Record du monde du saut à la perche : « Armand Duplantis n’a pas de limites, comme Usain Bolt »

Record du monde du saut à la perche : « Armand Duplantis n’a pas de limites, comme Usain Bolt »

L’entraîneur Damien Inocencio n’est pas surpris par la performance du Suédois, qui vient de battre le record de 6,16 mètres détenu par Renaud Lavillenie depuis 2014.

Armand Duplantis a tout juste 20 ans et détient déjà le record du monde de la perche. Le Suédois a franchi une barre de 6,17 mètres à son deuxième essai, samedi 8 février à Torun (Pologne), battant ainsi le record de 6,16 mètres détenu par Renaud Lavillenie depuis 2014.

Lire aussi Athlétisme : le Suédois Armand Duplantis bat le record du monde du saut à la perche

Cette performance exceptionnelle ne surprend cependant pas le Français, ni son ancien entraîneur, Damien Inocencio, aujourd’hui entraîneur de l’équipe nationale chinoise. Lui qui connaît bien le jeune prodige suédois a suivi son exploit, revient sur son parcours et explique jusqu’où il est capable d’aller.

Etes-vous surpris par le record du monde d’Armand Duplantis ?

Je le connais depuis qu’il a 2 ans. Il a toujours marqué l’histoire du saut à la perche. Il y a un an et demi, il a fait 6,05 mètres aux championnats d’Europe à Berlin, et il avait déjà le record du monde dans les pattes. Il fallait le temps qu’il finisse de mûrir, qu’il digère cette première performance et qu’il continue à travailler. On savait que ça allait venir. Mais de là à faire deux concours comme ça en une semaine… Il rate 6,17 mètres mardi et il arrive à le faire samedi.

Comment peut-on expliquer son succès ?

Ses parents font un super travail. Ce sont eux qui l’entraînent et le protègent, sans le pousser. Ils suivent le rêve de leur fils. Son père et son grand frère étaient perchistes. Il a grandi avec un tapis de perche dans le jardin, quasiment. A 11-12 ans, il s’amusait à imiter les techniques des grands champions. Il saute en gaucher, en droitier… Il a un côté un peu inné, et il est amoureux de cette discipline, comme Renaud Lavillenie. Et en plus de ça, « Mondo » est un peu plus grand que Renaud, un peu plus rapide. Son record au 100 mètres est de 10 s 56 à 19 ans, ce qui est très rapide pour un perchiste.

Lire aussi Mondiaux d’athlétisme : Armand Duplantis, l’étudiant-perchiste qui bat des records de précocité

Est-ce qu’il peut aller encore plus haut ?

Il y a encore beaucoup de choses sur lesquelles il peut progresser. Techniquement, il lui reste des défauts. Physiquement, ce n’est pas un monstre, même s’il est très rapide. Il n’a pas de limites. Tout ce qu’on a imaginé comme limites en saut à la perche, avec Sergueï Bubka et Renaud Lavillenie, lui, il peut tout exploser. On peut le comparer à Usain Bolt. Avant lui, les limites du sprint étaient à 9 s 80 sur 100 mètres. Et puis, Bolt a explosé la discipline. On a là un athlète qui peut devenir une légende.

Quelle sera la suite pour lui ?

Il rêve de ce record du monde depuis qu’il est tout petit. Va arriver un moment où il va être complètement vidé et il va devoir digérer et se remettre des défis, parce que quand on a touché le toit du monde, c’est compliqué. Je pense qu’il va passer quelque temps à se demander pourquoi il s’entraîne. Quand il a fait 6,05 mètres, il lui a déjà fallu un peu de temps avant de s’en remettre.

Maintenant, il va être favori bien sûr, mais ce n’est pas parce qu’on bat un record du monde qu’on va être champion du monde ou champion olympique. Les championnats, c’est différent. En saut à la perche, on a tendance à bien séparer les records et le fait d’être bon le jour J. C’est très différent. Sergueï Bubka s’était complètement raté à Barcelone, en 1992, par exemple. Mais « Mondo » a vraiment envie de marquer l’histoire.

Si j’étais à sa place ou celle de son père, qui est son entraîneur, j’essaierais de tout planifier pour battre le record du monde à Tokyo. Maintenant, il doit se donner des défis fous. Yelena Isinbayeva l’a fait. Usain Bolt établissait aussi des records du monde sur les grands championnats. Mais la perche est complètement différente du sprint. On peut être l’athlète le plus en forme et perdre à cause d’un mauvais choix de matériel, de levier… Si ça se joue à 6 mètres et que Sam Kendricks passe au premier essai, il peut déstabiliser « Mondo » et gagner comme ça. Ça se jouera à rien du tout.

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *