Le 15 décembre dernier, le réalisateur Tony Coco-Viloin accompagnait des stagiaires de sa toute nouvelle école de cinéma, appelée ÉPICES (École préparatoire aux Initiatives Cinématographiques), au Centre culturel Sonis aux Abymes. Mariculture l’a rencontré.
Avec ÉPICES (École préparatoire aux Initiatives Cinématographiques), Tony Coco-Viloin entend donner un nouvel élan au monde du cinéma guadeloupéen. Pour ce faire, le réalisateur n’a pas hésité à quitter en juin 2020 son poste en CDI de chargé de mission au sein du Conseil Régional de la Guadeloupe pour se consacrer pleinement à cette nouvelle mission qu’il s’est fixée : doter l’archipel de cadres dans la production audiovisuelle.
En partenariat avec Pôle Emploi, une sélection de candidats stagiaires s’est donc déroulée à la fin de l’année dernière. Cela a permis de constater que ce secteur professionnel suscite un grand intérêt chez les demandeurs d’emploi puisque 850 personnes se sont inscrites pour suivre ces différentes formations proposées par le centre de formation professionnelle, certaines n’hésitant pas à changer de carrière…
“Au lycée de Pointe-Noire, il y a des gens qui font la technique et la pratique, ce dont souffre la Guadeloupe c’est : qui va diriger ces gens-là? Parce qu’il faut toujours attendre que des gens viennent de l’extérieur pour nous diriger (…)”, déclare Tony Coco-Viloin. Et il ajoute en parlant de ces stagiaires : “ils vont pouvoir écrire les partitions à la sortie des études en devenant des critiques de films, des scénaristes, des scripts, des administrateurs, ce qui va générer de la productivité”.
Jusqu’à fin février prochain, ÉPICES accueille 5 groupes de 12 stagiaires qui préparent un “Passeport, Découverte des métiers du cinéma et de l’audiovisuel” en 50 heures de cours. Ce premier niveau de formation a pour but de préparer le paysage audiovisuel guadeloupéen de demain, de contribuer au renouvellement de la créativité et l’imaginaire du pays et d’accompagner les recruteurs (média parlé ou visuel).
Une équipe de 72 professeurs
Ensuite, ces stagiaires pourront approfondir davantage leurs connaissances avec un “Visa” en suivant 200 à 800 heures de cours, un deuxième niveau de formation d’une durée de 11 mois. 72 professeurs ont été recrutés pour dispenser des cours aux stagiaires ; “c’est le résultat de 20 ans de réseaux”, affirme Tony Coco-Viloin qui souhaiterait qu’Eddy Compper rejoigne également son équipe professorale.
Le directeur du Centre culturel Sonis, situé sur le territoire de la commune des Abymes et dans le périmètre de la communauté d’agglomération Cap Excellence, n’est pas contre cette idée. En attendant, ces futurs cadres sont venus, le 15 décembre dernier, découvrir les locaux du Centre en compagnie de leur directeur. Ils ont été accueillis dans la salle de spectacle “Le Bwa Fouyé” transformée depuis la crise du Covid en salle de réunion et, pendant près d’une heure, Eddy Compper leur a expliqué les missions de la structure culturelle et ce qu’il appelle “l’esprit Sonis” auquel, a-t-il dit, toute l’équipe qui y travaille a adhéré…
Coopération caribéenne et collaboration guadeloupéenne
Lors de cette présentation, l’importance du réseautage dans la Caraïbe et en Afrique a été soulignée par Eddy Compper qui était, il y a trois mois en Angola et par Tony Coco-Viloin. Ce dernier a annoncé à ses étudiants que son école sera bientôt chargée de préparer une émission sur le cinéma en français et en créole, en collaboration avec Dion Henderson. Le fils du chanteur dominiquais Gordon Henderson est l’actuel directeur de l’Alliance Française à la Dominique et il anime un programme sur le 7e art sur une radio de l’île voisine. Cette présentation a été suivie d’une séance de questions et réponses.
À noter qu’avant de s’installer dans la commune du Moule, ÉPICES se trouvait dans l’ancien cinéma Rex de Pointe-à-Pitre où sont installés maintenant des porteurs de projets sur des métiers également liés au cinéma. “C’est nous qui étions là, au départ. Nous étions “la première école de cinéma installée dans une salle de cinéma”. Maintenant, le Rex, c’est plus un pôle technique qu’ils veulent développer sur l’animation, les effets spéciaux etc. On s’entend tous bien et on va travailler ensemble”, dit Tony Coco-Viloin.
Des soutiens importants
Parmi ses partenaires financiers, l’organisme de formation compte, pour le moment, le Pôle Emploi Guadeloupe et Canal Plus ; outre Le Moule qui accueille le centre, d’autres collectivités locales comme Basse-Terre et Le Lamentin se disent intéressées par ce projet de formation dans le domaine cinématographique.
ÉPICES dispose aussi d’appuis importants au sein de son conseil d’administration comme la Bibliothèque nationale de France (BNF), la Femis ou l’Université des Antilles.
Tony Coco-Viloin qui a étudié à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) à Paris, à l’International Script School à Miami, à l’École de Lódz en Pologne, qui est un universitaire de Montpellier, d’Aix-en-Provence et professeur aux Beaux-Arts en Martinique est sûr de mener à bien le nouveau challenge de sa carrière.
“On va réussir (…) Il y a 20 ans, je dirigeais une école de cinéma à Marseille. Mes étudiants qui ont suivi les cours, qui ont déjà des enfants, sont déjà en train de témoigner de ce qui a été fait (…)”, conclut-il.
Afin de mieux se faire connaître, ÉPICES organise un séminaire inaugural du 9 au 16 janvier sous le thème: “Éducation aux images : état des lieux et perspectives en Guadeloupe et dans la Caraïbe”. Le parrain de la première école de cinéma de Guadeloupe, le cinéaste burkinabé et directeur de l’Institut Imagine, Gaston Kaboré, était représenté le samedi 9 janvier dernier par le directeur des enseignements, Toussaint Zongo.
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