Le Complexe Ecotouristique "ICHARA" pour accompagner le tourisme interne

Le Complexe Ecotouristique "ICHARA" pour accompagner le tourisme interne

Depuis 2015, le Burkina est en proie aux attaques terroristes.  A cette guerre asymétrique s’est invitée la maladie à Corona Virus qui a plombé tous les secteurs d’activités y compris ceux du tourisme et de la faune. Mais au fil du temps et face à la situation sécuritaire de plus en plus dégradante, les burkinabè se sont montrés résilients.  Ainsi, la création du complexe éco-touristique « ICHARA » à Warmini serait l’une des réponses en vue de sauver le tourisme, la flore et la faune burkinabè. L’initiative est de Noufou COMPAORE, concessionnaire de chasse et par ailleurs SG du Consortium des Concessionnaires des Zones de Chasse et du tourisme de Vision du Burkina.  Comment préserver le patrimoine faunique et touristique aux générations futures ? C’est l’objet de notre entretien avec cet  homme bien aguerri de la question du tourisme au Burkina où les  aires fauniques et touristiques sont aujourd’hui impossibles d’accès dû au terrorisme. 

Tout en lançant un appel aux autorités politiques burkinabè  en faveur du tourisme et de la faune, Noufou COMPAORE  nous fait découvrir  l’histoire  des concessionnaires de chasse du Burkina, le  « Royaume du trophée » et les membres qui composent le « Royaume du trophée ».

 ArtistesBF (ArtBF) : Vous êtes SG du Consortium des Concessionnaires des Zones de Chasse et de tourisme de Vision du BF, pouvez-vous nous en parler ?

Noufou COMPAORE (N.C) : Le royaume des trophées est né pour accompagner justement la reforme de la faune que notre autorité de tutelle en son temps, Feu le Ministre Salif Diallo a voulu.  Il s’agissait  d’aider les concessionnaires à mettre en place une structure pour accompagner les autorités en charge de la faune. Nous avons donc créé le royaume des trophées et il fut dirigé dans un premier temps par Feu El Adji Salif COMPAORE. Mais nous avions également en notre sein, d’autres compétences et doyens tels Feu Daniel Lazare TAPSOBA, Feu Mouni DERMÉ Feu Norbert ZONGO au niveau de la Sissily et Franck Alain KABORE,actuel Président. Ce royaume du trophée regroupait donc la quasi-totalité des concessionnaires des zones de chasse du Burkina. Notre autorité de tutelle a voulu en son temps que les nationaux s’impliquent sérieusement pour s’occuper du patrimoine national. Au départ, nous étions près de 28 concessions que l’Etat avait concédées. Mais actuellement sur les 28, nous ne sommes qu’environ 16 concessionnaires qui continuons à persévérer dans le cadre des aménagements des zones de chasse.

ArtBF : Quelle différence faites-vous entre concessionnaire, pisteur et guide de chasse ?

N.C : Alors, le concessionnaire est celui qui a la concession et qui a signé avec l’Etat pour faire les aménagements nécessaires, amener du personnel tels le guide de chasse, le pisteurs en vue de l’aider à gérer la concession. C’est un Entrepreneur écologique.



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Le Guide de chasse est par contre celui qui connaît au mieux les animaux. Il est capable d’accompagner un chasseur pour faire l’action de chasse. En effet, dans la réglementation au Burkina Faso, il ne faut pas tirer sur une femelle, on ne tire pas sur un animal en gestation,un jeune mature, on ne tire pas en voiture.  Raison pour laquelle on parle de chasse sportive. Il faut pister à la vue des traces et l’approche. Selon toujours la réglementation, on ne commence pas la chasse avant 6h du matin et on ne continue pas de chasser après 18h.

Le pisteur est quant à lui, un natif de la concession. Il connaît bien les traces des animaux et c’est pourquoi, il est commis pour accompagner l’équipe de Chasse.

ArtBF : Il semble que le pisteur, le  guide, le chasseur ou le concessionnaire sont des gens généralement bien « waké » . Partagez-vous cet avis ?

N.C : Les avis peuvent être partagés. Vous savez qu’il y a beaucoup de mystères dans la brousse. Il y a des lois et des principes dans la brousse qu’il faut respecter. Il y a des choses qu’il ne faut  pas faire avant d’aller en brousse. Alors, à supposer qu’à la veille de la chasse, tu te mettes avec une femme jusqu’au petit matin. Ce sont des risques à ne pas prendre parce que vous auriez violé des principes…. C’est un exemple parmi tant d’autres… Il y a des principes et des interdits à observer si tu veux être un bon chasseur, un bon guide ou un bon pisteur.

D’ailleurs,  celui qui est « waké » ne dira pas qu’il est « waké ».

ArtBF : Le Salon de l’hôtellerie (SITHO) ne se tient plus, quelles pourrait être les raisons vous qui êtes membre de la Fédération Patronale des Hôteliers et Restaurateurs du Burkina ?

N.C : Le Salon de l’Hôtellerie et du Tourisme de Ouagadougou (SITHO) a été voulu par notre autorité de tutelle au niveau du tourisme. Pour des raisons organisationnelles, le SITHO n’a pas résisté au temps. Nous étions au départ à la création deu SITHO et on faisait des contreplaqués pour tenir lieu à des stands à la maison du peuple avec M.Isidore NABALOUM comme Président du comité d’organisation. Malheureusement, nos successeurs n’ont pas su tenir la flamme du SITHO. Je suis désolé de le dire ! Et c’est ainsi que les privés ont décidé de créer ce qu’on appelle la Vitrine Internationale du Tourisme de Ouagadougou (VITHRO) avec le Président ZOUNGRANA. L’esprit  étant de faire vivre le tourisme au niveau du Burkina Faso.

 ArtBF : Qu’est-ce qui maintient ce  bras de fer entre privés et l’Etat

N.C : C’est le manque de concertation, le manque de communication qui fait que nous n’avançons pas dans le secteur. Si véritablement nous avons les mêmes objectifs à atteindre, je ne vois pas ce qui nous empêcherait de se mettre ensemble pour travailler. Désolé encore de le dire ! On dit souvent que l’administration est une continuité. Malheureusement au niveau de nos administrations, lorsqu’une équipe s’en va, on a tendance à croire qu’il n’y a plus cette continuité. Quand la nouvelle équipe s’installe, elle ne capitalise pas l’existant. Et c’est un perpétuel recommencement au niveau de l’Etat.



 ArtBF : Quelle sera donc la solution pour la relance du SITHO ?

N.C : Nous ne cesserons d’attirer l’attention de nos autorités sur la nécessité de réactiver la flamme du SITHO. Si l’État n’a pas les moyens et les capacités de le faire, qu’il le remette aux privés parce que nous en avons la capacité.  Nous sommes très nombreux dans le secteur : restaurateurs, hôteliers, agences de voyages, loueurs de voitures, guides et pisteurs….

C’était exactement le même scénario au niveau de l’environnement. Et quand les autorités de l’environnement se sont rendus compte de l’énormité de leurs charges, ils sont revenus vers les concessionnaires pour trouver de l’aide à préserver le patrimoine. C’est ainsi qu’est née la collaboration tripartite entre l’Etat, les concessionnaires et les populations riveraines.

 ArtBF : Vous êtes par ailleurs Promoteur du Complexe Écotouristique « ICHARA » de Warmini, peut-on en savoir davantage ?

N.C : Depuis 2018, nous avons été attaqués par les terroristes, nous avons tout perdu au niveau des campements qui ont été saccagés et brûlés.  Si je parle de ce que j’ai perdu, c’est autour de 700 millions et jusque-là, personne ne nous vient en aide avec tous mes employés qui sont  en chômage technique.

Nos zones sont toujours occupées par les braconniers et autres. Il n’y a plus d’aménagement et les animaux sont laissés à eux-mêmes. C’est le braconnage  à outrance où on tire sur tout y compris, les bêtes en gestation. C’est cela qui me fait très mal.

ArtBF : Qu’est-ce que le visiteur pourrait trouver dans votre ferme ?

N.C : Je disais tantôt que c’est dans le cadre de la résilience que nous avons pu obtenir un lopin de terre à 16 km de Ouaga, sur la route de Saponé.

Nous avons pensé à réaliser une zone de refuge pour les animaux sauvages pour accompagner le tourisme interne. Nous voulons qu’il y ait également un mini ZOO au complexe écotouristique de WARIMINI.

Comme je le disais,  plus de 90 % des  Burkinabè ne savent pas faire la différence entre un buffle et une antilope. Donc si ces animaux sont présents, nous pourrons envisager de l’éducation environnementale aussi bien pour les enfants que pour les grandes personnes.

 il y a également un musée écotouristique (faune et flore) dont l’objectif est de faire connaître aussi le métier de taxidermiste.  Le taxidermiste est très important pour préserver les animaux tués et garder de meilleurs souvenirs et également nos animaux de compagnie.

Nous souhaitons simplement que nos aires fauniques soient sécurisées et nous travaillerons à faire revenir les animaux. Enfin, nous nous occuperons du travail post-sécuritaire qui consistera pour nous d’aller à l’étranger pour attirer les touristes vers le Burkina.

Avant de terminer, je pense que tout le monde doit soutenir le tourisme parce que c’est un volet très important qui est ignoré. Il y a des pays comme le Kenya, la Zambie, la Namibie et le Mozambique qui vivent bien de leur tourisme. Avant le terrorisme, le Mali vivait également bien avec le tourisme en pays DOGON. Quoi qu’on dise, dans le secteur du tourisme, il n’y a pas de crédit. Les concessionnaires créent de l’emploi sur toute la chaine : Les hôtels, les taxis, la restauration, les compagnies aériennes, les artisans…etc. sont autant de secteurs pourvoyeurs d’emplois et de richesses. Certains touristes qui viennent sur nos sites nous aident parfois avec des forages, d’autres avec des écoles.

Donc, il y a des retombées socio-économiques très importantes et c’est pourquoi, il ne faut pas laisser tomber notre tourisme et notre faune.

« Ne pas laisser tomber notre tourisme et notre faune », est plus qu’un appel et une recommandation forte dont il revient aux autorités de tutelles respectives de traduire cela en actes, soutiens financiers et matériels pour sauver le patrimoine touristiques et faunique du Burkina très menacé de disparition.

Patrick COULIDIATY

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