Ella NIKIEMA, Artiste musicienne

Ella NIKIEMA, Artiste musicienne

L’invitée de cette semaine, c’est Ella NIKIEMA. A 10 ans, elle chantait déjà à l’église de son quartier. A force de persévérance et grâce au soutien des parents, la petite voix d’Ella de la dizaine d’années a vite séduit sa communauté. Dans cette montée fulgurante de l’artiste, peut-on dire que la main de Dieu y est aussi pour quelque chose ? N’étant pas pasteur ni un membre de sa communauté, nous ne pourrons le confirmer. Ce qui est sûr, Ella NIKIEMA épouse KINDA, sur le plan de la musique et particulièrement de la musique religieuse, jouit d’une très grande renommée au Burkina.

Le dimanche 05 mai 2013, elle venait de célébrer ses 20 ans de carrière au Jardin de la musique de Ouagadougou. C’était un concert d’action de grâce, riche en émotion qui a permis à la pionnière de la chanson religieuse de revoir son répertoire musical. Mariée mère de 3 enfants, l’artiste a déjà 3 albums sur le marché.
Ella NIKIEMA ne fait pas seulement que la musique. Le plus intéressant, c’est ce que vous allez découvrir à travers les lignes suivantes :

Je suis Madame KINDA née NIKIEMA Ella, je suis artiste musicienne. Je fais la musique depuis une vingtaine d’années. J’ai un diplôme en BTS Finances-Comptabilité. Je suis mariée depuis 12 ans, mère de 03 enfants.



Artistebf (Art.) : Il semble que vous avez en plus de la musique plusieurs arcs à votre carquois.
Ella NIKIEMA (E.K) : En plus de la musique, je suis employée dans une imprimerie de la place comme commerciale. De manière occasionnelle, j’exerce d’autres activités à mon propre compte. Il s’agit particulièrement des changes manuels en différentes devises et des transferts d’argent pour ceux qui voyagent.

Art. : A quand remonte votre rencontre avec Jésus.
E.K : J’ai rencontré Jésus dans les années 1989 et deux ans après, j’ai commencé à chanter; j’avais environ dix ans comme ça. Donc, très petite, j’ai commencé à chanter à l’Eglise. C’est la raison pour laquelle quand on dit Ella, on voit tout de suite la musique religieuse.

Art.: Mais, justement, comment a été le début de votre carrière parce qu’on sait que vingt ans avant, la musique était réservée à des “bon-à-rien” comme on se plaisait à le dire. L’église protestante ne voyait pas en bon œil ces personnes qui allaient danser ou chanter. Est-ce que vous n’étiez pas critiquée par moment par votre entourage ?
E.K : Non, pas du tout. Je dirai plutôt le contraire parce que j’ai commencé jeune comme je l’avais dit, et tout de suite les gens m’avaient acceptée. Déjà très jeune, quand je me levais à l’église pour chanter, les gens m’avaient déjà adoptée. Donc, je n’ai pas vécu vraiment des situations difficiles comme vous le pensez. J’étais plutôt encouragée par ma famille, mon entourage et les responsables de l’église. Voilà, c’est dans ça que j’ai évolué.

Art. : Est-ce qu’on peut dire que c’est dans ça également que M. KINDA vous a séduit ou bien c’est vous qui l’avez séduit ?
E.K : Bon, plus ou moins parce que nous nous sommes connus effectivement dans le domaine de la musique et puis c’est parti de là.
Art. : Est-ce à dire qu’il était musicien aussi?
E.K : Non, il n’est pas musicien. C’est dans le cadre d’une rencontre d’hommes d’affaires que j’ai rencontré Mr KINDA. D’ailleurs, il avait été même envoyé pour m’inviter à cette rencontre. C’est dans ça que nous nous sommes fait connaissance et tout est parti de là.

Art.: En tant que femme, quelle est particulièrement la difficulté que vous rencontrez dans ce métier d’artiste?
E.K : Bon, les difficultés ne manquent pas ; surtout quand on veut bien faire les choses. Ce n’est pas évident que tout aille comme on le veut parce qu’il faut arriver à concilier plusieurs choses: la vie de foyer, le travail et la musique. Donc, ce n’est pas simple par moment. Néanmoins, on arrive quand même à concilier ces trois choses par la grâce de Dieu.

