Sœur Nicole KABORE : Portrait et parcours professionnel

Sœur Nicole KABORE : Portrait et parcours professionnel

Nous sommes dans la semaine des pionnières. Même si elles ne sont pas en tête de classement dans les  Hit-parades internationaux, elles ont au moins le mérite d’avoir balisé les lieux ou tracé les sillons dans les domaines du slam ou de la musique religieuse au Burkina Faso. En effet, après Rama la Slameuse, nous déroulons cette fois notre tapis rouge pour  la Sœur Nicole KABORE. Native de Sourgoubila, c’est en faveur des 50 ans de grâce de la congrégation que cette religieuse dominicaine a réveillé le champion enfoui en elle. C’était en 2011 avec son tout premier opus ” Dieu Fidèle”.

Sœur Nicole KABORE qui compte ravir la vedette à tous ses concurrents le Kundé d’or 2018, souhaite disposer d’un manager pour l’assister dans son travail. En attendant ce sacre, voici le portrait de l’artiste, la future Kundé d’Or 2018 :

Sœur Nicole KABORE  (S.N.K ) : Je suis native de Sourgoubila à quelques kilomètres de Ouagadougou après Yagma. Je suis dans la congrégation des Sœurs de Charité Dominicaine de la Présentation de la Sainte Vierge. Nous sommes au Burkina depuis 1961 (nous avons fêté le jubilé d’or de notre présence au Burkina en 2011) et dans trois autres pays africains dont la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Tchad.

J’avais toujours émise l’idée de produire un album de chants religieux depuis que je suis dans la Congrégation.  Outre mon statut de religieuse, je suis enseignante de formation, métier que j’ai exercé de 2007 à 2013. De retour de  Yaoundé  (en 2016) où j’ai bénéficié d’une formation théologique, j’enseigne dans une de nos maisons de formation où je suis assignée. Je  chante tout ce que le Seigneur me donne d’offrir à son peuple.

ArtistesBF (ArtBF)  : Pouvez-vous nous présenter votre Congrégation ?

S.N.K  :  Ma Congrégation est née en 1696, voilà déjà quatre siècles à Sainville en France avec une tertiaire dominicaine du nom de Marie POUSSEPIN d’où notre appartenance à l’Ordre dominicain. Le charisme est basé surtout sur l’éducation, la santé, la promotion… bref nous intervenons partout où la nécessité d’aider les faibles et les pauvres s’impose.

ArtBF : Au Burkina, vous êtes considérée comme étant la pionnière des sœurs religieuses qui chantent. Comment expliquez-vous  le fait que vous soyez peu connue de la scène musicale burkinabè ?

S.N.K  :Chaque chose a son temps et avec Dieu, tout est possible, il accomplit toujours ce pour quoi il nous a envoyé dans ce monde, tôt ou tard. La passion du chant est une chose innée en moi parce que je voyais ma mère rassembler les enfants les soirs pour  les faire danser au rythme de la calebasse et du chant. Qu’est-ce qu’elle avait une très belle voix, ma mère! Elle loue Dieu avec les Anges au ciel. PAIX A TOI MAMAN !.

Quand j’ai été admise dans ma Congrégation, je savais que j’avais ce talent de musicienne en moi; seulement, il  fallait éviter qu’il ne prenne le pas sur mon engagement religieux.

Dans notre réalité, il y a des choses qui sont acceptées et d’autres  ne le sont pas. La première sœur qui s’est exercée dans ce domaine  a été  une sœur dominicaine; c’est la sœur SOURIRE.  Il y avait bien sûr, après sœur SOURIRE,  avant que je ne commence,  d’autres sœurs qui chantaient en Asie et dans d’autres pays.  Mais au Burkina, il n’y en avait pas encore. Je suis la première sœur religieuse à m’essayer à la musique au Burkina Faso. Et comme vous le savez, ce n’est jamais facile d’être pionnière et cela, dans quelque domaine que ce soit. Mais pour Dieu et au NOM de Celui qui m’a créée avec ce don, il valait la peine d’essayer. Donc, le fait que je ne sois pas connue est lié en partie à mon absence pendant quelques années du pays. Ensuite, c’est le fait que je ne maîtrisais pas le milieu du Show Biz. Enfin, les pionniers ont souvent eu quelque chose de particulier et je ne déroge pas à cette loi. Le moment viendra s’il le faut, et grâce à vos soutiens.

ArtBF : La sœur Anne Marie donne déjà des spectacles, pourquoi pas vous ?

S.N.K  : Nous ne sommes pas dans la même Congrégation. Elle est issue d’une Congrégation où il lui est plus facile de rencontrer sa supérieure générale ici même, au Burkina. Pour ce qui me concerne,  je suis issue d’une Congrégation internationale. Voir ma supérieure me nécessite plus d’exploits. Cela n’est peut être pas suffisant comme explications au regard de toutes ces possibilités que nous offre la technologie ! Mais chaque famille a ses principes et ses règles et nos Congrégations sont des familles qui ont leur propre manière de fonctionner. J’en suis satisfaite avec ou sans spectacle. Ce que je demandais à Dieu quand je commençais, c’est qu’aucune autre religieuse qui aurait ce don ne soit empêchée de l’exercer. Sœur Anne Marie est venue et mon vœu est exaucé. Mes spectacles viendront au temps voulu car pour moi, le temps est ce qu’il y a de plus précieux.

