Baba HAMA, Journaliste-écrivain

Baba HAMA, Journaliste-écrivain

L’invité de cette semaine n’est pas du tout nouveau dans le paysage culturel  burkinabé encore moins dans le milieu de la presse. Les journalistes tels Caroline TUINA, Pascal  Yemboini THIOMBIANO, Romain Auguste BAMBARA et  Andréa  SIMPORE peuvent  le témoigner pour l’avoir au moins côtoyé à la Radio et à  la Télévision Nationales du Burkina. Du côté Cinéma, des réalisateurs comme Gaston KABORE, Abdoulaye DAO et des comédiens tels Gustave SORGHO, Delphine OUATTARA  et Georgette PARE  pourront également confirmer  nos propos puisque notre illustre invité était,  il n’ y a pas longtemps,  le Délégué Général du FESPACO.
Baba HAMA, puisque c’est de lui qu’il s’agit n’est pas seulement que Journaliste. Il est aussi  un homme politique et écrivain. Nous avons expressément laissé de côté  sa casquette politique pour ne parler dans cette partie que  de littérature, un autre domaine qui  passionne ce natif de Dori (ville située au Nord-est du Burkina Faso). Tout comme l’enfant  qui veut qu’on lui fredonne une chanson avant  qu’il ne s’endorme, le guitariste qui égraine des notes musicales avant de se coucher, Baba HAMA quant à lui, nous dit :
” qu’ il n’y a rien de tel qu’un livre de chevet avant de dormir ” .
Artistesbf a rencontré  cet homme pour vous. Nous avons échangé  sur ses activités professionnelles, les questions culturelles et bien sûr, nous avons également parlé de littérature. Mais avant de lui donner la parole, nous avons trouvé utile de vous dresser son portrait pour ne pas dire son parcours littéraire.
Baba HAMA est né le 20 Octobre 1959 à Dori dans la province du SENO au Burkina Faso. Il poursuit ses études au Collège Protestant de Ouagagadougou entre 1973 et 1980. Il entame des études  en lettres (option journalisme) à l’université d’Ouagadougou de 1980 à 1984. Après sa maîtrise en lettres modernes obtenue à  l’Ecole Supérieure des Lettres et des Sciences Humaines, il est admis à Lille (France) de  1984 à 1986 où il achève sa formation en journalisme avant de faire carrière à la Radio-diffusion Nationale du Burkina.
Dans le domaine littéraire, il a été plusieurs fois primé:

  1. Grand prix National des Arts et des lettres, genres nouvelles en français, à la semaine nationale de la Culture “Bobo 86”
  2. Grand prix National des Arts et des lettres, genres nouvelles en français, à la semaine nationale de la Culture “Bobo 90”
  3. Finaliste du 15è concours Théâtral Interafricain de radio France Internationale (RFI) avec la pièce ” LA PARCELLE DE TERRE”
  4. Deuxième Prix National des Arts et des Lettres, genre ROMAN en français, Semaine Nationale de la Culture Bobo 94″ avec Lamordè

” Lamordè “, c’est sur justement ce roman que nous avons tout de suite planté le décor parce que parmi  ceux qui ont lu ce Roman de 113 pages, beaucoup de lecteurs se demandent encore s’il ne s’agit pas d’une autobiographie de l’auteur. Quand nous l’avons également lu, la même question nous est également restée sur les  lèvres. Réalité ou  pure confidences ?   Baba HAMA  (B.H. ) répond :
 ” Lamordè ” n’est pas du tout un roman autobiographique. Il est juste un témoignage de ce que peut vivre un fonctionnaire d’un Etat quel qu’il soit, l’histoire tourne autour d’un simple acte pris dans le cadre du fonctionnement des services. Vous savez que l’affectation d’un agent pour des raisons de service donne souvent lieu à des supputations puis, de fil en aiguille, cela influe sur sa carrière et autour de cette anecdote se greffe un regard sur l’évolution de la société moderne dans laquelle nous nous trouvons. Ce roman a eu le 2ème prix du Grand Prix National des Arts et des Lettres à la semaine Nationale de la Culture.

Artistesbf (Art.) : Votre roman a fait le tour des établissements secondaires où il était  vendu entre 2000 à 2500 F CFA aux lycéens. Quel a été le chiffre d’affaires si ce n’est pas trop indiscret ?
B.H.: (éclats de Rires) . Non, il n’y a aucune rentabilité là-dessus; je préfère être honnête avec vous. En fait le livre était à 2500 F CFA l’unité. C’était pour permettre aux scolaires de pouvoir le lire et non de le rentabiliser. Sur ce plan, je suis plus endetté qu’autre chose. Ce qui m’importait  en tant qu’écrivain, c’était de pouvoir les mettre à la disposition des lecteurs potentiels. Il n’y avait donc aucune opération économique derrière cette vente promotion. Vous savez que le livre ne s’achète pas comme des cacahouètes. Il a été  édité une première fois dans le cadre de l’opération “50 œuvres” issues de la Semaine Nationale de la Culture, presque une décennie déjà. Cette fois, j’ai décidé de le rééditer à mon propre compte à près de 1000 exemplaires contre 100 à la première fois. Mais qu’on ne se fasse pas d’illusions parce que le problème qui se pose au livre, est identique à celui qui se pose à la musique ou au cinéma. Mais je précise que j’ai deux romans: “lamordè” et ” kalahandi ” et un recueil de nouvelles.

