Dans l’objectif d’encourager la pratique du tourisme interne au Burkina Faso, le gouvernement à travers le ministère en charge de la culture invitait les burkinabè en 2020 à la pratique du tourisme interne. C’était lors d’une conférence de presse tenue le 30 juillet 2020 à Ouagadougou. A cette occasion, les hôteliers ont été invités particulièrement à consentir une baisse de 25% sur les tarifs des hébergements afin de redonner vie au tourisme burkinabè. Aujourd’hui, il est heureux de constater que la pratique du tourisme interne semble avoir pris tout son envol dans la cité du cavalier rouge. la ville de Koudougou sera-t-elle en passe de devenir la première destination touristique au Burkina ? C’est du moins le constat que notre équipe a fait sur place ce 28 septembre 2024 avec un professionnel du milieu.
Tout en saluant les efforts du gouvernement dans le sens du renforcement de la résilience touristique, notre invité égraine cependant quelques difficultés et a fait d’importantes recommandations.
Située à environ 100 km de la capitale burkinabè, Koudougou est la 3ème ville du Burkina Faso. Depuis la crise sécuritaire, les hôtels de cette ville mettent les bouchées doubles pour être en phase avec l’appel du ministère en charge de la Culture en vue d’encourager la pratique du tourisme interne. Mr Yel ka Yé (nom d’emprunt) officie dans le milieu hôtelier et du tourisme depuis 1988.
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A l’entendre, tout fonctionne bien à Koudougou malgré le consentement des patrons d’hôtels à réduire de 25% le prix des chambres d’Hôtel. « Au regard du contexte, les chambres ventilées sont passées de 15 000 frs à 7 500 frs, les chambres climatisées à 12 500 frs. Les chambres de 30 000 sont revenues à 20 000 frs. Ensuite, les chambres équipées de lits de trois (03) places avec des écrans 42” sont actuellement à 20 000 frs. Je précise que ces chambres sont également équipées de bureaux de travail, douches et WC, internes », nous-a confié Yel ka yé.
Mais tout n’est pas rose nous dit-il; car il existe des difficultés qui entravent le bon fonctionnement des hôtels. Il s’agit entre autres, de la suppression de la restauration dans les hôtels, un volet très important qui permettait aux hôteliers de faire face aux charges.
Les difficultés
La préférence des clients à se restaurer en dehors des hôtels.
- La 1ère difficulté selon Yel ka yé est la suppression de la restauration dans les hôtels. Cela a pour conséquence la préférence des clients à se restaurer en dehors des hôtels. «La suppression des pauses déjeuners pose vraiment problème », a-t-il indiqué.
La réduction de 25% sur les tarifs des chambres est bien accueillie. Yel ka yé dit être même très heureux d’accompagner son ministère de tutelle.
« Nous sommes très heureux d’accompagner notre ministère de tutelle. Mais quand les gens viennent dans les hôtels et ressortent manger hors de nos hôtels. Qu’est-ce qu’on tire vraiment de cette réduction ? », s’interroge-t-il. Pour résoudre le problème, notre invité suggère au Ministère de tutelle d’insérer les frais de la restauration dans les frais d’hébergement. « Ainsi, le client aura l’obligation de manger à l’hôtel ; et là, ça pourrait profiter aussi aux hôteliers », conclut-il d’un air satisfait.
La concurrence entre les hôtels et les salles de conférence des bâtiments administratifs.
Yel ka Yé : Les salles de conférences des hôtels ne sont pas très rentables ! On a des problèmes actuellement parce que les gens préfèrent aller souvent dans les salles des bâtiments administratifs, ou autres associations pour tenir leurs rencontres. Ce sont des lieux administratifs qui nous font la concurrence et qui ne payent peut-être même pas les impôts comme les hôteliers.
Le principe d’octroie du marché public «au moins disant».
Selon Yel ka Yé, le moins disant peut obtenir le marché mais incapable d’offrir des services appréciables.
Quelques suggestions
Enfin, Mr Yel ka yé a fait des suggestions à l’endroit des plus hautes autorités pour un service de qualité. Il s’agit de :
1-la surveillance de la mercuriale des prix
Yel ka Yé : Je souhaite que l’Etat change la mercuriale des prix et accélérer le règlement de nos factures au niveau du trésor public. Nous avons par exemple des factures de plus de 05 ans qui ne sont pas jusque-là réglées.
2-la remise du volet restauration aux hôteliers
Yel ka Yé : Nous souhaitons récupérer la pause-déjeuner et la pause-café.
3- repenser la question des appels d’offres
Yel ka Yé : Je suggère également qu’on puisse revoir la question des appels d’offres qui veut que ce soit l’offre la moins disante qui soit retenue. Il n’est pas rare en effet de rencontrer un restaurateur qui fait la compétition avec un hôtel 03 étoiles. Le restaurateur propose 4 000 francs contre 6 000 francs le plat pour l’hôtel. Etant donné qu’on choisit le moins disant, celui de 4 000Frs gagne le marché. Mais c’est sur le terrain que tout se jouera parce qu’il sera difficile au restaurateur d’être à la hauteur du service (en nombre de plats) et du point de vue qualité aussi.
4-l’instituer des taxes sur les bâtiments administratifs transformés en maison de commerce
Yel ka Yé : Que ce soit un hôtel à 1, 2 ou 3 étoiles, nous payons tous les mêmes condiments et c’est le même poulet que nous préparons. Je suggère donc que tout propriétaire ayant transformé sa maison ou son service en lieu de commerce paie aussi les taxes au même titre que les hôteliers.
Propos recueillis par ArtistesBF
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