PROPHARM, pour appuyer les politiques de santé publiques burkinabè

PROPHARM, pour appuyer les politiques de santé publiques burkinabè

La covid-19 a fini par révéler au monde entier la faiblesse du tissu d’approvisionnement des produits pharmaceutiques. L’année 2020 a été surtout marquée par d’importantes ruptures dans la fourniture de produits de santé contre la covid-19. Masques de protection, appareils respiratoires, paracétamol et bien d’autres biens de santé étaient rares ou très sollicités aux premières heures de l’année 2020 dans la lutte contre la pandémie.

C’est autant de faits majeurs qui doivent aujourd’hui inspirer les Etats Africains vers l’adoption d’une politique de souveraineté sanitaire. Et PROPHARM dont l’ambition est de fabriquer au Burkina des médicaments contre le paludisme, la diarrhée, l’hypertension artérielle et le diabète s’impose déjà comme  un début de solution à cette dépendance sanitaire.

Située à Komsilga dans la commune rurale de la province du Kadiogo, PROPHARM est d’une superficie de 3000 m2 construite sur un site de 3ha. Le Dr Armel COEFE, DG de l’unité pharmaceutique nous a donné ce 4 janvier 2022, le privilège et le plaisir de visiter  le joyau.

Malgré les crises sanitaires et sécuritaires que traverse le pays des hommes intègres, le  Dr Armel COEFE reste pour son courage et son audace, une figure emblématique de la résilience et un cas d’école à même d’inspirer la jeune génération d’entrepreneurs .

En attendant les certifications du site, nous vous proposons de découvrir l’infrastructure à travers cet entretien et la visite guidée. Vidéo-dessus



 

Présentation et mission de PROPHARM

Armel COEFE (A.C) : PROPHARM SA est la société de Production Pharmaceutique. C’est une unité industrielle pharmaceutique qui a été créée en Février 2018 et qui bénéficie d’un arrêté du ministère de la santé portant autorisation d’ouverture et d’exploitation de l’établissement pharmaceutique de préparation (puisque c’est ainsi qu’on désigne les industries pharmaceutiques).

PROPHARM est une entité qui a été mise en place pour répondre à un besoin, celui notamment de mettre à disposition du système de santé, des médicaments pour la prise en charge des pathologies locales. PROPHARM a donc pour ambition de produire des médicaments ; mais des médicaments qui vont être utiles au système de santé du Burkina Faso. C’est entre autres, des médicaments contre le paludisme, les causes de mortalités infantiles notamment, la diarrhée, des médicaments contre l’hyper-tension artérielle et les médicaments contre le diabète. C’est essentiellement ces médicaments que PROPHARM compte mettre sur le marché.

Un mélangeur. il mélange le principe actif et les excipients. Capacité : 800 000 comprimés

C’est également une unité qui a été conçue avec des salles blanches dans lesquelles les germes, les particules, la température et l’humidité sont contrôlés. Elles (les salles) ont été réalisées par des Italiens et les équipements de productions, ont été acquis au Texas (Etats-Unis).

La Ressource Humaine est formée en majorité de pharmaciens certifiés aux Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF-GMP) issus de grandes écoles françaises, USA et Canada.

Du point de vue réglementaire, PROPHARM bénéficie de sept (07) arrêtés dont les plus importants sont entre autres, les arrêtés du Ministère de la santé qui porte sur l’autorisation d’ouverture et d’exploitation, du Ministère de l’environnement qui donne un avis conforme de faisabilité environnemental car pour ce type d’unité industrielle, il faut prendre en charge les déchets qui y seront produits et enfin, il y a celui du ministère de l’industrie portant autorisation d’implantation de l’unité.

Burkina7 : Vous existez depuis combien d’années ?

A.C : Officiellement, depuis 04 ans ! C’est vrai que nous existons depuis février 2018. Mais il a fallu deux ans pour qu’on se mette en règle vis-à-vis de la loi avec l’ensemble des arrêtés requis.

Burkina7 : Une grande structure comme PROPHARM nécessite des moyens.  D’où tirez-vous vos matières premières ?

A.C : Les matières premières sont pour la plupart importées et elles viennent de pays tels que l’Inde, la Chine et l’Europe pour les excipients. Aussi, pendant que PROPHARM se met progressivement en place, il est prévu à moyen et long terme, la production locale de certaines matières premières.

Burkina7 : Avez-vous un projet de collaboration avec le CNRST qui produit déjà des comprimés ?

A.C : Nous avons déjà un projet de partenariat plus précisément avec l’IRSS qui est l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé. Il y a une entité au sein de l’INRSS qui s’appelle le MEPHATRA qui produit déjà des PHYTO-médicaments et des médicaments génériques à travers un établissement pharmaceutique de préparation qui est U-PHARMA. Nous avons déjà eu des contacts avec cette unité. En fait, nous pourrions être le prolongement de l’INRSS pour la production à l’échelle de leurs candidats médicaments. Ce qui veut dire que pour tous les médicaments qui seront issus de la Recherche et Développement de l’IRSS et qui obéissent aux différentes étapes de la réglementation pharmaceutique, PROPHARM pourra les produire en plus grande quantité. Au cours de la visite guidée, vous avez constaté que nous avons des capacités de production de 150 000 comprimés / heure et 100 000 gélules/heure. Nous pourrons donc à la faveur de cette collaboration très facilement amplifier ce qu’ils auront fait comme recherche pour permettre à la majorité de la population d’avoir accès aux fruits de la recherche des scientifiques burkinabè.

