Fespaco 2021 : "En aucun cas un budget ne suffit ... " (Dixit DG Fespaco)

Fespaco 2021 : "En aucun cas un budget ne suffit ... " (Dixit DG Fespaco)

La capitale burkinabè s’apprête à accueillir le 16 octobre 2021 la biennale du cinéma et de la Télévision de Ouagadougou. Dans 12 jours précisément, les caméras du monde entier se tourneront vers le Burkina Faso non pas pour diffuser des mauvaises images liées aux attaques terroristes mais cette fois, pour parler de la culture africaine : Le FESPACO.

A quelques jours de la tenue de cette grande messe cinématographique autour du thème « CINEMAS D’AFRIQUE ET DE LA DIASPORA, NOUVEAUX REGARDS, NOUVEAUX DEFIS », le Délégué Général du FESPACO Alex Moussa SAWAGOGO fait le point des préparatifs.

Ainsi, des tournées de la délégation générale du FESPACO au Sénégal, aux contributions de l’Union Européenne en passant par la question sur le FESPACO tournant,  Alex Moussa SAWADOGO a passé tous ces points au peigne fin.  Mais avant, il félicite les autorités burkinabè pour leurs efforts  sans faille dans l’organisation  régulière du Festival malgré les difficultés que connaît le Burkina. Près d’un demi-siècle de cinéma au Burkina Faso, quel est le mérite ?



Alex Moussa SAWAGOGO ( M.A.S ) : Bravo d’abord à nos autorités et à l’Etat pour ne pas dire simplement au gouvernement Burkinabè de pouvoir vraiment assurer cette continuité. Je crois que l’existence de ce festival est dû grâce vraiment à leur concours et aussi aux professionnels du cinéma du continent africain qui n’arrêtent pas de créer. Donc pour qu’il y ait FESPACO, il va falloir qu’il y ait aussi des cinémas. Et au-delà, le FESPACO a permis, même s’il y a d’autres festivals du continent de pouvoir exister. Donc nous sommes vraiment fiers d’être Burkinabè de pouvoir conduire ce projet et fiers d’être africains de pouvoir faire de telle sorte pour que ce festival aussi ait réussi à s’inscrire dans la globalité des festivals qui existent dans le monde.

ArtistesBF (ArtBF ) : Et malgré tout, des gens souhaitent que le FESPACO soit tournant. Quelle est votre lecture sur cette question ?

M.A.S : Je ne sais pas d’où vient cette requête. Moi je pense tout simplement que chaque festival a son histoire, chaque festival aussi a son identité. Et la beauté de ce festival, c’est le fait qu’il se déroule sur le continent africain, c’est le fait qu’il se déroule d’abord au Burkina Faso et dans la ville de Ouagadougou. Quand le festival de Venise se passe à Venise c’est aussi pour cette beauté de la ville. A cannes aussi, c’est par rapport disons à la ville. En aucun cas, je crois qu’un festival comme le FESPACO ne peut être tournant. On peut créer un autre festival dans le concept qu’il devienne tournant dès sa création. Mais un festival qui existe dans un pays ou dans une ville comme Ouagadougou, ne peut être tournant. Moi je pense que cette question est vieille comme l’histoire du FESPACO.



ArtBF : Peut-on dire à cette date que tout est prêt pour le clap d’ouverture et des projections ?

 M.A.S : En aucun cas on ne peut dire qu’un événement qu’on prépare depuis deux (02) ans est prêt à deux semaines. Mais nous travaillons d’arrache-pied pour  être prêt au jour- J.  Et Il y ’aura toujours des petits  réglages à faire. Là, nous sommes déjà très contents, très fiers en fait de tout ce qui a été déjà établi;  c’est-à-dire, la paix, la sélection des films, la conception des visuels, l’organisation des salles de cinéma, le matériel. Je peux dire que nous acheminons vers un état d’esprit prêt pour accueillir nos invités.

ArtBF : Quel bilan tirez-vous de vos tournées dans le cadre de cette 27è édition ?

M.A.S : Vous avez déjà la réponse à votre question dans votre question. Certainement la situation sanitaire ne nous permettait pas vraiment de pouvoir conserver cette habitude du FESPACO. Mais nous sommes déjà très contents, très fier aussi d’avoir été dans le  pays invité d’honneur qui  est le Sénégal. Après nous avons été à cannes ; c’est la première fois dans l’histoire du FESPACO qu’une conférence de presse aussi a été  tenue au niveau du festival de Cannes; vous savez autant que nous que c’est le plus grand festival au monde. Nous avons reçu quasi plus de 300 à 400 personnes qui ont participé à cette conférence de presse. Être également au festival de Cannes,  c’est la visibilité de ce festival que nous avons voulu renforcer au niveau de nos partenaires. Donc, vous savez qu’à un tel festival, nombreux sont les partenaires qui viennent. Nous avons réussi à  rencontrer nos partenaires sur place,  à renouer, à réconforter nos partenaires par rapport à la situation sécuritaire et sanitaire qui prévaut dans le monde entier. Notre voyage au Sénégal a également permis de renforcer la stratégie de communication, la stratégie de l’événement et de son image que nous voulons donner à nos partenaires. En un seul mot,  disons que nous sommes très satisfait de cette démarche et nous verrons aussi  au  » Jour-J » comment ça va se passer.

