Mode : Oumou COMPAORE, Mannequin et promotrice de “Models and Events Agency”

Mode : Oumou COMPAORE, Mannequin et promotrice de “Models and Events Agency”

Quelle est la place du métier de mannequinat dans le paysage culturel du Burkina Faso ? C’est une question sur laquelle  beaucoup d’entre nous s’interrogent encore aujourd’hui. Pendant que des promoteurs et des stylistes s’ingénient à trouver des canaux pour promouvoir ce métier, les sponsors et autres hommes d’affaires sont réticents à délier les cordons des bourses pour soutenir le secteur. La mannequin Oumou ‘C qui vient de boucler la première édition de “Ouaga Fashion KID” évoque la misère et le calvaire avec lesquels elle a endurés pour trouver un sponsor au Burkina. Son expérience est éprouvante et très révoltante. Lisez plutôt !

“Je garde une très belle expérience de cette profession qui m’a ouvert beaucoup de portes”

“Je serai toujours dure avec les hommes tant que leur comportement ne cadre pas avec mon éducation. En ce qui me concerne, il est hors de question de parler de “droit de cuissage”; ce n’est pas possible ! »

Oumou COMPAORE (Oumou’ C) : Je me nomme Oumou COMPAORE à l’Etat civil et le milieu du showbiz m’appelle Oumou’C. Je suis mannequin de profession et en plus du mannequinat, je suis directrice commerciale dans une société d’import-export et j’ai également ma marque de vêtement.  Je garde une très belle expérience de cette profession, qui m’a ouvert beaucoup de portes, qui m’a permis de grandir, de murir, de rencontrer des personnes formidcables

ArtBf : Parlez-nous de votre agence Models and Events Agency”

Oumou’ C : Je l’ai créer en association avec Mariam THIAM  (MATHI), une grande sœur à moi à qui je fais un “coucou” au passage. “Models and Events Agency” est spécialisée dans la formation des mannequins. Nous sommes également dans l’événementiel avec  un large répertoire  d’hôtesses et nous sommes appuyés par une équipe de communication.

Directrice commerciale et promotrice d’une agence, quelles difficultés ?

Oumou’ C : J’ai un patron assez compréhensif parce qu’il s’implique dans l’organisation de mes évènementiels aussi. Lors de notre dernier événement par exemple, il nous a autorisés à faire l’enregistrement dans ses locaux. C’est un patron mais également un ami qui m’accompagne dans  ma passion.  C’est cela aussi le sens de l’amitié; c’est-à-dire, quand on a de l’estime pour quelqu’un, on respecte ce que la personne aime.

L’histoire a suffisamment révélé qu’une  entreprise à management bicéphale a peu de chance pour survivre. A votre niveau, comment comptez-vous faire l’exception?

Oumou’ C : Les gens passent à côté d’une très belle expérience en se mettant ces idées ou si vous voulez, ces barrières dans la tête. Avec nous, ça se passe très bien parce qu’en langue Bambara on dit “qu’un seul doigt ne peut pas soulever un caillou”. On dit aussi “une tête, une idée ; deux têtes, deux idées” . Et quand on combine plusieurs idées, ça ne peut que donner des choses merveilleuses. Essayez et vous verrez. Franchement, je ne me plains pas, mon amie est très douce. Je peux dire que c’est moi-même qui ai le sang chaud. (rires)

Lorsque deux hommes dirigent une entreprise, ce sont les femmes semble-t-il qui les divisent. Maintenant que vous êtes deux femmes pour une agence, peut-on appliquer  la logique mathématique pour déduire que les hommes risquent de vous diviser ?

Oumou’ C : Non !  Ce n’est pas possible et ce n’est même pas envisageable ! ça se passe super bien à notre niveau.

Quel est l’objectif de Models and Events Agency”?

Oumou’ C : L’objectif, c’est d’organiser des événementiels et permettre aux jeunes frères et sœurs qui aimeraient embrasser le métier de mannequinat puissent   le faire ; ce serait déjà une source d’emploi.  L’essentiel n’est pas seulement de se former et rester des années à se tourner les pouces mais c’est de faire en sorte à occuper utilement les mannequins. Pour ce faire, on recrute et on trouve des canaux ou des événements pour employer ces mannequins ou pour qu’ils puissent prester. Nous faisons des prospections pour avoir des marchés pour que nos hôtesses puissent également travailler. “Models and Events Agency existe déjà deux ans.

Parlez-nous de “Ouaga Fashion KID” que vous avez organisée le 29 juin 2019

Oumou’ C : Elle consistait à faire rêver les tout petits. Il y a beaucoup d’enfants qui s’intéressent à la mode et qui ont envie de faire comme les grands frères mais il n’y a pas d’événement propice à cela et les créateurs de tenues pour enfants n’ont pas de visibilité. Nous avons voulu faire plaisir à tout ce beau monde en créant cet événement dénommé “Ouaga Fashion KID”

 

Quel bilan tirez-vous de cette activité ?

