L'opposition ivoirienne va former «un gouvernement de transition»

L'opposition ivoirienne va former «un gouvernement de transition»

L’opposition ivoirienne a annoncé lundi la création d’un «Conseil national de transition», dirigé par l’ex-président Henri Konan Bédié. Elle entend former un «gouvernement de transition» après la présidentielle émaillée de violences qui ont fait au moins neuf morts.

«Le Conseil national de transition aura pour mission de préparer le cadre d’une élection présidentielle juste transparente et inclusive (…) et de convoquer des assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix définitive en Côte d’Ivoire», a affirmé l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, au nom de toute l’opposition au chef de l’Etat Alassane Ouattara. Jugeant «anticonstitutionnelle» la candidature du président sortant à un troisième mandat, l’opposition a «constaté la vacance du pouvoir exécutif avec la fin du mandat présidentiel d’Alassane Ouattara».

Victoire écrasante attendue

Sans réel adversaire en raison du boycott de l’opposition, le chef de l’Etat devrait s’imposer par un score écrasant lors de la présidentielle de samedi, notamment dans le nord du pays qui lui est traditionnellement acquis. Ainsi, selon les premiers résultats, il a obtenu 98% des voix à Korhogo, la capitale du Nord, avec 88% de participation.

L’opposition avait déjà appelé dimanche à une «transition civile» et «à la mobilisation générale des Ivoiriens pour faire barrage à la dictature et à la forfaiture du président sortant». Mais le parti au pouvoir a riposté en mettant en garde l’opposition contre «toute tentative de déstabilisation».

Maisons incendiées

Des violences secouent le pays depuis le vote alors que les résultats sont annoncés au compte-gouttes par la commission électorale indépendante. Elles passent presque systématiquement du champ politique à l’affrontement inter-ethnique. Selon un décompte de l’AFP, au moins neuf personnes sont mortes dans le sud depuis samedi.

Lundi soir, des détonations provoquées par des individus non identifiés, et qui n’ont fait aucun blessé, ont résonné devant les domiciles à Abidjan de quatre leaders de l’opposition, qui avaient annoncé vouloir former un gouvernement de transition selon leurs témoignages et des habitants.

A Toumodi, près de la capitale politique Yamoussoukro (centre), «quatre personnes de la même famille» sont mortes dimanche dans l’incendie de leur maison lors de troubles, a affirmé un proche de la famille. «Une dizaine de maisons ont été brûlées. Deux camions aussi. Des restaurants, boutiques maquis (restaurants-bars à ciel ouvert) ont été cassés».«Notre crainte c’est que les jeunes d’ici (ethnie baoulés, réputée proche de l’opposition) ne veulent pas laisser ce crime impuni et s’attaquent à eux (les Dioulas, originaires du Nord pro-Ouattara)», a précisé un habitant.

Selon des sources locales interrogées par l’AFP, il y a eu trois morts dans le centre du pays: un à Téhiri, près de Gagnoa, fief de l’ex-président Laurent Gbagbo, un à Oumé et au moins un à Tiébissou. Le maire de Tiébissou, Germain N’Dri Koffi, a même fait état d’un bilan de «quatre morts» dans sa commune.

Un scrutin peu crédible

Si la mission d’observation de l’Union africaine estime que «l’élection s’est déroulée de manière globalement satisfaisante», le Centre Carter est beaucoup plus critique: «le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible».
«Le scrutin a été marqué par un grand nombre d’incidents et un environnement sécuritaire volatile (…), l’organisation du vote a été fortement impactée avec, à minima, 1052 bureaux de vote (sur un total de 22’000) comptabilisés par nos observateurs qui n’ont jamais pu ouvrir», selon le rapport.

La mission d’observation de la Cédéao souligne pour sa part que «la montée de l’insécurité dans la période pré-électorale a créé une psychose». Avant le scrutin, une trentaine de personnes étaient mortes dans des violences depuis l’annonce en août de la candidature de M. Ouattara.
Des milliers d’Ivoiriens avaient quitté les grandes villes pour «aller au village», anticipant des troubles, dix ans après la crise qui avait suivi la présidentielle de 2010, faisant 3000 morts, à la suite du refus du président Laurent Gbagbo, qui était au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite face à M. Ouattara.

Source :  le temps.ch

 

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