Asta DAO: Couturière styliste

Asta DAO: Couturière styliste

Elle exerce ce métier depuis bientôt 18 ans. Aujourd’hui, Asta DAO évoque avec nous son parcours professionnel jonché de difficultés.

Asta DAO : Je suis  Couturière styliste. Cela fait 8 ans que j’exerce ce métier au Burkina. Disons qu’au tout début, j’avais plus un penchant pour la coiffure. Je voulais surtout être coiffeuse et j’étais déjà engagée dans un salon de coiffure en Côte d’Ivoire. Malheureusement, pour des raisons d’incompréhension, ma patronne m’a renvoyée à mes parents. La raison était toute simple. Je refusais de laver les serviettes du salon. Mon père qui est couturier, pour ne pas me laisser traîner à la maison, m’a donc récupérée dans son atelier. Au fil du temps, mon intérêt pour la couture était grandissant. Le métier de couture pour tout dire, me passionne au point qu’aujourd’hui, je ne sais rien faire d’autre que ça.


Artistebf : Vous vous êtes installés à Ouagadougou, voilà bientôt 8 ans. Avez-vous l’impression que les “Ouagalais” aiment la “Sape” ?. Est-ce que le métier de styliste est porteur au Burkina ?
Asta DAO (AD) : (un peu embarrassée) Bon ! je trouve que certains stylistes s’en sortent bien !

Art: Quelle est votre spécialité en matière de couture ?
AD : Ma spécialité, c’est les coupes “dames”, les tenues de soirées et surtout, les tenues de mariage. Toutes ces tenues sont faites à partir du tissu Faso dan fani.
Art: Vous faites la couture depuis près d’une décennie; quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce domaine ?
AD : C’est vrai que tout n’est pas rose dans ce métier. Les gens ne tiennent pas promesse. Ils promettent de vous aider à participer à des manifestations culturelles. A quelques jours de la cérémonie, Monsieur vous tourne le dos. Vous avez beau rappelé, c’est à peine s’il vous décroche !

Art: Pourquoi de tels comportements ?
AD : Je crois qu’il y a souvent incompréhension avec les hommes. Quand vous les approchez, de prime abord, ils vous disent : “pas de problème… je gère..” et quelques temps après, Monsieur vous fait poireauter… vous ne comprenez plus rien…! Je crois que certains hommes confondent le travail et les sentiments. Ils veulent tout mettre dans le même panier. Il n’y a rien de mal à dîner avec un homme. Mais là où le bât blesse, c’est lorsque son aide est subordonnée à d’autres conditions. Une femme ne peut pas se donner à tout venant. Il y a comme un harcèlement sexuel sur la junte féminine en quête de promotion. Et quand vous ne répondez pas favorablement à leur attente, vous avez toutes les chances de passer à côté. Je ne généralise pas ! Mais je raconte des faits vécus.
Sincèrement, je trouve certaines propositions très décevantes et indécentes. L’une des meilleures manières d’arracher les faveurs d’une personne, c’est d’abord l’aider, la soutenir, faire sentir à cette dernière que ce sont ses intérêts d’abord avant les vôtres… Peut-être, que je ne suis pas encore tombée sur la bonne porte.

Art : En dehors donc des grands galas ou des défilés de mode, comment faites-vous la promotion de vos produits ?
AD : De manière occasionnelle. Sinon, je n’ai pas d’autres opportunités. Je cherche des maisons ou des services avec lesquels je pourrai au moins signer des contrats et pouvoir proposer mes services. Ce n’est toujours pas facile !

Art: Savez-vous que les comédiens et les artistes musiciens peuvent contribuer énormément à faire votre promotion ? Seriez-vous prête un jour à l’instar de Madame Aïsséta TAMBOURA à habiller un artiste ?
AD : Oui ! Pourquoi pas ? C’est une très bonne idée. Seulement, j’ai peur d’être frustrée. Ce serait avec plaisir d’habiller un artiste comédien ou un musicien si toutefois j’étais sollicitée.

Art: Pourriez-vous habiller Cissé Abdoulaye qui fête par exemple ses 40 ans de musique ?
Pas de problème ! C’est un artiste que j’admire beaucoup.

Dernier Mot :
La seule leçon que je retiens, c’est de savoir compter sur soi-même. Ne jamais croiser les doigts et attendre que tout vous tombe du ciel.
Je souhaite que nos frères et sœurs s’habillent en Faso dan fani, un produit local qui peut bien s’adapter à tous les besoins et à tous les modèles (costumes, robes tenues de chambre ou de soirées etc.) Mais je ne sais pas pourquoi nos artistes préfèrent les tissus importés. Dans presque tous les clips d’Amity Meria par exemple, elle aime mieux les “basins”, genre “grand-mère”. Il n’y a pas de mal en cela. Je dis seulement qu’avec le tissu local, je paris qu’on peut lui faire plaisir autant que le tissu “basin”.
Ensuite, je souhaite que chacun fasse son travail avec amour et désintéressement. Quand on veut aider, qu’on le fasse sans rien attendre en retour.
Enfin, Je profite dire merci à tout ce beau monde qui m’aime, qui me conseille, qui me croit et qui me confie en toute confiance le travail.

Mon contact : daoasta57@yahoo.fr

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