Education : “Les parents eux-mêmes ne sont plus éduqués (Dixit, Honorable Juliette Kongo)

Education : “Les parents eux-mêmes ne sont plus éduqués (Dixit, Honorable Juliette Kongo)

Dans le cadre de la rentrée scolaire 2024-2025, nous avons échangé avec la princesse et l’honorable Yabré Juliette KONGO. Dans cet entretien, la promotrice du musée de la femme a distillé quelques conseils à l’endroit des parents, des encadreurs, des  élèves pour une année académique réussie et pour une société harmonieuse. Malgré la rentrée déjà effective depuis le 1er octobre, la princesse, (titre de noblesse dont elle se réclame) ne tarit pas de conseils. En attendant de découvrir son musée, La princesse KONGO se montre frustrée et très remontée contre ceux qui n’auraient pas suffisamment de temps pour donner les leçons d’éducation civiques aux élèves.

Elle est interviewée par Adèle ZERBO et Lucienne KABORE. 

Honorable Juliette Kongo : Je suis l’honorable princesse Yabré Juliette Kongo de la lignée de la princesse Yennenga du Moogho Naaba Oubri et plus directement, petite fille du Moogho Naaba Kom-II, auteur de la reconstitution de la Haute-Volta et pour lequel nous continuons le combat. En tant donc que descendante de cette lignée, tant que le Burkina Faso ne va pas retrouver son lustre d’antan, on ne se fatiguera pas non plus de mener certains combats.

Artistes.BF : En tant que parent d’élèves, comment vous vous sentez dans votre peau en voyant vos enfants ou vos petites filles reprendre le chemin de l’école depuis le 1er octobre dernier ?
Honorable Juliette Kongo : C’est avec un cœur un peu serré que je les vois repartir. Pour moi, la meilleure éducation, c’est dans les familles. Mais quand j’entends des personnes pousser des « ouff » de soulagement et dire “ enfin !!! l’école reprend…”, c’est comme si elles se débarrassaient de leurs enfants. Moi, je ne me suis jamais rassasiée de la présence des enfants. Voilà pourquoi je dis que le comportement des enfants à l’école, c’est le reflet de ce qu’ils sont à la maison.



Artistes.BF : L’année scolaire est toujours perturbée par des grèves, des revendications, des marches et des multitudes de jours fériés qui écourtent le temps normal du cursus scolaire. Quelle est votre appréciation sur cette situation ?
J’ai toujours dit que le comportement des enfants est le reflet de ce que nous leur servons à la maison.
Les parents eux-mêmes ne sont plus éduqués. Ils n’ont aucun sens de la dignité ni de la responsabilité. Comment comprendre qu’un père de famille quitte sa maison tôt le matin pendant que les enfants dorment et ne revenir que tard le soir pendant que les enfants sont retournés au lit ?.

Pareil pour la maman ! Après sa toilette, elle est partie en abandonnant les enfants avec  l’aide ménagère. La nuit tombée, aucun des parents n’a pu même vérifier ce que les enfants ont fait à l’école. C’est une irresponsabilité impardonnable !
Pire, ce sont encore les mêmes qui sont incrustées dans la plupart des bureaux des parents d’élèves qui escroquent les autres parents d’élèves à travers tout ce que vous pourrez imaginer.



Dans les établissements scolaires, il faut  en plus des frais d’inscription, payer à certains professeurs pour avoir la place dans une classe. Et comment voulez-vous que nous formions des citoyens responsables ? Heureusement qu’il existe encore des parents responsables.

Artistes.BF : Quel regard critique faites-vous du rôle de chaque maillon de la chaîne de l’éducation?
Honorable Juliette Kongo : La critique qu’on peut donner par rapport à l’éducation, sur toute la chaîne, c’est que personne n’est à sa place. Je suis désolée de le dire ainsi. Bon nombre de fonctionnaires ne sont pas venus par vocation mais par nécessité. Or, à mon avis, il faut choisir un métier qu’on épouse comme le sang a épousé la chaire afin d’être en mesure de donner quelque chose de propre.

Artistes.BF : L’éducation civique devrait être enseignée à cette rentrée scolaire. Mais ceux qui étaient chargés de conduire cette mission se disent surchargés. Que proposez vous pour la réintroduction de la discipline?
Honorable Juliette Kongo : Tous les professeurs qui se sentent concernés par le refus d’enseigner et de donner cette éducation civique aux enfants là, doivent être sanctionnés parce qu’il est de leur devoir de la faire.



La première des choses qu’un enseignant doit donner chaque matin à un enfant lorsqu’il rentre dans une classe, c’est de lui apprendre qu’il est issu d’une famille, d’une communauté et qu’il appartient à un pays. Je propose d’ailleurs que le drapeau du Burkina et la photo du président soient affichés dans les salles de classe afin que les enfants connaissent le président et les emblèmes du pays.

Artistes.BF : Un mot sur les grossesses indésirées de plus en plus fréquentes à l’école ?
Honorable Juliette Kongo : C’est toujours l’éducation. A notre époque, quand nos mamans nous parlaient des hommes, elles parlaient avec respect et elles nous disaient exactement ce qu’il ne faut pas faire pour séduire un homme.

ArtBF : Quels conseils donneriez vous à ces enfants de cm1 ou de cm2 ?
Un enfant qui n’a pas atteint l’âge de la maturité n’a pas de responsabilité. Les enfants de 7 à 9 ans ont besoin d’un encadrement.
Je crois que nous devons travailler aujourd’hui à responsabiliser nos enfants. Les parents doivent apprendre aux enfants de 7 à 9 ans, les interdits afin qu’ils ne mènent pas une vie désordonnée.
Ce dont j’ai envie de dire encore aux enfants ou du moins à ceux qui ont envie de me lire, ce sont les points suivants :



Un enfant ne doit manquer du respect à personne. Il ne prendra pas la bagarre de son père ou de sa mère et en faire sienne. La première chose à faire dès qu’un enfant se lève du lit, c’est de remettre le drap à sa place. Chaque matin avant d’aller à l’école, qu’ils demandent à Dieu et aux mânes des ancêtres de les protéger.
Enfin, soyez disciplinés parce que la discipline est source de réussite.
votre mot de fin
Mon mot de fin, c’est d’encourager nos dirigeants par rapport à la nouvelle dynamique enclenchée. Elle va nous permettre de revaloriser le patrimoine culturel burkinabè afin d’être en adéquation avec nos ancêtres. Si nous ne sommes pas en symbiose avec nos ancêtres, nous aurions beau voler très haut, il n’y aura pas de bénédictions. Si nous sommes déconnectés de nos racines, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
Enfin, merci à son excellence le Président du Faso d’avoir instituer la journée du 15 mai.

Propos recueillis par ArtistesBF

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