Gaston KABORE, Cinéaste, fondateur de l’Institut Imagine

Gaston KABORE, Cinéaste, fondateur de l’Institut Imagine

Gaston KABORE intègre l’Ecole Supérieure d’Etude Cinématographique (ESEC) en 1976. C’est autour des années 1980 et 1990 que Gaston KABORE a été mondialement connu grâce à ses films. Fort de ses nombreuses expériences professionnelles et de son désir de transmission, Gaston KABORE fonde en 2003, l’Institut Imagine.

Lieu de formation et de réflexion, l’Institut IMAGINE à travers colloques, panels et masters class accueille permanemment des étudiants, des stagiaires et des professionnels de cinéma du Burkina et de la sous-région. Depuis 12 ans, l’Institut IMAGINE par ces services de qualité est devenu une référence voire, un pôle d’excellence des formations cinématographiques.
Cependant, si tout est rose du côté de l ‘Institut Supérieur du Son et de l’Image-studio-école (ISIS), (la deuxième école de cinéma créée en 2006), la réalité pourrait se présenter autrement à Imagine en tant que structure privée.

En effet, il n’est un secret pour personne que les entreprises culturelles sont pour la plupart des entreprises orphelines; c’est-à-dire sans soutien de l’Etat. Sans être dans le secret des lieux, il serait souhaitable d’encourager cette initiative privée; ne serait-ce que lui accorder une subvention annuelle pour permettre à l’Institut Imagine de former qualitativement et à grande échelle.

Gaston KABORE que nous avons eu la chance de rencontrer au siège de l’Institut IMAGINE revient sur les raisons qui l’ont motivé à créer “IMAGINE”.

Gaston KABORE, fondateur de l’Institut IMAGINE”
Il me sera difficile de présenter l’Institut IMAGINE en très peu de temps. Imagine existe depuis 12 ans et nous venons justement de fêter nos 12 ans d’existence le 28 février 2015. C’était en 2003 le 28 février précisément que nous avons ouvert les portes de l’Institut qui coïncidait aussi avec l’ouverture du FESPACO 2003.

En fait, qu’est-ce qui m’a amené à créer IMAGINE ?

J’ai constaté qu’il y avait un déficit d’offre de formation de cinéma en Afrique de manière générale. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent apprendre le cinéma. Malheureusement, il n’y a pas assez d’écoles de cinéma ni d’opportunité d’apprendre sur le tas. Les rares personnes qui ont eu la chance d’aller dans les écoles de formation désapprennent au fil du temps du faite de la rareté des projets de tournage.
Imagine est donc créé pour suppléer à un manque. C’est un lieu où les gens peuvent venir partager leur expérience avec des moins expérimentés. L’idée n’était pas seulement de répondre au besoin d’apprentissage technique et artistique, mais de mener la réflexion également. Comment faire en sorte par exemple, que les cultures africaines puissent apporter des innovations dans le cinéma. Imagine est donc à la fois un lieu de formation et de réflexion à travers des colloques, des panels et des masters class afin d’amener les gens à non seulement concevoir des histoires qu’ils souhaiteraient raconter mais aussi, continuer d’explorer les styles, les formes et les procédés de narration. Les pays comme l’Asie, le Japon et la Chine ont amené une forme de cinéma directement liée à leurs racines culturelles. C’était un peu cela mon idée en créant l’Institut IMAGINE; c’est-à-dire, donner la possibilité aux gens d’être toujours dans la quête d’une expression qui est à bâtir et en se fondant surtout sur la conviction que le cinéma n’est pas un luxe pour les africains. C’est plutôt une nécessité, nous devons pouvoir nous exprimer par l’image. Si nous ne le faisons pas, nous serons réduits au simple statut de consommateurs d’histoires des autres. Or personne ne pourra raconter nos propres histoires à notre place, avec notre sensibilité. Voilà un peu le projet de l’Institut “IMAGINE”, être un lieu de transmission de savoir, de partage, de fermentation et de fécondation entre les professionnels qui se croisent dans cet institut dans l’espoir que ce brassage de savoirs contribuera à créer une dynamique pour le développement de l’expression cinématographique sur notre continent.

La jeunesse pétille d’un réel engouement pour le métier du cinéma. Malheureusement, c’est une jeunesse sans formation. L’institut IMAGINE a-t-il de projets de formation dans ce sens ?
G.K. : C’est toujours la question de l’apprentissage qui est mise en avant à l’Institut IMAGINE. Nous venons d’ailleurs de terminer le 24 avril 2015 une formation au profit des réalisateurs et des producteurs de cinéma. Elle a été assurée par le cinéaste Jean Michel DISSART avec le concours de l’Ambassade des USA. C’était tout à l’honneur de l’Institut IMAGINE d’héberger une telle opportunité et nous sommes très reconnaissants de cette grande marque de confiance faite à notre Institut. J’espère que nous aurons la possibilité de développer d’autres collaborations de ce genre parce qu’elles rentrent en droite ligne de l’esprit et à la philosophie de l’Institut IMAGINE .
Pour ce qui est de la formation, nous en avons déjà fait;notammentles120 H CHRONO. Nous avons invité des lycéens et des étudiants à IMAGINE. Avec eux, nous avons constitué des équipes; ils ont écrit des scénarios sous l’encadrement d’anciens stagiaires et de professionnels de la place. Puis, nous avons invité leurs parents à venir voir ce qu’ils ont pu faire en l’espace de 5 jours. Évidemment, c’est la question de ressources qui se pose; il faut qu’on trouve les ressources nécessaires pour rééditer des formations de ce genre. Mais ces 120 HEURES CHRONOS sont prévues dans notre nouveau plan triennal qui va commencer à partir de juillet 2015. D’autres activités sont également prévues dont notamment “Camp mémoire”, une activité assez emblématique où nous recevons des lycéens, des collégiens, des étudiants et tous ceux qui s’intéressent à la narration filmique. Aujourd’hui, chacun avec son téléphone portable est capable de faire un film; certes qu’il ne respectera pas les carneaux du cadrage mais ce sera déjà une première expérience en matière de réalisation d’un film parce qu’en fait, faire un film, c’est raconter une histoire. L’Institut IMAGINE est ouvert non seulement aux professionnels de différents niveaux mais aussi aux amoureux du cinéma qui ont envie d’acquérir des rudiments de base à même de leur permettre de faire des films. C’est autant d’initiatives que nous avons en projet mais qui ne sont pas sans difficulté. La formation quoiqu’on fasse, malgré notre bonne volonté à former la jeunesse à un coût ! Qui finance ?
Faire du cinéma un métier accessible à tous et non un produit de luxe pour les jeunes, c’est également à ce prix que le Burkina pourrait sortir de l’ornière et mériter son titre de “Pays Capital du cinéma africain”. C’est véritablement notre cri de cœur à l’endroit du gouvernement et aux décideurs politiques de notre pays.
P.K

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