Burkina7 : PROPHARM a-t-il également en projet des recherches sur le vaccin contre le paludisme qui décime chaque année une part importante de la population ?

A.C : En effet, nous avons déjà pris contact avec l’IRSS Bobo qui est l’un des centres de références qui a piloté l’ensemble des essais cliniques pour le RTSS et le R21. Ce sont les deux candidats vaccins qu’on a aujourd’hui contre le paludisme. Nous avons donc pris attache avec l’IRSS Bobo pour savoir comment éventuellement en tant qu’unité industrielle burkinabè, nous pouvons participer en produisant localement ces vaccins contre le palu. Donc, les discussions sont en cours avec tous les partenaires étrangers parce qu’en la matière, beaucoup d’acteurs y sont associés. Nous avons déjà une zone d’extension où on prévoit de produire des injectables. Dans cette zone d’extension, une partie sera réservée à la production des vaccins. Et PROPHARM est accompagnée  par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation qui nous appuie pour que nous puissions éventuellement produire localement le vaccin après la phase 3 des essais cliniques.

Burkina7 : Combien vous a coûté cette grosse infrastructure comme PROPHARM ?

A.C : A cette date, nous sommes à un coût global estimé à quinze (15) milliards de francs CFA entièrement mobilisé par un groupe financier burkinabè que nous saluons au passage pour leur patriotisme. C’est le montant donc qui a été mobilisé localement pour la mise en place de tout ce que vous avez vu pendant la visite guidée, c’est-à-dire, chaîne de production, utilitaires, laboratoire de contrôle de qualité, salles blanches, système HVAC … etc.

Burkina7 : 15 milliards, ça fait rougir les yeux. Quelle a été la contribution de l’Etat ?

Il faut dire que l’Etat nous a beaucoup accompagné à travers ce qu’on appelle ‘’ le code des investissements’’. A travers ce code, nous avons bénéficié de l’accompagnement de l’Etat à travers le régime ‘’C’’ qui nous a donné un certain nombre de détaxes. Ainsi, nous ne payons pas un certain nombre de taxes et autres impôts pendant une période de cinq (05) à sept (07) ans. Donc, l’ensemble de cet accompagnement sur la durée est évalué entre 07 et 09 milliards de Francs CFA. N’eût été ce code des investissements dont nous avons bénéficié, nous serions aujourd’hui à autour de vingt-deux (22) milliards d’investissements. Sur ce point, nous pouvons dire que la contribution de l’Etat est fort appréciable.  

Burkina7 : De quoi avez-vous besoin à cette date pour rendre opérationnelle PROFARM ?

Le Dg présentant une « comprimeuse » automatique. Capacité : 150 000 comprimés/h

A.C : Notre plus gros handicap, c’est la ‘’COVID-19’’ qui nous a imposé un arrêt de près de 09 mois. Aucun expatrié, aucun italien ou partenaire extérieur ne voulait revenir sur le site pour cause de la pandémie à Covid-19. En effet, nous n’avons eu les premiers retours sur le site qu’en juillet 2021. L’ensemble des installations est globalement fini. Nous n’attendons plus que la venue d’un organisme indépendant pour la certification du site parce que ceux qui ont mis en place les salles, ce ne sont pas ceux qui certifient que les salles blanches sont conformes à la production. C’est un organisme totalement indépendant qui vient et qui certifie que ce que nous avons fait est correct et que nous pouvons commencer la production. C’est cet organisme que nous attendons entre mi-janvier et fin janvier 2022 qui va nous délivrer les certificats appropriés. Après ce certificat, nous demanderons à l’Autorité Pharmaceutique National qui est l’Agence Nationale de Régulation Pharmaceutique (ANRP) une inspection afin de nous délivrer à son tour, le certificat de ‘’Bonnes Pratiques de Fabrication’’ (BPF). A partir de ce moment, nous allons nous mettre en situation réelle de production, simuler une production afin de demander l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de nos produits.

Le Dg pressentant une automate permettant d’enrober les comprimés

Pour nous résumer, nous sommes à deux (02) étapes de la production. La 1ère étape, c’est d’obtenir que le site soit certifié par un organisme indépendant.  La 2ème c’est que l’autorité nationale de régulation pharmaceutique (ANRP) nous donne le certificat de Bonnes Pratiques de Fabrication et obtenir par la suite les Autorisations de Mise sur le Marché (AMM).

Burkina7 : Est-ce-que vous avez quelque chose qui est restée sur le cœur et que nous n’avons pas abordé ?

Oui ! Je veux à travers votre présence et votre visite demander qu’un plaidoyer soit fait auprès des autorités burkinabè pour continuer de nous accompagner. Je sais que l’accompagnement a déjà été fait à travers le ‘’ code des investissements’’.  Toutefois, nous avons besoin d’être accompagnés permanemment pour pourvoir arriver jusqu’à produire les médicaments pour le bonheur des populations. « PROPHARM SA » fait partie des symboles de la résilience du peuple burkinabè qui trouve le moyen d’avancer malgré les nombreuses difficultés.

Notre souhait est que nous puissions contribuer aussi à travers PROPHARM à mettre en place un système de santé performant, disposant de médicaments nécessaires à la prise en charge des pathologies locales.

Au-delà des objectifs sanitaires à atteindre, PROPHARM se positionne également une source pourvoyeuse d’emplois directs et indirects avec des retombées économiques certaines pour le pays.

Patrick COULIDIATY

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