Oumou’ C : L’événement a été un succès franc parce que le public a répondu, les enfants ont adoré, c’était vraiment un bonheur partagé avec les enfants. Nous remercions tous les sponsors qui nous ont soutenus avec du jus, des biscuits et du matériel même si nous n’avons pas eu de soutien sur le plan financier ! Pourtant, on avait la location de la salle à payer et bien d’autres charges à honorer. Finalement, on s’en est tiré avec des poches trouées malgré la modestie de notre budget qui tournait autour de 2 500 000 francs CFA. C’est vous dire combien les choses n’ont pas été si simples !

A votre avis, qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Oumou’ C : C’est le manque d’intérêt ou cet esprit de “je m’en foutisme”. Nous avons pourtant approché beaucoup les gens par rapport à la tenue de l’évènement. Nous les avons contactés avec dossiers à l’appui 4, 5, 6 mois à l’avance chez certains sponsors. Ils les ont reçu et confirment qu’ils sont intéressés par l’évènement ; donc, ils nous donné de l’espoir. Certains nous ont promis de nous accompagner et l’ont même confirmé à 72 ou 48 heures de l’événement. Puis jusqu’à l’heure où je vous parle, rien …. Ah ! ce n’est pas simple ! (d’un air déconcertée). Je trouve que ce n’est pas du tout bien ! De grâce, quand on ne peut pas sponsoriser ou honorer une promesse, qu’est-ce qui coute de le notifier aux promoteurs par lettre ou par téléphone pour qu’ils prennent leur disposition ?  C’est encore mieux de la faire ainsi plutôt que les laisser dans le flou.

Dans le monde du showbiz, les sponsors sont réputés pour certaines pratiques indécentes et récurrentes :  C’est soit la corruption, le népotisme ou le droit de Cuissage. Rarement, ils sont félicités pour leur attitude intègre.  En tant que femme n’êtes-vous pas trop “dure” avec les hommes ?

Le mannequin, profondément marquée par les promesses non tenues de certains partenaires

 Oumou’ C : (Rires) . Je serai toujours dure avec les hommes tant que leur comportement ne cadre pas avec mon éducation. Je pense qu’il faut éviter mettre les charrues avant les bœufs ! Quand on est intéressé par une personne et que l’on veut conquérir cette personne, il faut trouver les cadres qui s’y prêtent. Mais il ne faut pas attendre au moment où cette dernière est dans les difficultés pour lui mettre la pression. A ce moment, quand tu cèdes, c’est comme si tu ne te donnes pas de la valeur et que tu n’as pas de dignité. Personnellement, j’ai ma dignité à défendre et je ne vais pas me laisser faire parce que je suis dans le besoin. NON ! le besoin est momentané ! C’est lorsqu’on n’a pas compris la vie que l’on saute sur des occasions fortuites pour s’offrir des grâces à un instant “T”. Quand on crée une entreprise, on souhaite que l’entreprise vive longtemps. On a envie que les idées qui soutendent  cette entreprise soient viables.  Si au lieu de cela, on cède à la facilité  (sexe) pour tenter d’arriver par la courte échelle, c’est grave ! Parce que je ne pourrai pas continuer de le faire pendant 10 ou 20 ans. Or, j’ai besoin que l’entreprise vive même après moi. Il faut que les gens arrêtent ce comportement. S’ils ne peuvent pas accompagner un projet, ils ne sont pas obligés; donc qu’ils ne donnent pas de faux espoirs aux promoteurs (trices) ni les soumettre à une quelconque pression lorsqu’il s’agit de femmes entrepreneures parce qu’en ce qui me concerne, il est hors de question de parler de droit de cuissage; ce n’est pas possible !

Avez-vous frappé aux portes des associations féminines ?

Oumou’ C : Malheureusement non !  Je n’en connais pas beaucoup, mon associée non plus. Mais en attendant, nous travaillons à créer notre association professionnelle afin de nous faire connaître par les institutions comme c’est le cas dans les autres pays.

Quelles sont vos perspectives pour cet événementiel?

Oumou’ C : Nous sommes déjà en train de préparer la 2ème édition.

Mais d’ici là, j’encourage le public burkinabé à être curieux et accompagner surtout ceux qui ont des initiatives. La plupart du temps, on a l’impression que les promoteurs organisent des évènements pour s’enrichir…. Non, c’est tout un ensemble qui rentre en jeu. Essayons de nous encourager et de nous soutenir mutuellement parce que ça profite à tout le monde. Pour mes frères et sœurs qui aimeraient embrasser le métier de mannequinat, je leur demande de ne pas venir dans le mannequinat parce qu’ils souhaitent qu’on les appelle mannequin. Faites-le parce que vous avez un objectif ou un idéal à atteindre. Dans le cas contraire, abstenez-vous parce qu’il faut persévérer pour réussir. Aucun métier n’est facile; mais quand on veut, on se donne les moyens pour y arriver !

Vivement donc que le cri de cœur de cette dame soit entendu par les organisations féminines pour une meilleure professionnalisation du secteur du mannequinat et pour plus de considération pour la femme.

Artistesbf

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