Rama Koné est originaire et native de la cité du Bafougui (GAOUA) dans la région du Sud-Ouest au Burkina Faso, C’est dans les rues animées de cette région, dans les cérémonies de mariage ou coutumières, aux sons des djembé et au clair de lune, que Rama KONE, celle que ses proches surnomment affectueusement la « Force tranquille », affûte ses armes et trace irréversiblement sa voie vers la danse contemporaine.
Formée ainsi sur le tas et ayant pris conscience de son talent, Rama KONE se professionnalise au Centre de Développement Chorégraphique (CDC) la termitière au Burkina Faso. Pendant sa formation au CDC qu’elle participe grâce à Salia SANOU, Seydou BORRO et à Irène TASSEMBEDO aux ouvertures de trois éditions du FESPACO 2011, 2013 et 2015.
Dès lors, elle écume de nombreuses scènes tant dans son pays qu’à l’international. Son riche parcours professionnel marqué par la passion, la persévérance et le talent en fait d’elle une icône de la danse contemporaine burkinabè. Danseuse interprète professionnelle depuis près d’une décennie, Rama KONE, rêve d’ouvrir une école de danse et former de jeunes talents. Bien que la danse soit des moments de partages de joie, Rama KONE nous raconte dans cet entretien réalisé en fin d’année 2024, son plus grand jour de tristesse.
ArtBF: Pouvez-vous vous présenter s’il vous plait ?
R.K : Moi c’est Rama Koné, je suis danseuse interprète, chorégraphe et chanteuse.
ArtBF: Parlez nous de votre parcours artistique.
R.K : J’ai commencé la danse dans la rue. Dans ces lieux, il n’y a pas de règle, ni de formation en tant que telle. C’est la formation sur le tas.
ArtBF(ArtBF) : Citez-nous quelques spectacles dans lesquels vous avez déjà joués
R.K (R.K) : J’ai joué dans les pièces suivantes :
2014 : “REGARD” avec Serge Koffi MASA. C’était ma toute première pièce.
2017 : “OBSCURE CLARTÉ”, un solo du danseur chorégraphe Windmi Eric Nebié
2019 à 2024 : “SIGUIFIN”, du danseur chorégraphe, interprète franco-sénégalais de la compagnie Amala Dianor. J’ai fait partie de son projet où nous étions 09 danseurs dont 03 burkinabè, 03 sénégalais et 03 maliens. Ce projet a fait l’objet d’une tournée africaine
2023 : “ÉTRANGERS CHEZ SOI” de Serge DANIEL KABORE
2024 : “TOAA” de Serge DANIEL KABORE. Pièce jouée au théâtre soleil de Ouagadougou

ArtBF: C’est dans la pièce étranger chez soi de Serge Daniel KABORE, que nous vous avons repérée en 2023. Est-ce que vous pouvez nous donner plus de détails ? Et quel était votre rôle dans la pièce?
R.K : Je me suis retrouvée dans cette pièce grâce à Serge Daniel. Il m’a vu chanter et danser plusieurs fois. On a aussi longtemps travaillé ensemble. Il a trouvé que je pourrai joué le rôle d’un personnage qui va avec sa pièce. Il m’a sollicité d’intervenir comme chanteuse. Dans la pièce, je chante mais en même temps, je joue le rôle d’une protectrice ou d’un ange gardien.
ArtBF: En 2024, vous êtes revenue sur scène avec la pièce “TOAA” de Serge Daniel. Comment s’est passée la collaboration ?
R.K : Dans cette pièce, les deux rôles se retrouvent. Je danse et je chante également. Il faut dire avec ce spectacle, j’ai beaucoup appris parce qu’il y avait quatre promotions. Et parmi ces danseurs, il y en avait avec qui je n’avais jamais travaillé. J’étais bien contente de travailler avec ces nouvelles générations, c’était une bonne collaboration et de bons moments passés aussi.
ArtBF: Quelles sont les difficultés des danseurs interprètes au Burkina ?
R.K : “Soupir profond) Au Burkina, les difficultés des danseurs interprètes, ce sont les projets. Il y a des talents qui sont là mais ils n’ont pas la chance d’avoir des projets. Si tu es un danseur et que tu ne travailles pas, tu n’as pas de la visibilité et c’est compliqué.
ArtBF: On dit que l’art ne nourrit pas son homme. Est-ce pareil à votre niveau ?

R.K : A mon niveau, ce n’est pas la bonne compréhension. Il y a quelques années de cela, je pouvais le confirmer. Mais, du moment où j’ai pu me former, j’ai été acceptée dans des compagnies de danse et des tournées, je crois qu’on peut remercier Dieu. Je ne dis pas que je suis extrêmement riche, mais j’ai le minimum. Oui, je pense que ça nourrie son homme.
ArtBF: Vous semblez hyper occupée. Alors quel temps réservez vous à votre famille ou à tous ceux-là qui vous sont chers ?
R.K : C’est mon travail qui rend indisponible. Au début, mes proches ne me comprenaient pas. Mais à un moment donné, ils ont lâché prise. Mais je travaille à faire à avoir du temps pour mes proches et mes amis. C’est nécessaire parce qu’il peut arriver un moment où tes proches n’auront plus de temps pour toi au moment où tu en auras grand besoin d’eux.
ArtBF: Belle et séduisante danseuse comme RAMA. Comment résistait elle au tentations ?
R.K : Ça dépend. De quel genre de tentation parlez vous ?
Ceux qui ont envie de vous draguer après les scènes.
R.K : (Rires moqueurs). Je n’aime pas les séducteurs. Je m’éloigne des gens qui aiment séduire. Et je ne suis pas non plus du genre à provoquer. Je ne m’exhibe pas en public et je n’aime pas être sexy.
Quand je suis sur scène, sincèrement, je suis concentrée. Je peux être en DUO avec un garçon par exemple. Malgré qu’on se frôle, les touchers et autres, je reste concentrée, tranquille. Et le garçon devrait être dans le même état d’esprit. Mais s’il se “bande”, pour moi, il n’est pas concentré parce que normalement, il ne devait pas avoir ce genre de sensations. C’est ce que j’ai appris en danse.
ArtBF: Quel a été votre plus grand moment de tristesse ?
R.K : J’ai été triste à un moment où j’ai commencé à être dans les compagnies. C’est le jour où pendant un spectacle, les gens se sont levés, m’applaudir, certains versant même des larmes. J’ai été très triste parce que ma mère n’était plus là pour voir mon succès. La scène s’est passée en Finland avec la grande compagnie Amala Dianor du franco-sénégalais dont je vous parlais tantôt.
ArtBF: Quel est votre plus grand rêve ?
R.K : Mon plus grand rêve c’est de d’abord, avoir ma propre école de danse, former des jeunes qui s’intéressent à la danse, enseigner et éduquer des jeunes en danse parce qu’en danse il y a aussi l’éducation.
ArtBF: Quels sont vos vœux pour le nouvel an ?
R.K : Mes vœux, c’est qu’Allah nous donne la baraka de voir la fin de 2024 dans la longévité, une santé de fer infinie, qu’il nous donne de voir 2025 dans la longévité, santé de fer infinie. Je souhaite la paix, rien que la paix, le bonheur, qu’on retrouve le Burkina de paix que nos ancêtres, nos parents et nos grands parents nous a laissé. Je dis force à tous ceux qui luttent pour le bien être de ce pays. Ensemble on va plus loin. Donc, c’est de rester soudé, de ne pas désespérer par ce que nous sommes sur la bonne voix.
ArtBF: Votre dernier mot ?
R.K : Sincèrement, je suis fière d’être burkinabè et je souhaite que tous les burkinabè soient fiers de l’être aussi.
Lucienne KABORE
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