ArtBF : Peut-on avoir une idée de la nature du soutien de l’Union Européenne (France Belgique, Allemagne …) et des autres partenaires techniques et financiers

M.A.S : Mais les pays que vous citez ont répondu favorablement. Vous parlez tout a l’heure du Sénégal qui est le pays invité d’honneur qui nous soutient vraiment sur le plan financier et technique. Nous sommes déjà très reconnaissant au peuple sénégalais surtout pour l’accueil qu’ils nous ont réservé lors de notre passage. Vous parlez tout à l’heure de la France aussi de nos partenaires techniques que ce soit le CNC, l’Institut Français, l’UNIFrance, la Coopération Suisse au Burkina, ont répondu favorablement à nos demandes. Tous ces pays y compris Bruxelles, seront présents au Burkina avec  des grosses délégations malgré la situation que nous vivons. Ceux qui donnent, ceux qui aiment soutenir du fond du cœur, n’ont pas besoin de trop crier pour le faire. En fait,  ils veulent juste et surtout voir l’impact de leur soutien pour la bonne conduite du festival.

Les pays européens continuent à soutenir le FESPACO comme les années précédentes. Nous sommes très contents qu’ils reviennent cette année aussi malgré les situations que nous avons évoquées tout à l’heure. Ensuite, les soutiens de l’Union Européenne ne sont pas juste financiers mais ils sont aussi techniques parce qu’il y a aussi des experts qui nous appuient dans certaines tâches.

ArtBF : Quel est l’apport de la mairie de Ouagadougou dans l’organisation du FESPACO ?

M.A.S : Ouaga est la ville hôte du festival. Depuis la création du festival, la ville de Ouagadougou a toujours contribué justement pour l’existence de ce festival pour les questions de décoration, de nettoyage de la ville, et pas mal de choses que je ne peux pas tout citer.  Mais  nous sommes toujours contents de collaborer avec la ville de Ouaga et conscients de l’effort qu’elle continue à consentir dans  le rayonnement de ce festival.

ArtBF : Comparativement aux éditions précédentes, y a-t-il un manque à gagner  (en terme de budget) pour cette édition ?

M.A.S : Il va falloir qu’on essaie d’éviter de penser toujours « Argent »  lorsque nous voulons agir. Il faut juste penser comment  nous pouvons arriver avec un petit budget à accomplir de grandes missions. Après 50 ans, nous savons que l’argent est important, les budgets sont importants aussi. Mais il va falloir que nous pensons stratégie avec le peu de moyens que nous avons , comment nous pouvons arriver à faire en sorte  que le festival continue à garder son identité  en essayant de pouvoir s’adapter  à son temps. C’est ce que la délégation est en train de faire et je pense pour le moment que nous sommes sur la bonne voie.

ArtBF : La question, c’est de savoir s’il y a véritablement un manque à gagner pour que des oreilles attentives viennent en aide au FESPACO ?

M.A.S : De toutes les  façons,  en aucun cas un budget ne suffit. Vous savez aussi que le soutien des partenaires est affecté par rapport à des activités. Si aujourd’hui, des partenaires nous écoutent et nous entendent aussi, nous restons ouverts jusqu’au dernier jour du FESPACO. Même après le Festival, il y a des activités qui continuent au sein de l’institution. Nous continuons vraiment à écouter les partenaires qui n’ont pas encore répondu favorablement à nos requêtes ou qui ne l’ont pas fait d’une  manière spontanée. A tous ceux-là, je leur dis qu’ils peuvent continuer à soutenir le FESPACO.  Nous restons à l’écoute et je pense que c’est important.

ArtBF : Déjà quelles sont les informations utiles et pratiques que vous aimeriez passer à l’endroit de tous ceux qui font actuellement leurs valises pour le Burkina ? 

M.A.S : Nous disons de croire à la Délégation Générale du FESPACO, de croire toujours aux autorités burkinabè pour  pouvoir assurer  justement   la sécurité et les conditions idoines pour que la fête soit  belle. Si depuis 50 ans, l’Etat burkinabè arrive à organiser malgré toutes les difficultés que nous vivons, il est important de pouvoir croire aussi à ce peuple burkinabè  pour que la fête soit belle. Nous leur demandons vraiment de ne  pas avoir peur, de ne pas craindre, de faire leurs valises et de venir à Ouaga  car nous sommes sûrs de pouvoir faire ensemble une très belle fête

Propos recueillis par Patrick COULIDIATY et Alice ILBOUDO

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