Koro DK : Styliste

Koro DK : Styliste

“… Korotimi et comme nom d’artiste « Koro DK »
Pour ce qui est de la lettre « K », vous devinez déjà que c’est l’initial de Korotimi. A ce niveau, il n’y a donc pas de problème.
Le « D » est l’initial de mon nom de famille qui est DAO. Comme par coïncidence, l’initiale du nom de mon mari qui est Dechef. Donc, le « D » c’est selon ce que vous voulez ! Dechef ou DAO.
Nous avons lu sur le net de beaux articles à votre sujet. Votre parcours est très impressionnant. Comment se fait-il que vous ayez commencé votre carrière en Arabie SAOUDITE ?
Comme je vous le disais, Koro DK est mariée ; et c’est justement après mon mariage au Burkina que j’ai suivi mon époux en Arabie Saoudite où il devait résider dans le cadre de son travail. Dans ce pays, enfermé comme dans une prison dorée, la femme n’est pas aussi libre comme au Burkina. Là-bas, la femme travaille peu ; c’est comme on le dit, ce sont « des femmes de maison ». Au Burkina, la femme n’est pas habituée à une telle vie. Notre liberté n’est pas encore restreinte à ce point. Je me voyais donc mal de m’asseoir à longueur de journée sans rien faire.. Il n’était donc pas question pour moi de rester les bras croisés attendre que mon mari me donne tout. Il fallait que je fasse quelque chose qui puisse m’occuper et aider mon mari .C’est pourquoi, j’ai décidé de me lancer dans ce métier.
Vous avez tant d’opportunités à l’extérieur pendant que de nombreux stylistes burkinabés en souffrent ; quelle est la confidence ?
C’est très simple ! C’est parce que je prends mon travail à cœur ; c’est tout. Vous savez, la mode c’est quelque chose que j’adore et que je magnifie tous les jours. C’est dommage qu’au Burkina Faso, nous n’ayons pas encore bien compris l’importance de ce métier. Ailleurs, les gens ont une vision plus grande de la mode. Je dirai tout simplement que mes opportunités ont été construites progressivement. D’abord, j’ai fait mes études à Paris. Ça compte beaucoup du point de vue relations. De la France, je me suis ensuite installée en Côte d’Ivoire avec mon mari. C’est là que j’ai fait la connaissance de Pathé’O avec lequel j’ai fait quelques défilés de mode. C’est à partir de ces spectacles, que j’ai pu enrichir mon répertoire de contact et petit à petit donc, j’ai réussi à pénétrer le cercle des « Grands »
Est-ce quelque part, vous n’égratignez pas « Monsieur votre Mari ». Il ne lui arrive pas souvent d’être mécontent pour tout le temps que vous passez à l’extérieur ; surtout que vous avez tout le naturel pour le faire craquer ?
Ecoutez, tout est question de confiance et de compréhension. C’est vrai que je fais des tournées mais les hommes le font aussi pour subvenir aux besoins de leur famille. Même si mes défilés n’apportent pas grand-chose à la famille, il reste tout de même la satisfaction morale que je tire dans cette activité. Je me sens plus épanouie et c’est beaucoup réconfortant pour mon mari.

Qu’allez-vous faire avec tout cet argent que vous amassez à travers ces défilés dans le monde ; Construire des hôpitaux ?
Je n’amasse pas de l’argent mais j’amasse plutôt de l’Amour ; voilà !. Dans tous les pays où j’ai fait des défilés, ce n’est pas l’aspect matériel qu’il faut voir mais c’est surtout le rapprochement humain qui compte. Ma vision dans la vie est d’aider ceux qui sont dans le besoin et chacun de nous, devrait pouvoir apporter sa pierre à la construction de la cité
.
A propos justement d’aide, avez déjà aidé des stylistes débutants en quête de promotion ?
Ma porte est toujours ouverte. Quand j’ai l’occasion, je les assiste et je les conseille. Comme j’aime à leur dire, la mode a ses exigences et il faut faire avec. Comme dans tout métier, les débuts sont toujours difficiles. Il faut vraiment aimer le métier car on ne peut pas devenir du jour au lendemain Yves st Laurent ni Pacco Raban. Il faut aller tout doucement parce qu’il y a des stylistes qui sont dans l’ombre et qui gagnent mieux que ceux qui sont sous les feux d’artifice.

Nous savons que tout n’est pas si rose aussi dans ce métier; quel type de difficultés rencontrez-vous ?
Le premier problème de nous artistes-stylistes, est le fait de ne pouvoir se mettre ensemble, regarder dans la même direction, et parler le même langage . Un adage de chez nous dit : “qu’un doigt ne peut pas ramasser un grain de mil” . Ailleurs, on parlera d’union qui fait la force. Je suis parfaitement d’accord avec ces adages car si les stylistes étaient solidaires, nos actions seront plus visibles et respectées de tous. Plus nous sommes unis, mieux nos actions sont prises au sérieux et très porteuses.

De ce qu’on dit, participer à un défilé de mode au Burkina, serait la croix et la bannière pour la junte féminine. Il paraît que certains organisateurs de spectacles vont jusqu’à vous faire des propositions indécentes. Vous comprenez ce que nous voulons dire ?
Oui je comprends ce que vous voulez dire ! le sponsoring c’est autre chose. C’est du « donnant donnant » mais je ne crois pas qu’on ira jusqu’à demander à descendre le slip. D’ailleurs, ça dépend de comment ces organisateurs de spectacle t’ont regardé pour demander à descendre le slip. Un homme normal et respectueux des femmes ne va pas demander à une femme à descendre le slip en échange du service à rendre. Une femme doit être respectée parce que tout homme vient d’une femme ! Personne ne peut se vanter d’être tombée du ciel.

De votre avis, que peut-on faire au Burkina qui puisse booster bien les artistes stylistes ?
Que nos parents et nos dirigeants s’habillent d’abord en local. Si nos dirigeants acceptent nous accompagner dans ce que nous faisons, je crois que tout ira pour le mieux. Pour l’instant l’Etat ne nous aide pas ! Aucune subvention n’a été mise à notre disposition pour promouvoir nos activités. Sincèrement, je ne vois pas ! Nous organisons nos défilés à partir de nos propres moyens. Pourtant Burkina, comme vous le savez, est un pays de culture et en tant que tel, la mode ne saurait être marginalisée. Lors de la tenue des KORA derniers, combien de stylistes burkinabé ont pu défilé ? dites-le moi ! ; Vous avez compté combien ? Aujourd’hui pour organiser un défilé de mode, nous sommes obligés de « taper » à toutes les portes. A mon avis, l’Etat devrait faire un effort pour nous garantir un minimum de subvention à même de nous abriter des propositions indécentes dont vous venez de faire cas .

Artistebf veut tisser une toile de solidarité entre les artistes du Burkina ; seriez-vous prête à habiller un réalisateur, un artiste ou soutenir un spectacle culturel si vous étiez sollicitée ?
Je suis quelqu’une de très sensible. Sans me jeter de fleurs, je crois que mon éducation ne me permet pas de rester sourde et fermer les yeux aux sollicitations d’une tierce personne. Tout artiste ou tout réalisateur qui souhaite être habillé par KORO DK, peut venir ; ma porte est ouverte.
Contact : koro_d60611@yahoo.fr

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