Insurrection populaire : 5 ans après, où est le Burkina Faso ?

Insurrection populaire : 5 ans après, où est le Burkina Faso ?

Des leaders de la société civile, chercheurs et professeurs d’université ont animé un panel le mercredi 30 octobre dernier à l’institut FREE AFRIK à Ouagadougou. Un panel au cours duquel, les échanges ont permis de passer au peigne fin la genèse des évènements des 30 et 31 octobre 2014, situer les responsabilités et dégager des perspectives pour un Burkina nouveau 5 ans après.

Les panélistes (de la gauche vers la droite) Bruno Jaffré, Mahamadé Sawadogo, Boureima Salouka (modérateur) et Abdoulaye Diallo

Si beaucoup d’acteurs et de chercheurs se posent la question de savoir : « Insurrection populaire : 5 ans après, où est le Burkina Faso ? », ce ne sont pas les citoyens qui en diront le contraire. C’est ce qu’on pouvait constater lors des échanges au cours du panel organisé à l’occasion de ce 5e anniversaire de l’insurrection populaire. Sur le plateau, ils étaient 3 trois panelistes invités à cet effet à conduire le débat. Il s’agit de Bruno Jaffré, auteur du livre « Burkina Faso : l’insurrection inachevée », de Mahamadé Sawadogo, Pr de philosophie morale et politique à l’université Joseph Ki Zerbo, de Abdoulaye Diallo, coordonnateur du Centre de presse Norbert Zongo et par ailleurs, Conseiller du mouvement le Balai citoyen et du journaliste Boureima Salouka qui a assuré la modération. En effet, tous restent unanimes que les évènements des 30 et 31 octobre 2014 ont été la conjugaison de plusieurs efforts, aussi bien de la société civile que des partis politiques. Mais Abdoulaye Diallo soutient que la cheville des évènements demeure la société civile qui a su jouer le jeu. Par conséquent, il clame les partis politiques car, selon lui, ils se sont mis en position d’attente quand  il fallait agir avec courage et détermination. Le Pr Mahamadé Sawadago a, pour sa part, réfuté le rôle et la vision du politique que M Diallo qualifie attentiste. Pour lui, la classe politique savait exactement ce qu’elle faisait.  Mais, déplore-t-il, le fameux Rock, Salif et Simon à l’époque, ont été dans le moules de Blaise, ils ont grandi à l’ombre de Blaise et avaient travaillé à l’installer et c’est ça leur péché congénital.

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un parterre d’invités participant à un débat ouvert et parfois houleux

Aujourd’hui, avec les attaques terroristes tous azimuts, Pr Mahamadé Sawadogo martèle que le pouvoir actuel ne fait pas l’affaire des Burkinabè. Il a en outre invité les uns et les autres à poursuivre la lutte en posant clairement la dimension du changement qui sied le plus pour la jeunesse dans son ensemble. Aussi, si d’aucuns pensent qu’en ce qui concerne la situation créée par l’insurrection populaire personne ne s’y attendait, Bruno Jaffré ajoute que le MPP savait bien ce qu’il faisait. A l’en croire, le parti au pouvoir aurait, à l’époque, créé des organisations de la société civile qu’il aurait infiltrées partout. Qualifiant « l’insurrection d’inachevée » dans son ouvrage, Jaffré a exprimé son regret de voir le MPP se hisser à la magistrature suprême après les évènements des 30 et 31 octobre 2014. De plus, il a expliqué que ces derniers étaient des anciens amis de Blaise Compaoré durant ses 27 ans de règne et de dictature.  Sur la question de savoir à qui incombait la responsabilité, aujourd’hui, nombreux sont les Burkinabè désillusionnés. Ils  pensent que certains responsables des organisations de la société civile comme le Balai citoyen à avoir trahi la lutte.  Et Abdoulaye Diallo d’être, on ne peut plus clair, catégorique. Accuser son mouvement d’avoir trahi l’insurrection populaire, est une fuite de responsabilité, dira-t-il. Pour lui, il faut dépasser cette étape d’accusation  et d’attaque de tel ou tel mouvement car cela ne fait pas avancer la lutte. Et comme « une lettre pour Laye », Bruno Jaffré appelle à faire le procès « pour régime de Blaise Compaoré », condition sine qua non à l’épanouissement du peuple burkinabè.

Didèdoua Franck ZINGUE

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