« O TAAPUA DIEMA HAAMU PO” : Un forum pour apporter des solutions de sortie de crise
La province de la Tapoa, à l’instar des autres localités du Burkina Faso connait un effritement progressif de son tissu social et du vivre ensemble. Face à cette situation, les filles et fils de ladite province, se constituant en association dénommée <<“O TAAPUA DIEMA HAMU PO” >> ont décidé de porter leurs voix pour soutenir l’effort de guerre et répondre à l’invite du Président du Faso, le Capitaine Ibrahim TRAORE « à bâtir un Burkina Faso sur des valeurs solides, de discipline et de responsabilité ».
Ainsi, “O TAAPUA DIEMA HAMU PO” pour son baptême de feu a choisi d’organiser des activités socio-culturelles dont les retombées économiques iront en faveur des populations démunies de la province de la Tapoa.
Dans cette interview, à quelques jours de l’événement culturel, votre journal Artiste.BF est allé à la rencontre d’un membre du comité d’organisation, Aimé Boundi Couldiati. Il est revenu sur le sens et la portée du forum dans le processus de la recherche de la paix dans la localité.
Artistes.BF: En tant que membre du comité d’organisation de l’évènement, pouvez-vous nous en dire davantage?
Boundi Aimé COULIDIATI (B.A. C) : Il faut noter que depuis 2015, le Burkina Faso est face à une crise sécuritaire. A partir de 2019 la crise s’est aggravée et la province de la Tapoa, d’antan havre de paix, n’a pas été épargnée. Bien sûr qu’il y a eu bel et bien des belles actions qui ont été menées dans ce sens par le gouvernement avec l’appui des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ainsi que les filles et fils de la Tapoa. Il y a eu beaucoup d’efforts. Toute chose que nous saluons au passage, surtout la résilience de la population qui travaille jour et nuit afin que la Tapoa reste debout. Face à cette double crise sécuritaire et humanitaire avec l’aide de nos différents partenaires, nous nous sommes dit qu’il était de bon ton que l’on puisse se réunir pour mener une réflexion sur le vivre-ensemble et la cohésion sociale.
Artistes.BF : Qu’est-ce qui a prévalu l’organisation d’une telle activité, une activité qui s’inscrit comme une première du genre ?
A.B.C : En fait, l’organisation d’une telle activité consiste à apporter des solutions de sortie de crise en vue d’amorcer le développement de la Tapoa. Cette question est plutôt relative d’autant plus qu’elle n’incombe pas seulement au gouvernement mais elle incombe plus aux filles et fils de la localité qui doivent davantage s’impliquer. C’est ce qui nous a amené à organiser ce forum qui se tiendra du 04 au 06 juillet 2025 pour parler du vivre ensemble. En réalité, cette crise a créé de la méfiance et des tensions au sein de la population. C’est dans ce sens que, nous qui ne vivons pas là-bas, avons décidé d’agir.
Artiste.BF : Quels sont les résultats attendus en termes de comportements, de résilience et de civisme de la part des communautés cibles ?
A.B.C. : En organisant ce présent forum, nous avons à cœur de rechercher le vivre ensemble, la cohésion sociale et la paix dans la Tapoa. Cependant, il appartient à toutes les personnes qui vont participer à ce forum de faire l’effort d’être courtois et aimable car l’objectif principal est d’amener la population à comprendre que le vivre ensemble est possible.
Artistes.BF : Quelles sont les activités prévues au cours de ces 72 heures de forum ?
A.B. C : En termes d’activités, il est prévu un panel qui se déroulera sur deux journées à la Maison de la Femme avec pour thème, << Valeurs et potentialités de la province de la Tapoa, socle de cohésion sociale et de développement dans un contexte de crise sécuritaire et humanitaire >>. Voir le Chronogramme
Au musée, se déroulera la troisième journée consacrée aux valeurs traditionnelles et tout ce dont nous disposons comme instrument traditionnel à savoir la danse, le culinaire, prestations d’artistes locaux afin de mettre en exergue les valeurs de la province de la Tapoa.
En plus, il y aura une collecte de fonds en guise de solidarité pour soutenir les frères et sœurs qui sont dans la province de la Tapoa.
Artistes.BF : Quelles sont les valeurs et les potentialités traditionnelles de la Tapoa et comment comptez-vous les exploiter pour un développement durable dans ce contexte de crise sécuritaire ?
A.B.C. : En effet, la province de la Tapoa regorge de nombreuses valeurs traditionnelles. Ce que nous voulons rappeler au cours de ces échanges , ce sont les valeurs d’hospitalité, de pardon, de cohésion sociale qui existaient et faisaient notre fierté dans la province de la Tapoa. Plusieurs communautés y vivaient en parfaite harmonie. Il y a les communautés Peulh, Haoussa, Mossi, Yoruba, Dierma et Goulmatcheba.
Aujourd’hui, on a tendance à stigmatiser certaines communautés sous le prétexte fallacieux qu’ils sont responsables de ce qui nous divise. Vous verrez que dans notre comité d’organisation, nous avons impliqué et responsabiliser toutes ces différentes communautés pour traduire effectivement notre volonté d’aller vers un vivre ensemble dans la Tapoa.
Des actions ont été menées dans la province par le gouvernement avec l’appui des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Nous voulons repartir sur ces valeurs là du moment où il y a crise de méfiance avec la tendance à indexer certaines ethnies qui sont en complicité avec les terroristes. De notre organisation, toutes ces communautés qui y vivent prendront part pour traduire en quelque sorte que l’on n’a pas marginalisé aucune communauté. Puisque, l’idée est de rappeler aux uns et aux autres ce vivre ensemble sans problème. Cette crise actuelle ne doit pas être source pour créér une fissure dans cette harmonie sociale. L’objectif est de ramener cette hospitalité.
En attendant les conclusions des travaux de ce forum, les recommandations des uns et des autres pourraient offrir plus d’idées pour les perspectives d’avenir.
Artistes. BF : Quel est votre appel pour terminer cet entretien ?
A.B.C. : J’invite l’ensemble des ressortissants de la Tapoa, les amis et sympathisants, les responsables du Gulmu à participer massivement à ce forum.
Vivement donc que ce forum porte ses fruits et qu’il trace des sillons pour les filles et fils de la Tapoa dans la lutte actuelle que mène nos autorités contre l’hydre terroriste.
Propos recueillis par Achille ZIGANI
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