ART.: Concilier le travail, le foyer et la musique n’est pas chose facile. Comment vous arrangez-vous avec Mr Kinda votre époux pour qu’il ne soit pas jaloux, enfin… pour que ça ne disjoncte pas?
E.K : En toutes choses, il faut savoir ce que l’on veut ; mettre chaque chose à sa place et au bon moment. J’ai un temps pour ma famille et un temps aussi pour le travail et par la grâce de Dieu, ça marche (rires)

Art.: Nous avons effectivement aperçu Mr KINDA lors de votre concert au Reemdoogo. Partagez nous votre expérience de vie en couple.
E.K : Sa présence à mes côtés est tout à fait normale. Quand on aime, il faut aussi montrer qu’on aime. La femme veut se sentir entourée et puis voilà … En tout cas, depuis qu’on est ensemble, depuis plus d’une dizaine d’années, il est toujours là pour me soutenir. C’est vrai qu’il préfère la discrétion, mais mon époux est toujours présent dans toutes mes activités. Je ne crois donc pas que sa présence soit une jalousie ou quelque chose en mal à tout ça (rires).
Moi, j’ai l’habitude de dire que je ne fais rien de mes propres forces. C’est une grâce ! C’est la grâce de Dieu qui a créé cette entente et qui fait qu’on est toujours ensemble. Je ne peux pas dire que j’ai des techniques ou des stratégies pour réussir dans un foyer. Bref… C’est bon! On continue, après on va y revenir.



Art.: Comment se porte la musique burkinabé en général telle que vous la vivez aujourd’hui en tant que professionnelle ?
E.K : Je peux dire que la musique bat son plein de nos jours parce que là, il y a toute une floraison de jeunes artistes musiciens qui pointe au Burkina et nous nous disons que d’ici quelques années, il faudra vraiment travailler maintenant à l’excellence pour être bien vu tant au Burkina Faso que sur l’arène internationale.
Pour ce qui est de la promotion, il y a quinze ans, nous n’avions pas de difficultés en tant que telles; tout s’écoulait facilement. Dans les provinces nous étions acceptés, les gens payaient les cassettes. Mais de nos jours, avec la technologie, c’est devenu vraiment compliqué. Quand on produit un album, c’est très difficile d’avoir le retour sur investissement. C’est général, je peux dire que ce n’est pas au Burkina Faso seulement ; c’est général.

Art.: Malgré les technologies, il faut en vivre. Quelle est la stratégie que vous avez mise en place pour pouvoir vivre autant que possible de ce métier-là?
E.K : Comme tout le monde le fait, ce sont les spectacles, les concerts, les différentes sorties. Organiser des concerts dans les différentes provinces, c’est cette stratégie que les artistes utilisent de nos jours. Sinon, c’est vraiment compliqué.

Art.: Dans la production de vos albums, est-ce que vous faites aussi recours comme “Mr Tout le monde” au ministère de la culture?
E.K : Moi, c’est mon époux qui me produit depuis les trois albums. Donc, sur ce plan, je n’ai pas beaucoup de difficultés. En fait pour nous, la musique est un plaisir. Nous la prenons sous cet angle.

Art.: Nous allons parler de vos thèmes qui sont toujours orientés vers le spirituel. Ce n’est pas mal. Mais à côté, il y a des thèmes aussi importants comme l’excision, l’éducation, la santé dont vous n’en parlez pas. Je n’ai pas souvenance que vous parlez trop de ces thèmes pour aider le gouvernement à la sensibilisation?
E.K : Et Pourtant…! Dans mon dernier album, j’ai évoqué un thème sur les orphelins du SIDA. Ce n’est pas le seul cas. Nous avons été sollicités plusieurs fois par des institutions pour composer des chants; sur la drogue par exemple. Dans mon troisième album, j’ai chanté sur les orphelins du SIDA. Dès qu’il y a une activité comme ça, on s’est toujours associé aux autres artistes pour le faire.

Art.: A votre avis, qu’est-ce qui pourrait aider à booster la musique burkinabé ?

E.K : Moi, je me dis que c’est le travail; c’est-à-dire avoir une vision internationale et aussi travailler pour arriver à l’excellence. Parce qu’il y a des cas où un album peut être diffusé sur nos chaînes nationales et pour des raisons de normes internationales être rejeté par les chaînes étrangères. Donc, il faut que nous, artistes nous préoccupions de ce côté normes et qualité si nous voulons aller plus loin.

Art.: C’est beau ce que vous dites mais allons aux propositions concrètes.
Nous devons arriver à faire des productions de qualité, qui répondent aux normes, c’est-à-dire à l’attente internationale.

E.K : Il serait bien pour nous artistes, d’organiser des activités sur le plan international pour nous faire découvrir et faire découvrir la musique burkinabé. Concrètement, nous pouvons par exemple organiser des festivals chrétiens par des artistes chrétiens burkinabés de renom. Pour ma part, c’est autant d’idées stratégiques qui, bien mises en œuvre peuvent nous aider à mieux nous positionner à l’international.

Art. : A quand le prochain album madame?
E.K : Je suis pour l’instant dans la préparation d’un single. Peut-être d’ici quelques mois, il sera déjà disponible. Pour ce qui est maintenant d’un nouvel album, ça va encore prendre beaucoup de temps parce que le souci; c’est de bien faire.

Art.: Mais vous avez suffisamment pris du temps! ça fait longtemps qu’on ne vous entend plus !
E.K : Mais le troisième album date de deux ans d’abord.

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY

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