Charifatou OUEDRAOGO, une Pharmacienne engagée dans la sécurité routière

L’insécurité routière fait perdre annuellement à l’Etat 250 milliards de FCFA (DG ONASER). Au Burkina Faso les cas d’accidents liés à l’indiscipline des usagers de la circulation est assez évocateur. En décembre 2021, l’Office National de la Sécurité routière (ONASER) a enregistré  20 871 accidents avec 1060 morts et 13 763 blessés. Ces chiffres témoignent d’un état d’insécurité  préoccupant au Burkina et L’amazone Charifatou OUEDRAOGO, en a fait son cheval de bataille. En effet, depuis quatre ans, elle sensibilise sur le port du casque, sur le code de la route en partenariat avec des structures  de sécurité routière tel que l’ONASER.

Charifatou OUEDRAOGO

Docteur en pharmacie, Charifatou OUEDRAOGO est une femme aux multiples casquettes. Présidente de l’association  « Les Casqués du Faso », notre invitée est Jeune Ministre des Transports de la Mobilité Urbaine et de la Sécurité Routière, et Secrétaire générale de la Jeune Chambre Internationale (JCI) Ouaga Excellence. Elle a reçu le trophée « Guimbi du meilleur espoir féminin en 2021 ». C’est donc une femme bien trempée dans la vie et des questions associatives que nous avons rencontrées cette semaine. De la pharmacie à la vie associative en passant par la sensibilisation à la circulation routière et au secourisme, quel est  véritablement le pont ? Voici l’histoire d’une amazone…

Artbf : Pourquoi cet amour pour la sécurité routière ?

L’amazone : Je me suis engagée d’abord avec plusieurs autres jeunes filles auprès de Madame PALM ex-DG de Nestlé Burkina pour sensibiliser sur la sécurité routière. Mais mon engagement réel pour cette cause a débuté lors de mon stage dans un hôpital où j’ai vu des jeunes pleins d’avenir qui perdaient la vie parce qu’ils ont eu un accident de circulation. La plupart de ces jeunes avaient des fractures à la tête à cause de l’impact de leur accident. Ces cas m’ont profondément touché et j’ai décidé d’agir. Voir des jeunes comme moi pleins de talents et d’avenir, perdre la vie à cause de leur ignorance m’a révolté. C’est pourquoi j’ai décidé avec quelques amis de commencer la sensibilisation sur le port du casque. Par la suite nous nous sommes regroupés et nous avons formé un groupe WhatsApp afin de mieux discuter et structurer nos actions. Nous avons commencé à sensibiliser sur les réseaux sociaux. Enfin on a créé  l’association Les Casqués du Faso. L’ Association compte près de 200 membres et sympathisants.

Artbf : Quelle est la vision l’association Les Casqués du Faso 

L’amazone : Nous sommes convaincus que les accidents de la route peuvent être évités. Il suffit juste de se former, d’apprendre le langage de la route et de bien l’appliquer.  Cependant, les accidents surviennent indépendamment de nous. Mais il faut que l’on puisse limiter les conséquences de ces accidents pouvant entrainer la mort. Raison pour laquelle notre vision est d’amener chaque burkinabè à une prise de conscience des dangers de l’insécurité routière. Nous militons donc afin que chaque motocycliste porte à l’avenir un casque pour sa propre sécurité et qu’il apprenne le code de la route.

Artbf : Comment pensez-vous y arriver ? 

L’amazone : Pour atteindre nos objectifs nous allons rester constant dans la  sensibilisation, multiplier les cadres pour réunir les jeunes afin de mieux les former sur les règles de la sécurité routière. Nous allons nous donner les moyens réels pour aller partout dans le pays, dans les régions urbaines ainsi que dans les régions périphériques (rurales). Nous nous focalisons plus sur la sensibilisation car la plupart des gens ignorent le code de la route. Alors que les dégâts des accidents nous invitent à la vigilance sur nos routes et à une implication de tous dans ce combat.

Séance de sensiblisation

Artbf : Quels sont les projets que Les casqués du Faso a déjà réalisés ?

L’amazone : Plusieurs projets ont été réalisés par l’association. Les plus récents sont les Jeux concours portant sur le port du casque. Ensuite nous avons réalisé un projet dénommé  » 500 jeunes, 500 secouristes » qui a pour objectif de former plusieurs jeunes dans le domaine du secourisme afin qu’ils puissent porter assistance aux accidentés avant l’arrivée des sapeurs-pompiers. Nous avons aussi mené des sensibilisations dans des établissements primaires, secondaires et universitaires. Aussi l’association a subventionné plus de 1 500 casques au profit de la population burkinabèe. Les projets à venir sont : « Les 72 heures de l’éducation routière au profit des enfants ». Il s’agit d’une initiation au code de la route, aux premiers gestes. L’association organisera une activité de personnalisation des casques avec la peinture faite par les enfants. Par ailleurs, nous allons lancer la 3e édition du « Fitness des casqués ». Enfin, nous allons reprendre la sensibilisation dans les établissements dès la reprise des cours.

Ph de famille après une séance de sensiblisartion

Artbf : Quels sont les difficultés que vous rencontrez ?

L’amazone : Les difficultés que nous rencontrons sont la plupart du temps financières, humaines et techniques. Nous fonctionnons grâce à nos fonds propres. Ce qui limite parfois nos actions surtout dans les autres régions du Burkina. Avoir des partenaires est très compliqué. Ces derniers préfèrent s’impliquer dans d’autres activités que la sécurité routière. L’ accès aux établissements publics pour les sensibilisations est difficile aussi à cause des procédures administratives. Toutes ces difficultés freinent notre élan et nous ralentissent dans l’atteinte de nos objectifs.

Artbf : Votre mot de fin ?

L’amazone : Chacun de nous est responsable de sa propre vie. Nous avons tous un rêve à réaliser et pour cela nous devons toujours être conscients des dégâts que peuvent causer un accident de circulation. Le casque ne peut en aucun cas empêcher un accident, mais le casque peut réduire les séquelles liées à l’accident. En effet le non-port du casque accroit le risque de traumatismes crâniens, aggrave les traumatismes crâniens qui peuvent conduire à un état végétatif puis à la mort. Arrêtons de trouver des excuses pour justifier le non-port du casque. Personne n’est né avec un casque sur la tête, ceux qui le portent ont essayé un jour et aujourd’hui ils ne peuvent plus s’en passer. Au contraire intégrer le port du casque pendant la circulation et vous serez soulagé de plusieurs problèmes. Le casque protège vos yeux contre les insectes et la poussière. Faites du casque votre meilleur allié en circulation tout en respectant le code de la route.

Dallas SAWADOGO

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