Dans le contexte de la crise sécuritaire que traverse le Burkina, quel pourrait être le rôle de la femme burkinabè, en termes d’engagement à l’orée de 2023 ? C’est tout l’essentiel des échanges que nous avons eus avec Nestorine SANGARE, présidente du centre de recherche et d’intervention en genre et développement (CRIGED).
ArtistesBF (ArtBF) : Quelle est aujourd’hui votre lecture sur le combat de la femme dans le cadre de son autonomisation financière ?
Je dois vous dire que le milieu associatif féminin burkinabè fait déjà beaucoup. Et ces dernières années, de nombreuses associations ont accompagné l’autonomisation économique. Des produits sont transformés localement par les femmes; c’est vraiment extraordinaire !
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De nombreux exemples d’associations féminines qui font un travail vraiment de qualité sont palpables. Mais à côté, les moutons noirs ne manquent pas. Avec la phase d’emploi, le manque de perspectives, certaines personnes qui n’arrivent pas à se trouver des points de chute créent des associations qui deviennent comme des biziness personnels. Certaines ont eu du succès et dans d’autres, il reste encore à faire. L’un dans l’autre, il y a de l’exploitation et des insuffisances qu’il faut travailler à corriger. Et avec le contexte sécuritaire, les violences à l’égard des femmes ont augmenté.
Mais nous restons optimistes parce que les femmes ne vivent pas isolées. Les problèmes qui touchent la société affectent davantage les femmes à cause de leur statut social. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons baisser les bras. Nous continuons de nous battre, d’imaginer des solutions.
ArtBF : Comment voyez-vous le rôle de la femme burkinabè à l’orée de 2023 et dans ce contexte sécuritaire ?
Même si on ne le dit pas, il faut savoir que ce sont les femmes qui tiennent le pays. Nombreux sont les hommes qui n’ont pas d’emplois ou qui ont quitté leur famille. Ce sont les femmes quotidiennement, jour et nuit qui travaillent et qui apportent quelque chose à manger à la famille. 2023, bien plus que les années antérieures, verra les femmes à l’œuvre. Ceux qui disent qu’ils ne perçoivent pas l’engagement des femmes, c’est parce qu’ils n’ont pas regardé au bon endroit.
Nous avons l’impression que les femmes sont absentes. C’est parce qu’elles sont dans le ménage pendant que les hommes sont dans les maquis. Ce sont les femmes qui inventent les solutions pour le Burkina de demain.
2023, quelles que soient les tendances que prendra la lutte contre l’insécurité, les femmes resteront à l’avant-garde et débout.
Il faut saluer les femmes, les encourager mais surtout les valoriser parce qu’elles ne demandent pas à être payées pour ce que qu’elles font. Mais que la nation au moins leur soit reconnaissante pour le rôle capital qu’elles jouent dans la préservation des familles, dans l’éducation, la protection, la surveillance des enfants et dans l’accompagnement des hommes dans cette période difficile.
2023, les femmes seront à l’avant-garde de la lutte, du soutien humanitaire, de la solidarité avec de petites initiatives en attendant les Grandes solutions des hommes (rires).
ArtBF : Quel est votre vœu pour la patrie ?
(Soupir). Mon vœu pour le Burkina ! Je veux que mon pays redevienne comme avant. Qu’on retrouve la paix, la joie de vivre, le rire collectif et le sourire individuel. Je souhaite que notre pays retrouve son âme. Face à l’adversité, que nous nous serrons les coudes quel que soit le problème.
Je souhaite retrouver le Burkina d’antan en meilleure forme. On ne peut pas retourner dans le passé, mais on peut construire quelque chose de mieux.
Mon rêve, est qu’on reconstruise ce Burkina qui est un pays de paix, de solidarité, de concorde, de pardon et du vivre ensemble pacifique.
Patrick COULIDIATI
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