Mariage chez les Dafis: complément d’enquête avec Maurice SAMA, D.G du VAO

Mariage chez les Dafis: complément d’enquête avec Maurice SAMA, D.G du VAO

Le mariage chez les DAFI (Nouna) tout comme celui en pays dioula de Lanfiéra ont une forte ressemblance dans les pratiques coutumières. En effet, suite à notre rubrique sur le mariage chez les DIOULA de Lanfiéra, Maurice SAMA, un lecteur très pointu de cette rubrique mais aussi bien trempé des traditions en pays DAFI a bien voulu nous apporter sa contribution sur le sujet. Ce sont des souvenirs d’enfance certes mais qui sont toujours restés vivaces et bien gravés dans son esprit. A propos donc du mariage coutumier chez les Dioula de Lanfiéra et des dafi de Nouna, Maurice SAMA qui n’est autre que le Directeur Général du Village Artisanal de Ouagadougou (VAO) apporte les informations complémentaires suivantes :


Maurice SAMA, D.G du VAO Maurice SAMA (M.S.) : Je m’appelle Maurice Sama, Je suis SAMO de Tougan dans la province du SOUROU. Mais je suis né et grandi à Nouna dans la province de la KOSSI. Je remercie tout d’abord Madame BARRO qui vous a entretenu sur le mariage coutumier chez les DIOULA de Lanfiéra. Toutefois, je voudrai apporter quelques informations complémentaires sur le sujet car Nouna et Lanfiéra appartenant à la région de la Boucle du Mouhoun pourraient avoir les mêmes coutumes.
Donc, le fait que les filles se marient entre cousins dans cette région, c’est pour qu’en fait l’héritage ne quitte pas le cercle familial.
Quand la femme rejoint son mari, les tantes et les autres parents à la jeune mariée viennent quelques temps plus tard pour préciser la destination des plats. Généralement, chez les Dafis, la jeune mariée doit chaque soir apporter à manger à ses parents; c’est du moins ce que j’ai constaté à Nouna. Le jour du mariage, on a l’impression que la fille est surprise de l’évènement. Elle peut par exemple être en compagnie de ses copines ou être en train de bavarder avec ses amis et c’est en ce moment que des femmes munies d’un tissu blanc, arrivent et lui couvrent la tête. Puis, elles l’emmènent séance tenante.

vao01.jpgArtBF : C’est donc un kinapping ?
Non ! C’est différent d’un kinaping parce qu’elle est consentante.
Autre faits importants : Une fois au domicile du mari, la jeune femme reste à la maison pendant une semaine au cours de laquelle, on s’occupe de sa coquetterie, de son maquillage et tous les autres soins de beauté. Pendant ce temps également, une vieille joue à la sentinelle, elle surveille le jeune couple. Et dès leur première nuit, c’est cette vieille qui, dès le lendemain est chargée de présenter à l’assistance le drap sur lequel le couple a passé leurs premiers rapports. C’est entre autre une manière de témoigner de la virginité de la fille, une façon de dire qu’elle s’est mariée “pure “. Cependant, il arrive des cas où la fille n’est pas vierge; ce qui veut dire qu’elle a déjà connu d’autres hommes avant son mariage. Dans un tel cas de figure, c’est l’un du couple qui se blesse et immacule le drap pour relever l’honneur de la fille et de sa famille. Mais vous convenez avec moi que cela n’est possible que s’il existe véritablement un amour sincère entre le garçon et la fille.

Le “KONGNON FANICO”
Le 7è jour (jour de sortie de la jeune mariée) les copines se retrouvent à la sortie de la ville pour laver les habits du couple. On appelle cette étape “kongnon fanico”. Cette phase est suivie à la tombée du jour de réjouissances populaires. Ainsi, à travers musiques et danses, les copines de la jeune mariée arrivent en chantant jusqu’au domicile du couple. Une fois à la devanture du domicile du nouveau couple, une calebasse est piétinée et mise en morceaux par les marcheuses. A cet instant, chacune s’empresse de prendre un des morceaux de la calebasse cassée. C’est l’étape de “A ka den ka botchai flin kolon” (traduit littéralement en langue Dioula, ” les morceaux de la calebasse cassées serviront à ramasser les selles du futur bébé de la mariée). Tellement ces morceaux sont convoités qu’ils ne suffisent même pas aux marcheuses ! (rires).
Fatim BARRO

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