Art: Ils sont nombreux les écrivains qui ont des problèmes d’édition. A votre niveau, qu’est-ce qu’il en est ? Partagez nous votre secret.
B.H.: Il n’y a pas de secret particulier. Je crois que c’est une question de volonté. Au niveau des chanteurs par exemple, il y en a qui vont en studio, qui se saignent ou qui demandent du soutien à leurs parents. Par contre, il y en a aussi qui ne veulent pas prendre de risques. C’est la différence ! sinon, j’éprouve autant voire plus de difficultés que certains écrivains. Du reste, la plupart des écrivains que je connais sont des gens qui se sont saignés et qui n’ont pas reçu de l’aide en tant que telle pour éditer leurs œuvres. C’est pourquoi, au sein du département il faudra, en dehors de la politique du livre qui fait partie de la lettre de mission que m’a adressée Son Excellence, Monsieur le Premier Ministre, réfléchir pour voir comment booster  l’édition.

Art: Vous continuer d’écrire pendant que la jeunesse s’adonne plus à l’internet au détriment de la lecture. Vous avez un peu peur ?
B.H.: Non, pas du tout! On n’a pas peur parce que l’écrit, malgré les progrès technologiques, reste par excellence du domaine du savoir. Il faut justement encourager ces jeunes à aller vers le livre. Pourquoi ? Parce qu’il y a ce qu’on appelle la mémoire visuelle qui s’attache à l’orthographe correcte des mots. Aujourd’hui, les enfants s’en tirent difficilement en dictée parce qu’ils lisent peu. Même dans nos administrations, on note des insuffisances dans les projets de lettres parce qu’on a délaissé le livre pour le côté oral. Je crois qu’il faut toujours encourager l’écrit ou la lecture et il n’y a rien de tel qu’un livre de chevet avant de dormir.

Art: La francophonie était récemment rattachée au Ministère de la Culture. Mr Philippe SAWADOGO avait même à l’ouverture du FESPACO remercier Tertius ZONGO de lui avoir coupé la communication au profit de la francophonie. Aujourd’hui, le ministère a repris son ancienne dénomination (sans la francophonie).  Comment expliquez-vous cela ?

B.H.: En principe, la question aurait dû être posée à son Excellence Monsieur le Premier Ministre, chef du gouvernement parce que c’est lui qui donne la configuration de son équipe gouvernementale. Je crois que c’est une question simplement d’encrage institutionnel qui tient compte de la configuration du gouvernement qui est mis en place et des différentes missions attribuées aux différents départements. Vous savez que même la francophonie a évoluée; nous sommes passés de l’ACCT à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) . A l’ACCT, l’accent était surtout mis sur l’aspect coopération culturelle et technique. Vous n’ignorez pas que l’OIF aujourd’hui, a une dimension politique et diplomatique puisqu’il s’agit de voir comment l’espace francophone peut se positionner dans le monde. Donc son ancrage au niveau du Ministère des affaires étrangères répond également  à un souci de rendre cette commission nationale  plus fonctionnelle. Cela n’enlève à rien au fait que la Commission Nationale,  dans son volet culture continuera d’appuyer les plans, programmes et projets de développement dans les secteurs de la culture.

Art: Etre Directeur de communication d’un Président  ne doit  pas certainement être facile. De manière résumée, en quoi consistait concrètement votre tâche quotidienne au niveau de la présidence ? Quelle est la particularité ?

B.H.: La particularité au niveau de la présidence du Faso est que le Directeur de la Communication a également rang de conseiller. C’est cette dimension qui s’ajoute au travail normal de communication que ferait un directeur de la communication au sein d’une institution ou d’un ministère. Au quotidien, il doit :

  1. Gérer l’information du premier responsable de l’institution à travers les revues de presse nationales, africaines  et internationales.
  2. Gérer la couverture médiatique de l’ensemble de ses activités qu’il s’agisse des audiences ou des voyages présidentielles
  3. Assurer la mise à jour du site web de la présidence
  4. Traiter tout dossier confié par l’autorité

Art.: C’était donc vous qui lui rédigez les discours lors des cérémonies et les messages à la nation ?
B.H.: Non ! Non ! Là, je ne vais pas rentrer dans ces détails… (Rires). Le directeur de communication n’est pas spécifiquement chargé de la rédaction des discours du Chef de l’Etat.

Art: Mais de temps à autres vous le faites quand même non ? Est-ce que le texte que vous remettez au Président est exactement celui qu’il lit ? N’avez-vous pas  souvent l’impression qu’il soustrait certains de vos passages pour les remplacer par les siennes?
B.H.:  (fuyant la question) D’abord  je vous ai dit que ce n’est pas le Directeur de communication qui se charge de la rédaction de ses discours. Mais en tant que conseiller en communication si le projet lui est soumis,  il peut apporter ses remarques et ses observations.

Juillet 2011

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