à ceux qui ne savent pas, que l’idée a été inspirée par le président feu Thomas Sankara. Le mois d’octobre c’est son mois et il faut le lui reconnaître. Je leur demande de continuer à communiquer au public, surtout à le sensibiliser sur les comportements citoyens et des contributions à une meilleure sécurisation de notre pays et de leur vie. Pour se faire, les gens devront respecter les consignes de sécurité. Il y aura des communiqués dans ce sens. Le deuxième groupe, c’est le grand public que nous invitons à venir massivement au SIAO. C’est à eux de montrer à la face du monde que le Burkina Faso reste debout quoi qu’il en soit et nous resterons toujours debout pour vaincre les forces du mal. Les derniers acteurs, ce sont les autorités du Burkina Faso que je remercie, au nom des artisans, pour tout ce qu’ils font pour eux. Dans ce lot, je mets l’ensemble des partenaires qui nous ont accompagnés.

Propos recueillis par Ashley KABORE  

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