Gaëll Tigher IKONDA, Danseuse Professionnelle

Gaëll Tigher IKONDA, Danseuse Professionnelle

” RESISTANCE”, c’est le spectacle Solo que Gaëll IKONDA a proposé au public lors du Festival International de Danse de Ouagadougou. Son nom d’artiste, c’est Gaëll Tiger IKONDA, d’origine Gabonaise.
RESISTANCE”, c’est le titre qu’elle a donné à son spectacle qui, selon l’artiste, traduit toute sa souffrance, ses difficultés, ses “hauts” et ses “bas” qu’elle a subis dans sa carrière. Mais ces souffrances, loin d’être totalement négatives, ont été au contraire positives pour IKONDA. En effet, ce sont elles qui l’ont aidée à mûrir et à grandir dans sa vocation de danseuse professionnelle.
A notre avis, le succès de Gaell n’est pas le fait seulement de pouvoir exécuter avec cohérence des mouvements, c’est aussi son humilité et son courage de RESISTER aux pesanteurs socio-culturelles de son pays.
Pour l’avoir approchée, nous avons trouvé en Gaëll de la matière à partager avec tous ceux qui aiment la danse ou qui voudront suivre les pas de cette professionnelle de la danse contemporaine.
Quand vous l’écoutez, vous avez tout de suite envie de l’aider à réussir dans ses projets tant elle est sincère et cohérente dans son témoignage.
C’est vrai, il faut la soutenir afin qu’elle ait raison sur tous ceux qui n’ont jamais cru à son projet et montrer de ce fait à notre jeunesse, que l’humilité, la sincérité et la combativité doivent être les vertus cardinales sinon les repères de tout succès.
Artistebf a commencé à jouer sa partition. Que chacun de vous puisse également partager ce cri de cœur. Gaëll IKONDA est une femme et son triomphe, sera une fois de plus une victoire pour la femme.

Gaëll TIGHER IKONDA ( G.T.I ) : Bonjour, je m’appelle GAELL IKONDA. mon nom de scène c’est Gaëll TIGHER IKONDA. Je suis une danseuse professionnelle de nationalité Gabonaise. J’ai créé une compagnie qui s’appelle la “Compagnie SOLIK” dont je suis la Directrice artistique chorégraphe et danseuse interprète.

Artistebf (Art. : ) Depuis combien de temps faites-vous la danse ?
ça va faire 10 ans en septembre 2014. Mais ma carrière professionnelle a véritablement démarré, il y a à peine 2 ans.

Art. : Pourquoi la danse et pas le théâtre ou la musique ?
G.T.I : Quand j’étais au lycée, je pratiquais le Hand-Ball et de la gymnastique de maintien. J’ai plus tard opté pour la gymnastique de maintien car j’aimais bien les mouvements tonics et de souplesses. Puis, j’ai décidé d’arrêter et du coup, je me suis mise à la danse parce que j’aime tout ce qui se fait dans la danse. Je dois dire aussi que le théâtre me plaisait bien; seulement, je n’avais pas eu assez d’opportunité à Libreville pour me lancer dans cette discipline. Aujourd’hui, je ne me plains pas parce que la danse contemporaine que je fais est un mélange de tout; et je peux dire c’est un peu du théâtre aussi parce que nous arrivons à interpréter des rôles en dansant et je pense qu’au final, j’ai tout retrouvé.

Art. : Qu’est-ce qui vous plaît vraiment dans la danse ?
G.T.I : Je fais la danse par plaisir, par passion et c’est désormais mon métier. Donc, c’est plus sérieux que le simple plaisir.
Ce qui me plait vraiment dans la danse ? C’est cette capacité à pouvoir exécuter les mouvements avec le corps. Pour moi, c’est quelque chose de magique parce que Malgré que les danses diffèrent d’un continent à l’autre, le professionnel de la danse doit être capable d’interpréter toutes ces danses et dans leur originalité. J’apprécie beaucoup cette grande maîtrise du danseur qui, comme par magie, fait voyager son corps à travers les danses issues de toutes les cultures du monde.

Art. : La danse, c’est un métier; un sport qui joue énormément sur le physique. A la longue, n’avez-vous pas peur de perdre votre belle silhouette de femme ?
G.T.I : D’aucuns disent même que la danse n’est pas un sport parce qu’au sport, dit-on, il faut arriver à réaliser certaines performances. Mais pour moi, la danse est un sport. Je dirai même qu’il y a certains danseurs qui sont plus forts, plus tonics que des sportifs en ce sens qu’un danseur peut tenir sur scène 1h ou 1h 15 mn à exécuter une pièce.

Art. : N’avez-vous pas peur à force de travailler votre corps d’avoir un physique masculin ?
G.T.I : Non ! je n’ai pas peur parce que je ne fais pas la danse pour garder une silhouette de mannequin; ce qui ne veut pas dire pour autant qu’on est à l’aise avec un ventre qui a du volume. Je vois mal un danseur professionnel dans une telle situation.
C’est vrai que parfois, des amis me trouvent un peu “musclée”; mais que puis-je faire ? C’est le résultat de mes exercices physiques ! Ce qui est sûr, mes exercices physiques ne feront jamais de moi un homme. A ce que je sache aussi, je n’ai jamais appris qu’une fille a raté son mariage parce qu’elle avait un corps musclé; je trouve cela absurde !.

