Culture : L'artiste burkinabè, de la gloire au calvaire

Culture : L'artiste burkinabè, de la gloire au calvaire

Créateur ou interprète d’œuvres d’art, musicale, de personnage cinématographique ou théâtral, l’artiste par définition, est libre de sa pensée. A tort ou à raison, il est souvent considéré comme quelqu’un qui dérange ou qui remet en question un soi-disant un ordre préétablit. Et pourtant, il est véritablement celui qui dit haut ce que les autres pensent tout bas, celui à qui le politique fait recours lorsque la société va mal. Adulé par le public, il est en temps de paix comme en temps de guerre,celui qui tisse le courage et fait rêver son peuple pour presque rien en contrepartie.

Enquête : Si dans certains métiers comme l’enseignement, la santé, la poste ou dans bien d’autres emplois de la fonction publique,le travailleur bénéficie d’une visite médicale et d’une retraite méritée, le métier d’artiste lui, souffrirait jusque-là de dispositif légal à même de lui garantir une retraite paisible.

Le futur car de la mutuelle de santé des artistes du Burkina

Qu’en est -il de l’artiste qui, après ses années de gloire pendant lesquelles, il a chanté, fait danser, fait rire ou amusé le public devient inactif  pour des raisons de vieillesse ou de maladie ? Comment est-il pris en charge par la société ou par sa faîtière ?

 

Qu’en est -il de l’artiste qui, après ses années de gloire pendant lesquelles, il a chanté, fait danser, fait rire ou amusé le public devient inactif  pour des raisons de vieillesse ou de maladie ?

C’est autant de questionnements que nous avons voulu aborder avec quelques acteurs de la culture, témoins ou victimes d’une situation qui s’assimile à un manque de solidarité.

Lire aussi : une mutuelle de santé, comme solution à la précarité vidéo.

A cet effet, nous avons rencontré six (06) artistes de divers domaines notamment, de la musique, du théâtre et du  cinéma. Parmi ceux-ci, trois (03) seraient manifestement dans un besoin de soutien moral, psychologique et matériel. Malheureusement, la solidarité tarde et se fait timide…

Les raisons possibles

Pour Serge Martin BAMBARA/ SMOCKEY, « Les artistes sont tous comme un peu à l’image de leur société et il faut des efforts dans tous les domaines. Mais il appartient surtout à leur ministère de tutelle de faire en sorte qu’il y ait un minimum d’assurance et de sécurité sociale pour les artistes et les travailleurs du monde culturel »

 

Rasmané OUEDRAODO Alia RASO : Comédien

« Je m’exprime en tant que comédien et je peux dire que je suis dans un milieu qui, par nature est individualiste.  Même si la solidarité existe, c’est peut-être entre proches, entre amis mais ce n’est pas dans un cadre structuré où nous l’exprimons », s’exclame Rasmané OUEDRAOGO/RASO

 

Selon SamandoulgouInoussa/Fight Lion, Secrétaire Général de la Confédération Nationale de la Culture (CNC),

« c’est l’absence d’une structuration véritable des professions qui fait qu’aujourd’hui, on ne peut pas très bien parler de la prise en charge des acteurs culturels tant au plan sanitaire que professionnel. »

 

Paul ZOUNGRANA, le Président de la Fédération Nationale du Théâtre au Burkina (FNATB) fait également ce constat amère :

 » En matière de sociabilité et de professionnalisation qui ne sont pas seulement que salaire, retraite, santé ou  assurance, rien n’est fait jusqu’à présent à ma connaissance ! Tout est en chantier;il n’y a aucun acte concret de la part de notre ministère de tutelle », a déploré Paul ZOUNGRANA.

Témoignages sur quelques cas malheureux

Seydou BANDE est un artiste comédien. Bien connu aussi bien des planches que  du cinéma est également sollicité pour des scènes de sensibilisation ou pour des clips musicaux. Malgré cette importante sollicitation qui devrait l’épanouir économiquement, Seydou BANDE, cheveux grisés sans doute par le poids des difficultés a fait du jardin des bronziers de Ouagadougou son quartier général. Jusque-là, il attend un soutien qui tarde à venir.

« J’ai ma maison qui est tombée l’année dernière. Le BBDA avait promis de m’aider mais jusque-là rien !Je n’ai jamais reçu une quelconque solidarité venant de quiconque pour des questions de santé. », nous a-t-il confié

Seydou BANDE : Artiste Comédien

 

Revenu de Paris où il a subi une opération du genou droit, Rasmané OUEDRAOGO/RASO est un cas très expressif.  Il affirme avoir assumé tout seul ses dépenses.

« Moi je viens de rentrer des soins. J’ai été faire opérer mon pied. L’os a été remplacé par des prothèses et cela a un coût, un très gros coût que j’ai été obligé d’assumer seul. Mais il a fallu que j’aie des soutiens des parents et de mes propres ressources. Sinon je serai aujourd’hui totalement handicapé. Pourtant, je crois avoir contribué au rayonnement de la culture et du cinéma burkinabè.  Il y a des amis proches qui m’ont aidé. Mais sans eux, je ne serai pas allé à Paris pour l’opération. Si on fait l’historique de ce mal, c’est sur le terrain que j’ai eu ce problème. Mais je me retrouve seul à me soigner.  Donc, je suis un cas très expressif de cette situation-là. », a déclaré avec amertume Rasmané OUEDRAOGO

Et la liste des cas malheureux qui attendent une éventuelle solidarité est loin d’être close. Paul ZOUNGRANA nous évoque le cas d’une comédienne danseuse.  » La personne en question a des troubles de santé en ce moment. On l’avait déjà soutenue. Mais il y a eu des rechutes. A l’heure actuelle, il y a même une campagne de fonds qu’on a demandé pour s’occuper d’elle. Il suffit quand même d’une bonne solidarité pour qu’elle soit réellement prise en charge ; qu’elle puisse avoir les médicaments régulièrement et que tout revienne à l’ordre pour qu’elle puisse poursuivre son métier.  Les actes de solidarité ponctuels, ça existe ! « , nous rappelle l’homme de la FNATB.

Et pourtant… La comédienne en question (dont nous taisons volontairement son nom) qui est admise à l’hôpital pour des soins ne se souvient de rien. Cette dernière à qui nous avons rendue visite dit n’avoir reçu aucun soutien. « Depuis mon admission, je n’ai reçu la visite que de deux amies artistes dont Eudoxie et Alima Nikièma », se rappelle-t-elle.

Joseph Stéphanie OUATTARA

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