Société : les pensionnaires de Sakoula, et si on en parlait ?

Société : les pensionnaires de Sakoula, et si on en parlait ?

Ils sont nombreux à être rejetés par la société et leurs familles pour cause de sorcellerie. Certains de ces hommes et  femmes accusés à tort sont abandonnés à eux-mêmes. D’autres trouvent refuge au centre Delwendé pour les pensionnaires de Sakoula au Burkina Faso. Pour en savoir plus,  nous nous sommes rendue au centre pour échanger avec la sœur Vikness MULEYA,   Zambienne de la congrégation des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique, encore appelées « sœurs blanches », 1ère responsable du centre.

Artistes.Bf (Art.BF ): Que pouvez-vous nous dire  de ce centre dont vous avez la charge ?

Sœur Vikness MULEYA (SVM ): Ici, nous sommes au Centre Delwendé de Sakoula, le même qui était à Tanghin. Il existe depuis plus de 50 ans. Sa gestion   est donnée à l’Église catholique sous les missionnaires de Notre Dame d’Afrique en collaboration avec les Sœurs de l’Immaculée Conception. Le centre compte 177 pensionnaires, comptant 08 hommes dont 02 malades mentaux. La plus part des femmes sont du 3e âge et toutes ces personnes ont un  suivi.

Quelques pensionnaires femmes lors d’une messe de dimanche.

Les pensionnaires vivants ici ont été chassés de leur famille car,  accusés de sorcellerie. Nombreux viennent du Passoré plus précisément de Yako. Il y a en qui reçoivent souvent des visites de leurs parents contrairement à d’autres qui n’en reçoivent pas. Nous arrivons grâce aux séances de sensibilisation à réintégrer d’autres dans leurs familles. On aimerait que beaucoup soient réintégrés mais, nous rencontrons toujours des difficultés au niveau des familles.

Art.BF : Quelles sont les activités que vous menez au sein du Centre avec les pensionnaires ?

SVM : Il y a une organisation de telle sorte que chacun ait une occupation. Tout le monde fait le filage du coton. En plus de cela, il y en a qui font du maraîchage, de l’élevage de porcs et de poulets, la fabrication du soumbala, de savon liquide et en briques.

Pendant l’hivernage, il y a des pensionnaires qui sont sollicités pour  les travaux champêtres. Il y en a qui vont travailler dans les marchés et tout ce qu’ils gagnent comme argent dans les différentes occupations, c’est pour leurs propres besoins.

Art.BF : Vous avez  fait cas d’un suivi pour les pensionnaires. Pouvez-vous nous en dire plus ?

SVM : les pensionnaires ont un suivi spirituel, moral, psychologique et psychiatrique. Il y a une infirmerie pour le suivi santé avec 2 infirmiers qui viennent régulièrement, le psychiatre est là chaque jeudi et le psychologue 3 fois par semaine.

Art.BF :Arrivez-vous à subvenir aux besoins des pensionnaires ?

SVM : par la grâce de Dieu et l’aide de bonnes volontés nous arrivons à subvenir aux besoins des pensionnaires. Nous recevons la plus part du temps des dons ponctuels, c’est-à-dire que les donateurs ne nous préviennes pas avant de venir. Les associations, organisations et groupes nous font des dons beaucoup plus pendant le temps de carême, à Pâques, Tabaski et Noël comme l’ a fait aujourd’hui la Chorale Saint François d’Assise du Scolasticat par leur visite. Il faut noter que nous avons aussi l’aide de la Mairie et de l’Action Sociale.

photo de famille des pensionnaires avec la chorale Saint François d’Assise du Scolasticat

Art.BF : Quelles sont vos difficultés rencontrées?

SVM : Dans un grand centre comme celui-ci, les difficultés ne manquent pas. Nos difficultés majeures concernent la santé et l’alimentation. Les femmes ici sont du 3e âge, alors elles tombent facilement malades. Il nous est parfois difficile d’arriver à payer toutes les factures des soins. Pour l’alimentation, il est vrai que nous recevons des dons mais, cela ne suffit pas toujours. Nous avons toujours un manque à combler.

Art.BF : Quel est votre mot de fin ?

SVM : Je vais d’abord remercier tous les donateurs et tous ceux qui pensent à nous. Merci à eux pour ce qu’ils font pour le Centre Delwendé de Sakoula.  Ensuite je demande aux médias de ne pas garder ces cas dans les tiroirs mais, de nous aider à divulguer le message afin de faire  savoir que toutes ces personnes sont effectivement accusées à tort. Enfin Il faut continuer  la sensibilisation parce que c’est un phénomène qui touche tout le monde ; nous devons tous travailler afin d’éliminer à jamais  ce fléau dans notre pays.

Elise Lèfom DENE (Stagiaire).

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