Art. : Il y a des années la danse tout comme le théâtre étaient considérés comme des métiers dévalorisants. Quel est votre avis ?
G.T.I : Au Gabon, la danse en tant que telle n’a pas encore pris son envol, encore moins la danse contemporaine. Mais nous essayons de sensibiliser, de travailler de manière à inculquer la danse dans l’esprit de la population afin qu’elle l’adopte. Et comme il n’y a pas de sot métier, la danse pour moi n’est pas un domaine dévalorisant. Le plus important, c’est de bien faire ce qu’on aime.

Art. : Comment êtes vous arrivée à vous imposer à votre entourage qui ne voyait pas ce métier d’un bon œil ?
G.T.I : C’est par mon travail ! Au départ, certains ne me prenaient pas au sérieux. Mais de plus en plus, ils se sont rendu compte du sérieux de mon travail à force d’apprendre certainement que je participe à de nombreux festivals et que je crée des projets intéressants sur la danse.

Art. : Quels genres de difficultés rencontrez-vous dans ce métier, en tant que femme ?
G.T.I : En Afrique en général et au Gabon en particulier, je dirais que la plus grosse difficulté tourne autour du foyer. En tant que femme, mes tantes n’ont de cesse de me rappeler que je dois me marier et me faire un foyer. Mais elles le disent comme si un danseur ou une danseuse n’a jamais eu de foyer. Et pourtant, j’en connais qui sont dans la danse et qui gèrent correctement leur foyer. Le fait de me dire d’arrêter la danse et me trouver un mari, m’énerve; je déteste entendre ça !

Art. : Vivez-vous bien de ce métier ou exercez-vous une activité parallèle ?
G.T.I : Je n’exerce pas d’activités parallèles. Comme je le disais tantôt, c’est depuis bientôt 2 ans que je me suis engagée dans la danse pour en faire une carrière. Jusque-là, je suis toujours au stade de l’auto financement. Mais j’espère un jour pouvoir voler de mes propres ailes et pouvoir travailler à l’international avec d’autres compagnies où je serai mieux payée. Mais déjà, je peux dire que je vis de mon art car je donne des cours de danse à Libreville. C’est grâce à ces cours que j’arrive à financer mes projets.

Art. : Quel est l’Etat des lieux du financement des spectacles au GABON ?
G.T.I : Les financements à LIBREVILLE, on n’en a presque pas; je ne connais pas de structures de financement au Gabon. Il faut plutôt parler de l’auto-financement ! Peut être qu’un jour, ça viendra; pourquoi pas ? Mais pour l’instant, il n’y en a pas !

Art. : Mot de Fin
G.T.I : Je dirai aux filles qui voudraient faire carrière dans la danse comme moi, qu’elles le fassent vraiment; qu’elles y croient, qu’elles travaillent beaucoup, qu’elles soient très positives dans ce qu’elles font et qu’elles soient pleines d’humilité dans ce qu’elles entreprennent. Aussi, qu’elles cherchent des stages et des formations pour se perfectionner en danse.
Janvier 2014

* Comprendre le spectacle “Résistance”


Ce soir vous avez présenté ” Résistance”; quel était le message ?

Mon solo s’appelle” résistance” et il parle de ma vie, tout ce que j’ai eu à traverser: mes joies, mes peines et les difficultés qui ont fait de moi la danseuse professionnelle que je suis. Aujourd’hui, je me suis décidé d’être dans ce professionnalisme et en faire vraiment une carrière parce que j’ai eu des moments difficiles sur tous les plans : amical, sentimental, amoureux, artistique et même familial.Au début, mes parents s’étaient farouchement opposés à ce projet. J’ai résisté et c’est cette résistance que je traduis à travers ce spectacle que vous venez de voir. J’ai donc triomphé. Le message que je veux faire passer, c’est de dire aux gens: “quand vous voulez vraiment faire quelque chose, allez-y; mais faites-le positivement et vous y arriverez.”

Dans la dernière partie de votre spectacle, vous vous êtes badigeonnée avez du Kaolin rouge; qu’est-ce que ça signifie?
En fait, chez nous les Gabonais, on frotte le kaolin rouge pendant les rites initiatiques et c’est seulement les initiés qui ont le droit de se mettre le KAOLIN rouge et blanc. Ceux qui ne sont pas initiés ne peuvent mettre que le KAOLIN blanc. Donc, quand on voit quelqu’un avec le rouge, on sait qu’il est initié. La couleur rouge signifie la force qui m’a permis de mener à bien ma résistance positive. Le Kaolin Rouge, si vous voulez, est un signe de ma victoire, de mon triomphe !

Artistebf, Janvier 2014

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