Au Ministère de la culture et du Tourisme, c’est le ” no bouging”. Les acteurs de la culture sont fâchés du fait de la nomination d’Adama SAGNON comme Ministre de la Culture et du Tourisme. Ils étaient réunis depuis hier 24 novembre 2014 devant le dit ministère pour se faire entendre par qui de droit. Les manifestations ont repris le 25 novembre avec cette fois plus de détermination, de précision et d’orientation dans la lutte.
“Les Artistes sont fâchés parce qu’ils ont été négligés” pour paraphraser Alpha BLONDY dans sa chanson Multipartisme.
Ils étaient très nombreux ce 25 novembre à manifester leur mécontentement devant un ministère aux portails fermés et sur lesquels étaient écrits les messages suivants : “le MTC n’est pas un dépotoir”, “on n’a pas oublié Norbert ZONGO”.
Comme si cela ne suffisait pas, ce sont des slogans du genre “SAGNON va partir et il partira”, un refrain repris en chœur et harmonieusement accompagné par les sons de sifflets. En tout cas, le décor était bien planté ce matin du 25 novembre (date anniversaire du CMRPN ). Il y en avait de toutes les expertises : les concepteurs, les idéologues, les rédacteurs, les maîtres de cérémonie, les DJ pour l’animation et ceux qui prestaient en Play back pour tenir le public en haleine.
Le rassemblent ce 25 novembre 2014 a particulièrement été marquée par la lecture d’une déclaration dite “DECLARATION DU MONDE DE LA CULTURE, DES ARTS ET DU TOURISME” . Ce texte lu par Rasmané OUEDRAOGO, reprend point par point les griefs reprochés à Monsieur SAGNON dont notamment, sa gestion chaotique du Bureau Burkinabé du Droit d’Auteur (BBDA), sa condescendance vis à vis des acteurs culturels, sa méconnaissance des enjeux culturels et sa compromission dans le dossier du Journaliste Norbert ZONGO” au moment où il était procureur du FASO.
Au regard de l’ampleur de la manif, une rencontre était prévue avec le Premier Ministre ZIDA ce 25 novembre à 11h 30 pour échanger sur la question. La suite, nous la connaissons déjà ! Les acteurs de la culture ont eu gain de cause, puisqu’au Journal télévisé du 13h 15, le Ministre contesté rendait effectivement le tablier; une solution sage et salutaire qui a contribué énormément à refroidir les chaudières en pleine ébullition depuis 48h. C’est d’ailleurs ce à quoi les travailleurs de la culture s’attendaient . Voici quelques propos recueillis pour vous :
Rasmané OUEDRAOGO, comédien
“Nous avons applaudi comme tous les burkinabé aux critères énoncés par les autorités de la transition pour la nomination des différents responsables gouvernementaux. Parmi ces critères on parle de probité, d’efficacité, on parle de personnes qui ne sont pas trempées dans des crimes économiques et de sang, des personnes qui n’ont pas connus des problèmes de gestion, des personnes qui n’ont pas pris part à la modification de l’article 37 et qui ne sont pas de mèche avec le régime passé; et c’est tout le contraire justement de l’homme qu’on a désigné pour la culture qui est monsieur SAGNON Adama, précédemment Directeur Général du BBDA. Pour la première fois de l’histoire de ce service, les artistes touchent des “maigreurs” permettez-moi l’expression. Donc déjà, cet homme n’a pu gérer le BBDA et c’est à lui qu’on confie le Ministère de la Culture et du Tourisme qui inclut aussi les Arts. Nous pensons qu’au Burkina Faso, il y a assez de compétences, de personnes ressources, d’hommes de culture qui peuvent, connaissant nos dossiers, nos urgences et nos priorités, occuper cette place là et nous permettre en 12 mois tout comme les autres ministères, de présenter un bilan. Voilà pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec cette nomination. Nous ne sommes pas venus pour un bras de fer. Nous sommes là pour dire que nous ne sommes pas d’accord et si nous ne sommes pas d’accord, ça veut dire que c’est un homme avec qui nous ne travaillerons pas. Et ça, on ne peut pas nous l’obliger parce que nous sommes pour la plus part des particuliers et des privés exception faite des agents du Ministère de la Culture. Si nous refusons de travailler avec lui, qu’est-ce qu’il va faire ? Quel travail va-t-il faire ? Quel ministère va-t-il diriger ? A mon avis, s’il est un bon politique, il doit tirer les conséquences. Dans des pays démocratiques civilisés, il doit prendre ses initiatives”
Idrissa OUEDRAOGO, réalisateur :
“C’est un mouvement spontané, qui veut dire qu’à un moment donné, des hommes et des femmes décident de partager la même inquiétude, le même espoir, la même angoisse. C’est vrai que la nomination de monsieur SAGNON que beaucoup de gens ne connaissent même pas suscite des questionnements. Nous ne dénions pas le droit à un gouvernement de choisir ses ministres. Mais ce gouvernement à suscité de grands espoirs pour une jeunesse longtemps restée à l’écart . Donc ce sont des gens qui n’ont jamais pu s’exprimer librement parce que la culture a toujours été le parent pauvre des politiques culturelles. Alors le nouveau gouvernement qui vient de s’installer a tant fait rêver de justice que la jeunesse le prend au mot. Alors quand on amène quelqu’un qui a prononcé un ” NON-LIEU ” dans l’affaire Norbert ZONGO, ça pose forcément un problème. On ne peut pas dire que le gouvernement a fait un mauvais casting; mais si cela est avéré ( en cinéma, ça existe ) Eh bien, on recommence, c’est tout !. Si monsieur SAGNON était extrêmement intelligent, il devrait comprendre qu’il ne pourra pas travailler avec les hommes et les femmes de ce département; il lui appartenait de proposer sa propre démission.”
Le Secrétaire Général du Ministère de la Culture, Jean Claude DIOMA que nous avons rejoint au bureau garde espoir que les autorités de la transition trouveront une solution au problème:
“Nous ne faisons que constater et nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas de débordements. Mais dès lors qu’il y a mouvement de foule et que ça va en s’amplifiant, on ne peut pas toujours présager comment les choses vont se passer. Toutefois, nous ne cessons de leur dire depuis hier, qu’il faut rester dans des proportions raisonnables. Je crois que c’est d’abord les autorités de la transition qui sont les premiers interpellés et qui vont certainement trouver des voies et moyens pour que la situation se calme”
En présentant au Premier Ministre sa démission, Adama SAGNON vient de tracer si besoin était, la voie de l’humilité. Puisse qu’il en soit ainsi pour tous les gouvernants et les hommes de décisions. Que l’humilité et la sagesse habitent en chacun de nous et qu’elles soient en lieu et place de l’orgueil , les vertus cardinales
P.K
