Ben Hamed OUEDRAOGO/Big Ben

Ben Hamed OUEDRAOGO/Big Ben

Notre invité du jour est un acteur culturel qui exerce le métier depuis plus de 15 ans. Il s’agit de Big Beng, l’homme au multiple facette. ArtistesBF est allée à sa rencontre pour en savoir davantage sur sa petite histoire dans le milieu culturel.

Je m’appelle Ben Hamed OUEDRAOGO. J’ai 39 ans

Producteur et animateur à la Rtb depuis bientôt 15 ans, je suis chargé de réfléchir sur des concepts et de les proposer à la Direction de la Télévision. Je suis aussi charger d’animer la plupart des grands formats c’est-à-dire les grands évènements organisés par la Télévision Nationale. (Les Directs). Je suis aussi Maître de Cérémonie, animateur de spectacle et parallèlement à ces activités, j’évolue dans le monde du Show biz.

Artistesbf (Artbf) : Adama SIBONE, un de vos collègues,  à force de se frotter aux artistes ou de les admirer, (nous n’en savons pas trop)  a fini par trouver son bonheur dans la musique. Peut-on dire que Big Ben se prépare aussi à un tel projet ?

Big Ben (B.B.) : La réponse, c’est non ! J’aime toujours chanter sous la douche. Je suis conscient que je n’ai pas la voix pour la musique.

Artbf : Il ressort qu’au Burkina, dans le milieu surtout du Show Biz, il faut être “un branché” pour participer aux spectacles, aux défilés de mode, se faire une promotion dans les journaux, participer à des émissions télévisées. En d’autres termes, si vous n’avez rien à offrir aux organisateurs de spectacles, vos talents ou vos projets vont pourrir dans les tiroirs. Quelle est votre opinion ?

B.B.  : Si je comprends bien  la question, vous voulez parler de corruption ? Le mot est faible ! Appelons donc  le chat par son nom. Un chat est un chat ! Je pense qu’il y a tellement de discours à ce sujet. Or, à regarder de très près, c’est une tempête dans un verre d’eau. Vous voyez,  chacun est venu dans ce milieu avec son expérience. Pour ce qui me concerne, je me vois mal dans le cadre de l’exercice de mes fonctions, en train d’exiger quelque chose à un artiste. En Europe, nous savons comment les choses se passent. Là-bas, quand vous êtes invités sur un plateau, c’est la télévision qui vous rémunère. C’est dommage qu’ici  les choses soient à l’envers. Dans tous les cas, je crois que notre milieu n’est pas plus corrompu qu’ailleurs; loin s’en faut !

Artbf : Concrètement, comment le citoyen Lambda peut-il  participer une émission  comme “ça se passe à la Télé” ?
B.B.  : Merci de me donner l’occasion de répondre à la question.  Pour participer à l’émission “ça se passe à la Télé” en tant qu’artiste, c’est simple comme bonjour. La Télévision Nationale est comme le miroir du Pays. J’ai souvent échangé avec  les artistes à ce sujet. Je les ai  toujours conseillé  de jouer en temps  réel  c’est-à-dire en acoustique ou en” live”. Il faut vraiment reconnaître que le “Play back” a donné aujourd’hui naissance à une génération de faux chanteurs. Je n’ai rien contre ceux qui s’adonnent au “playback”. Mais c’est une triste réalité. Quand vous écoutez certaines musiques (surtout celles de nos sœurs), elles sont comme des animations, des tentatives de chants entremêlées à 95% de voix masculines. Et Quand vous demandez : “à qui appartient cet album ?”, on vous répond : ” c’est l’album d’une telle ” comment, peut-on être fier de dire cela; de revendiquer  un album dans lequel, vous n’avez prêté que 5% seulement de votre voix féminine?  Mais c’est incroyable ! Soyons sérieux !
B.B.  : Je reviens encore sur le problème de la corruption parce que je sais que les gens en parlent. Les gens pensent que  les  artistes nous donnent à manger. Mais c’est une erreur ! Et si c’était le contraire ?  Je peux vous dire sans fausse modestie que j’ai toujours été généreux à l’endroit des artistes plutôt que l’inverse.

Artbf : Lors d’une émission “ça se passe à la télé”, certains artistes en présence de nombreux managers affirmaient que jusque-là rien n’était fait pour promouvoir ou aider la musique burkinabé. C’était en fin Août 2009. Comment réagissez-vous à de tels propos quand on sait que des événementiels comme le “Kundé”, les émissions cocktail”, le Reemdoogo sont des cadres propices pour propulser notre musique.
B.B.  : On est dans un pays où les gens passent le plus clair de leur temps à se plaindre  malgré les efforts qui sont faits tant au niveau gouvernemental qu’au niveau du privé. Il serait hypocrite de dire que tout va mal. Nous avons fait de grands pas en matière de musique. First, le Burkina Faso est l’un des rares pays au monde où le ministère de la Culture vote un budget pour produire des artistes et assurer leur promotion. Cela n’existe nulle part ! Ce n’est donc pas vrai de dire que rien n’est fait. Ce n’est pas plus  rose ailleurs. Secundo, nous avons aujourd’hui  le “Kundé”, les Disques d’Or, de grands arrangeurs  et de grands managers qui sont tous impliqués dans la promotion des œuvres artistiques Je ne citerai pas de noms; mais vous savez que les artistes qui chantent bien, ceux qui ont de vrais  talents vivent bien de leur art.

Artbf : Parlant justement d’arrangeurs, certains pensent que nous n’avons que de petits arrangeurs qu’il faut sérieusement former si nous tenons à garder le cap de notre musique qui a si bien décollée. Qu’en pensez-vous ?
B.B.  : Ce n’est pas vrai ! Victor DEME a été produit au CENASA (Burkina Faso).

Artbf : Ben, vous êtes bien placés pour nous dire ce qui manque à notre musique.
B.B.  : Rien ne manque à notre musique ! Seulement, les artistes Burkinabé sont pressés. Ils veulent tout ! Tout de suite et maintenant ! Je note que notre musique progresse. Mais ceux qui sont tout le temps “calés” dans les maquis et qui n’aiment écouter que les “coupé-décalés” ne peuvent pas sentir cela. La musique n’est pas le fait de porter des pantalons “jean” serrés avec des dryades sur la tête. La musique est un métier plus sérieux que ça !

Artbf : Que faire pour aider les jeunes talents ?
B.B.  : Un artiste musicien  doit d’abord savoir chanter. Aller ensuite à la conquête du public  en chantant dans les orchestres de quartier. Après ce parcours, l’artiste peut enfin aller en studio. Mais que constatons-nous aujourd’hui ? Monsieur l’artiste fait sortir un clip. Après avoir fait le tour de la ville et après l’avoir surtout présenté aux “Go”, Monsieur va bomber la poitrine et proclamer partout et à qui veut l’entendre : ” on fait la musique mais on ne nous aide pas ! “. Écoutez !  Il faut que nous ouvrions l’œil ! Nous nous plaignons tellement au point que nous oublions que le Burkina a bien des priorités et qu’il ne peut pas voter des milliards rien que pour les artistes encore moins, pour les artistes musiciens qui passent leur clair temps à s’asseoir devant le CENASA. Prenez l’exemple sur Bil  Aka KORA. Combien de fois le trouve –t-on assit devant le CENESA ? Je crois qu’il appartient à chacun de jouer sa partition. Si vous voulez un bon manager, un  bon producteur, un bon arrangeur, il faut que vous soyez d’abord vous-même un bon musicien. Chacun doit savoir que la terre promise se trouve de l’autre côté du désert !

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