Qui ne s’est jamais assis lors d’une mission, le temps d’une pause-café ou d’une petite balade pour solliciter le service d’un cireur de chaussures ? Ils sont très nombreux ces jeunes qui côtoient les rues, fréquentent les places publiques ou les cérémonies officielles à la recherche de potentiels clients pour des services de cirage. C’est un métier comme tout autre qui procure dignement aux auteurs leur pitance quotidienne. Il faut donc encourager et féliciter ces acteurs qui refusent de mendier ou d’emprunter la courte échelle. Toutefois, ils enferment dans leurs boîtes à outils ou leurs sacs à dos des secrets et pas des moindre….
Voici notre constat ce 06 août 2024 dans quelques maquis de la ville de Ouagadougou.
Les faits : Les cireurs de chaussures se reconnaissent généralement par leurs vestimentaires peu soignés, les chaussures sans ou avec des lacets défaits. A deux ou en groupe, ils côtoient les rues, les maquis ou les lieux très fréquentés à la recherche de potentiels clients. Dans certains cas, ils sont facilement repérables par leurs chaussures à ciel ouvert, des pieds rougis par la poussière quand c’est pendant la saison sèche. En saison pluvieuse, ils ont les tenues souvent éclaboussées par endroit à force de marcher aux bords des voies et dans les flaques d’eau. Ils parcourent de grandes distances sans même se préoccuper de leurs lacets défaits et boueux trainant à même le sol. Enfin, un petit banc est généralement tenu dans une des mains ou soigneusement rangé avec les autres matériels dans des sacs au dos. Nous passons sous silence l’hygiène corporelle qui souvent, laisse aussi à désirer.
Au-delà de cette présentation, le cireur de chaussures cache bien des secrets que le commun des mortels ignore. Le client même qui vient de se déchausser pour cirer sa paire est loin de comprendre l’acte qu’il pose lorsqu’il troque temporairement sa paire de chaussure contre la vieille paire de tapette sur laquelle il vient de déposer ses pieds pour attendre tranquillement que le cirage finisse.
Pour découvrir le secret ou du moins, le mystère caché à travers ces vieilles sandales communément appelées tapettes, proposez un jour à votre bienfaiteur de cireur de vous vendre la vieille tapette qui vous a servi de pose-pieds pendant le temps du cirage. Au Burkina, tout le monde sait que la tapette couterait au maximum la somme de 600 frs. Mais proposez tout de même de lui acheter sa vieille tapette. Même à 1000 frs, 5 000 frs ou même 100 000 frs et plus… votre cireur ne vous la vendra pas !
Or, vous conviendrez avec nous qu’un cireur de chaussures burkinabè avec tout le respect que nous avons pour son métier ne soit pas aussi fortuné au point de refuser de telles offres. Et pourquoi alors s’entête-t-il à rejeter des propositions si alléchantes ?
Pourquoi refusent ils donc de vendre ces vieilles sandales ? Le secret se trouve dans cette vidéo.
Au-delà de l’hygiène et des éventuelles dermatoses contagieuses, combien de personnes posent chaque jour leurs pieds sur ces tapettes depuis leur mise en service ? Des milliers ? 1 ou 2 millions de personnes ou même plus ?. Et selon les cireurs, plus ce nombre est important, mieux ça vaut. Des gens mal intentionnés seraient prêts à acheter ces vielles chaussures à tout prix pour assouvir leurs basses besognes. Pour l’instant, il faut féliciter ces cireurs pour leur professionnalisme et leur intégrité. Mais pour combien de temps résisteront ils à cette tentation ?
Patrick COULIDIATI
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