Culture : Les Contes de Mariam OUEDRAOGO

Culture : Les Contes  de Mariam OUEDRAOGO

Les contes jadis narrés par nos parents au clair de lune et autour d’un feu de bois s’écoutent rarement aujourd’hui. Et pourtant, Il serait l’élément le plus connu de la tradition orale.  Généralement défini comme un récit d’aventures ou d’histoires imaginaires à vocation didactique, le conte reste l’un des meilleurs canaux pédagogiques pour éduquer. C’est conscient de cette valeur culturelle que Mariam OUEDRAOGO, Enseignante et chargée de Mission au Ministère en charge de la culture a décidé de mettre sur support CD quelques meilleurs contes du terroir Moaga afin de sauvegarder ce pan de la culture africaine en rude concurrence avec la modernité.

Dans cet entretien, l’auteur de “Il était une fois… Contes et Légendes” revient sur l’importance des contes et sa véritable motivation de produire des contes

Mariam OUEDRAOGO (M.O) : Je me nomme Madame Ouedraogo Mariam. Je suis de profil enseignant. J’ai commencé au niveau du primaire. J’ai enseigné quelques années avant de me retrouver au niveau de l’administration universitaire. J’ai enseigné au Lycée Bogodogo avant de me retrouver avec le professeur Kigba au niveau de son cabinet comme chargée de mission et avec l’acquisition…. Je me suis retrouvée comme beaucoup de mes collègues au niveau du MENA. Par concours de circonstance, je suis actuellement au niveau du ministère en charge de la culture.

Quelles sont vos missions au niveau du ministère de la culture ?

Au niveau du MCAT, je suis au niveau du cabinet du ministre SANGO. Nous nous soutenons comme nous pouvons. Je suis chargée de mission. Mes tâches, c’est vraiment le soutien au ministre dans ses activités quotidiennes.

Il nous est revenu que Madame a produit de belles œuvres. De quoi s’agit-il ?

Il s’agit surtout d’une belle œuvre. C’est un album de deux contes que j’ai essayé de compiler afin de pérenniser ce pan de notre terroir qui tend à disparaître.

Comment l’inspiration vous est venue en dépit de vos charges au MCAT de faire des contes ?

C’est un constat simple. Je me suis rendue compte que les contes que j’ai appris au clair de lune avec certains de mes camarades d’enfance tendaient à disparaitre. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose en procédant notamment par la collecte des informations. Peut-être qu’en commençant d’autres pourraient aussi imiter mes pas. Et ainsi, nous pourrions laisser quelque chose, des traces  à la génération future pour contribuer à la préservation de notre patrimoine.

Dans quelle région du  Burkina avez-vous axé vos  recherches ?

C’est dans le terroir Moaga. J’ai grandi et évolué en son sein. Ce sont des contes que j’ai appris au clair de lune avec les aînés et les parents. C’était de l’oralité, de père en fils et de mère en fille. Nous l’avons appris comme ça, sur le tas et de bouche à oreille. Et j’ai décidé de les ressusciter.

Dans quels genres classez-vous ces contes ?

Ces contes peuvent faire revivre des souvenirs aux anciens mais aussi éduquer la jeunesse en perte vraiment de valeur et de mœurs. Comme c’est audiovisuel, on écoute et on regarde. Avant , on écoutait les contes et il fallait avoir une mémoire d’éléphant pour pouvoir tout retenir. Mais là, c’est en audiovisuel sur support CD.

Pourquoi avez-vous choisi ce support CD ?

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte où le progrès est synonyme de numérique. Nous sommes à l’ère du Numérique, on ne peut pas s’y dérober. Ce que nous avons eu la patience d’apprendre à l’oralité, peut pas être évident avec la jeune génération. Donc je me suis dit qu’il fallait évoluer avec leur tendance :  Apprendre par l’audio et par la vidéo. Avec ce format, ils peuvent écouter et regarder en même temps. Et comme c’est ce que les jeunes aiment le plus (audio-vidéo), ils retiennent plus facilement. La collecte c’est aussi cela. Les devanciers qui nous ont transmis ces valeurs sont en train de disparaître et s’il n’y a pas de gens ou de support pour assurer la relève, c’est un pan de notre culture qui disparaît.

Comment avez-vous été accompagnée dans cette production audiovisuelle ?

Vraiment chapeau à la RTB car c’est elle, qui a fait toute la production et toute la réalisation. Je dis merci à Monsieur BAZIE qui a  été l’homme-orchestre de ce  projet.

Dans quel cadre peut-on classer cette œuvre?

Avec la classification du BBDA, c’est une œuvre de contenance au niveau des œuvres dramaturges.

Quels sont les contes qu’on peut retrouver dans ce support ?

C’est essentiellement deux contes. Le premier conte s’intitule “Katr yӑo- Beedo”,  qui signifie en français la gourmandise de l’hyène.

Le second c’est “A wibga”, c’est le surnom d’une fille qui était excessivement rapide. Une très diligente.

Quel est la moralité de ces deux contes ?

Le premier conte porte sur la gourmandise de l’hyène. La gourmandise est un vilain défaut, c’est un vice.  A cause de la gourmandise, on peut priver des personnes du minimum. Deuxièmement, on s’empiffre et on peut succomber à force de gourmandises. Dans ce conte on retrouve deux personnages ou du moins, les deux compagnons de toujours. Il s’agit de l’hyène réputée pour sa gourmandise ou sa sottise et le lièvre, pour sa grande ruse.

Pouvez-vous nous conter un des contes de votre support ?

Si je prends le conte de la fille diligente. Ce sont des histoires que j’ai contées en Langue mooré.

“WIBGA” est une fille très rapide. Elle vivait avec ses parents. Le matin, avant même que ses camarades se réveillent, elle avait déjà fini ses travaux domestiques y compris les travaux de l’après-midi.  Tellement WIBGA” était diligente, qu’il eût fallu lui trouver un compagnon de sa trempe. D’où l’adage populaire qui dit que ” qui se ressemble, s’assemble”. Quand le ton fût donné de lui trouver un jeune homme aussi rapide, les jeunes du village, chacun selon ses capacités se sont positionnés. Malheureusement, WIBGA” la plus rapide n’a pas trouver son égal.

Alors, elle décida avec autorisation parentale d’aller à la conquête du mari idéal. Bien entendu, ses parents en retour lui apportèrent toutes leurs bénédictions. Chemin faisant, pendant quelques heures de route et en pleine brousse, elle rencontra un homme du nom de TIGA, visiblement bouleversé pas sa beauté. – « élégante fille”, Que faites-vous en pleins bois perdus ? » . Elle lui répondit « c’est vrai que je suis ravissante, mais ce n’est pas ma beauté qui m’a conduite ici.  Je suis ici à la recherche d’un compagnon de vie ». Et chacun des deux aventuriers vanter ses exploits. Et voilà que le ciel s’assombrit tout d’un coup à l’horizon, de toute sa couleur foncée, le ciel se confondait au sol et une pluie s’annonçait inéluctablement ….”

Combien coûte le CD ?

Le CD coûte 5 000 FCFA. Il y a quelques dépôts au niveau du musée national et à la direction universitaire.

A quand le deuxième album de contes ?

Le tome 2 est déjà en cours et il est  déjà bien propulsé.

Je profite de cet instant pour vous faire un clin d’œil. Merci pour cette approche

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY

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