Bancéli Georgette PARE : Comédienne

Bancéli Georgette PARE : Comédienne

Georgette PARE, aura 20 ans de carrière cinématographique au mois d’octobre 2009. 20 ans de cinéma, c’est aussi 20 ans de d’expériences capitalisées . Au bon vieux temps, ça se fêtait ! Mais en lieu et place de la fête, nous avons choisi de lui donner en cette heureuse circonstance, le prénom “Bancéli” qui veut dire en langue Gulmanceman ” Je suis honorée” . Nous estimons que 20 ans de carrière cinématographique, est un honneur. C’est un joli prénom qui, à notre avis lui sied à merveille. Bancéli Georgette PARE (BGP) que nous avons rencontrée, nous parle sans détour de ce qu’elle sait sur le cinéma. Elle nous parle de son parcours de combattant :

Bancéli Georgette PARE ( BGP) : Je suis dans le domaine il y a 20 ans. J’ai participé en tant qu’actrice dans plusieurs films notamment :

– La nuit de la vérité de Fanta NACRO
– Pougniini
– Rue Princesse de Henri du PARC
– Afrique, mon Afrique !
– “Quand les éléphants se battent” du réalisateur Abdoulaye DAO dans le rôle de Sylvie, la femme de Léopold.
– Une femme pas comme les autres du réalisateur Adoulaye DAO

Bancéli Georgette PARE (BGP) : J’ai commencé ma carrière en octobre 1989. D’octobre 1989 à Octobre 2009, cela fait exactement 20 ans que je fais le cinéma.
J’ai fait des études d’attaché de presse. J’ai ouvert une maison de communication appelée “casting communication”. “Pour tout vous dire, je n’ai pas ouvert cette maison pour répondre au besoin seulement du cinéma, mais c’est une activité liée au profil de ma formation qui est la communication. Partant de là, j’essaie de marier le cinéma et la communication, deux domaines dans lesquels j’ai évolué depuis un certain temps.

Art. : Est-ce une suite de Casting –Sud, un de vos anciens projets ?
BGP : Oui ! on peut dire que c’est un prolongement de casting –sud dont l’objectif était au départ de promouvoir les comédiens africains. A l’époque, j’ai même réalisé un répertoire de comédiens de l’Afrique de l’Ouest Francophone. Le répertoire est toujours là; sauf qu’il nécessite d’être réactualisé. Casting –Sud, n’ayant pas eu les moyens nécessaires pour son fonctionnement et voyant aussi le balbutiement de notre cinéma, j’ai dû raisonner autrement en mettant l’accent sur d’autres domaines plus prometteurs.

Art : Beaucoup de jeunes veulent faire carrière dans le cinéma; mais ils sont hésitants parce qu’ils se demandent si le cinéma est encore rentable. Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que le métier de comédien est comme un ange au paradis ?
BGP : Ah non ! Pas comme un ange au paradis. Aucun métier d’ailleurs n’est facile. Je peux dire à la limite que les autres métiers sont plus ou moins organisés. Le mal de notre cinéma est qu’il n’est pas organisé; il n’est pas structuré. Notre cinéma, j’allais dire, est un peu platonique. Nous le faisons parce que nous l’aimons, nous le faisons par amour pour ce métier. Du fait de cette absence de structuration, chacun, tout au long de la chaîne, ressent durement le coup. Je pense surtout aux comédiens qui font le gros boulot du cinéma et qui sont les “grands laisser” pour compte dans ce métier. C’est vraiment dommage. Ce sont les comédiens qui font le cinéma, ce sont les acteurs qui donnent un corps à un film malgré toutes les actions qui sont préalablement mises en place comme l’écriture du scénario, la recherche de financement etc. Sinon, Il n’est pas donné à n’importe qui d’être acteur. C’est un métier qui a son pesant d’or.

Art : Voulez-vous parler de la faiblesse des cachets ?
BGP : Mais ce n’est un secret pour personne ! Les cachets ne sont pas consistants parce que les budgets ne sont pas aussi consistants. Notre cinéma n’arrive pas à s’auto-produire; il a toujours été un cinéma de subvention. Mais une fois qu’on arrête les subventions, que voulez-vous qu’on fasse ? Il n’y a plus d’argent pour faire du cinéma. Les banques ne prêtent pas ; nous n’avons pas non plus de mécènes ; l’Etat fait ce qu’il peut. Et comme nous aimons le métier, les réalisateurs font les films avec les moyens de bord. Avec un tel décor, nous ne pouvons que tomber du coup dans” l’à peu-près ”

Art : Qu’est-ce que le cinéma a apporté pendant 20 ans à la comédienne Georgette ?

georgette2.jpgBGP : Peut-être une certaine notoriété !. Je dis bien une “certaine ” …Véritablement, je parlerai de « plaisir ». En effet, c’est le plaisir que j’ai eu en faisant le cinéma. S’agissant même de la notoriété dont je vous parle et que je mets entre griffe, je dirai qu’on est célèbre seulement pour le mot. C’est vrai, nous avons la sympathie et le sourire des gens… , quelques portes nous sont ouvertes (mais ce n’est pas toutes les portes)…., les gens sont heureux quand ils nous rencontrent…, C’est très réconfortant pour l’actrice que je suis. Mais ça s’arrête là. Nous sommes célèbres, mais nous avons aussi les poches vides !.

Art : Comment appréciez-vous la situation actuelle du comédien burkinabé ?
BGP : Franchement, après 20 ans dans ce métier, je trouve que de plus en plus la situation du comédien burkinabé est critique. De manière globale et avec un peu de recul, je dirai qu’ il n’ y a pas que les comédiens seuls qui ont des problèmes dans le cinéma. C’est l’ensemble de la chaîne qui est malade. Pour que le cinéma puisse réellement redémarrer, il va falloir de nouvelles assises pour notre cinéma. Sans de tels cadres, je crois que nous allons inéluctablement dans le mur.! Ce qui est dommage pour notre cinéma ! Ailleurs, bien qu’il ait les mêmes difficultés, la gestion du cinéma est tout à fait différente .

Art. : Vous tenez les premiers rôles dans la plupart des films que vous joués. Dans le rôle de quel personnage vous vous plairez le mieux ?
BGP : Vous savez, quand un réalisateur me fait appel pour jouer dans un film, l’important est de lire d’abord le scénario. Il y a des scénarios qui vous captent dès la première lecture. Je me rappelle qu’avant de jouer “la nuit de vérité “de Fanta NACRO, c’est exactement comme ça qu’elle a procédé. Quand j’ai lu le scénario, j’ai opté pour “la femme du chef Rebel”. C’était de l’avis aussi de Fanta. Il en est de même du dernier film dans lequel j’ai joué “une femme pas comme les autres”. Dans ce film précisément, le personnage de la femme aux 2 maris m’a tout de suite emballée dès les premières lectures.

Art. : Seriez-vous prête un jour à jouer des scènes de nudité ? Selon un comédien burkinabé, aucun réalisateur n’a encore osé aborder cet aspect .
BGP : Les réalisateurs ou les producteurs burkinabé n’ont pas encore un budget pour de tels films. Je crois que c’est pour cette raison que personne ne fait un film dans ce sens. (sourire).

Art. : Parce qu’un film du genre va couter très cher ou quoi ?
georgette3.jpgBGP : Mais Bien sûr ! qu’est-ce que vous croyez ? Etre nu ! on ne l’est pas nu pour rien ! le cinéma en lui-même coute combien ? Il n’est pas donné à n’importe qui de faire du cinéma. On ne peut pas faire un film si on n’est pas sûr de le rentabiliser. Le cinéma est un business. On ne fait pas un film comme nous le faisons au Burkina, juste pour le plaisir!. C’est bien de le faire par amour mais et après …? et a..près…? Ailleurs, c’est du cinéma commercial. Avant que le film ne soit projeté, les gars ont déjà tout vendu parce que le retour sur investissement est garanti. Dans de pareilles conditions, aucun comédien n’hésitera à jouer nu.

Art. : A vous entendre, le cinéma burkinabé ne se porte donc pas très bien ?
BGP : Je suis désolée de vous le dire. Je crois que non ! Avant, le cinéma au Burkina se portait bien. Mais aujourd’hui, à mon humble avis, le cinéma au Burkina se porte mal. Je préfère encore le cinéma d’hier plutôt que certains films d’aujourd’hui. Je peux me tromper !

Art. : Les raisons sont où ?
BGP : Mais c’est ce que je vous ai dit . Les raisons sont dans cette absence d’organisation. Ce n’est pas une question d’inspiration mais c’est plutôt une question de moyens. Pour qu’on déploie ces gros moyens, il faut qu’en amont, il y ait un scénario de rentabilisation. Il n’ y a qu’au cinéma où nous voyons des gens sortir de centaines de millions sans s’inquiéter de la rentabilisation. Il n’ y a qu’en Afrique qu’on voit des gens investir des millions dans le cinéma tout en sachant qu’ils ne vont jamais le rentabiliser. Vous imaginez ça ! Je ne vois pas non plus cette banque ou cet opérateur économique qui va financer des projets dont ils ne sont pas sûr du rendement. Un film n’a d’intérêt que si tu es sûr de récupérer ton investissement .

Art. : Votre dernier mot
BGP : Je rêve d’un cinéma structuré et bien organisé. Un cinéma qui soit une véritable industrie et un tremplin pour toutes les structures qui gravitent autour. Le mot qui me vient à l’esprit lorsque je pense à notre cinéma, c’est le mot “business”. C’est dommage que nous ne faisons pas de notre cinéma un “business”. Nous produisons des films pendant que nos salles se ferment. Mais attendez ! pourquoi fonctionnons – nous toujours à l’envers ? Pendant que les salles se ferment, nous continuions de produire les films ! pour qui ?
Sans jeter la pierre sur qui que ce soit, Il va falloir mettre en place un système fiable avec toute la rigueur que cela implique. Autrement, notre cinéma est en pointillé !
Mon contact : castingsud@yahoo.fr

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