ArtBF : Quels sont les autres albums produits à cette date ?

S.N.K  : J’ai commis quatre (04) albums à l’actif:

  • “Dieu fidèle” en 2011
  • “Dieu d’amour” en 2015
  • “Dieu vivant” en Mars 2017 et
  • “Saint Gérard” en Août 2017

ArtBF :  Quel message faites-vous passer dans vos chansons?

S.N.K  : Vous savez, notre Dieu est le Dieu de la promesse, de l’accomplissement et de l’impossible. Dans mon premier album intitulé Dieu fidèle, je chante son Amour, sa Beauté, sa fidélité à mon égard et l’égard de ma famille religieuse. Depuis mon lit d’hôpital, j’ai pris l’engagement de réaliser cet album. En retour, voici la promesse que j’ai faite à Dieu – laquelle promesse n’est réalisable que par sa seule intervention – au cours de mes deux premières interventions chirurgicales :

” Seigneur, je sais que tu m’as donné beaucoup de talents mais que je n’arrive pas à les mettre à profit parce que j’ai peur  de blesser l’un, l’une ou l’autre. Actuellement, rien ne justifie que je survive. Mais si je survis, c’est que tu as encore besoin de moi et tu dois accomplir ce pour quoi tu m’as envoyée dans ce monde. Donc je veux désormais par ta grâce, mettre à profit tout ce que tu m’as donné comme talents. Ce sont des dons gratuits que personne n’aurait payés  pour moi, mais tu me les as donnés. Advienne que pourra, si je me lève d’ici, je vais faire l’impossible, grâce à TOI”.

J’ai alors recommandé mon projet à Jean Paul II, mon saint favori. Après une troisième intervention six (06) mois plus tard, c’est  dans une grande convalescence et précisément pendant le jubilé de 2011 que j’ai osé me lancer dans la musique. Sans vouloir m’étaler par ces propos, je voudrais simplement que vous perceviez la raison de ma fulgurante montée dans la musique. Le Jour où j’allais demander la permission de produire l’album, j’ai dit au Seigneur que le moment d’essayer l’impossible est là. Et tout en m’avançant vers le bureau de ma Prieure, je lui rendais grâce pour l’autorisation que je vais obtenir. Me tenant devant la porte de ma Prieure, j’ai dit à Jean Paul II de m’y précédé au Nom de Dieu; et la réponse cette fois fut positive. C’est pour cela que j’ai baptisé le premier album “Dieu fidèle “en chantant pour les 50 ans de grâce de la congrégation. L’album fait huit (08) titres. Outre le quatrième, les deux autres observent la même forme.

ArtBF : Dans quels registres chantez-vous ?

S.N.K  : J’exploite tous les rythmes modernes tels le ZOUK, le REGGAE, le WARBA, le LIWAAGA, le SHAI (tchadien)… etc. En fait, une mélodie en soi n’est jamais mauvaise; c’est  le message qui en découle qui peut dévoyer quelqu’un.

ArtBF :  Dans quelles langues chantez-vous?

S.N.K  : Le Mooré, le Français, l’Espagnol, l’Anglais, le Saara qui est une langue tchadienne.

ArtBF :  Quels sont vos circuits de distributions ?

S.N.K  : Je dépose mes produits dans les paroisses et à la Jeunesse d’Afrique et j’en emporte souvent lors de mes tournées de prestations.  Je ne connais pas beaucoup de canaux et je n’ai pas de manager pour m’aider. Aujourd’hui,  je souhaite organiser des concerts mais j’attends d’avoir l’autorisation, et les moyens.

ArtBF :  Vous menez une vie communautaire qui  exige que vos biens soient mis en partage. Qu’en est –il des recettes issues des ventes de vos albums ?

S.N.K  : Quand j’ai demandé la permission, ma supérieure savait que tout ce que je recevrais devrait être réinvesti pour le travail de l’album. Il suffit seulement que je l’informe des activités que je mène et  des aides que je reçois de part et d’autre. C’est une question de confiance et je les en remercie. Elles respectent l’idée des donateurs. Quant aux recettes provenant de mes prestations, je les reverse à la communauté.

ArtBF :  Comment tenez-vous votre comptabilité ?

S.N.K  : Je n’ai jamais voulu directement gérer ces revenus parce que je considère ce que je fais comme une mission commune. Nous faisons toujours le point ensemble. En cela aussi, je remercie mes Sœurs pour leur sens de collaboration.

ArtBF :  Comment trouvez-vous la musique burkinabé aujourd’hui?

S.N.K  : La musique proprement dite est née de l’Eglise Catholique et c’est le moine Guy D’Arrezo qui a inventé les notes musicales. Partant de cette base, chacun l’utilise en fonction des réalités de son terroir. A mon avis, la musique burkinabé se porte bien, en atteste les belles mélodies qui pleuvent. Je félicite tous les artistes musiciens du Burkina sans oser les énumérer.  Cependant, nous ne saurions occulter  les failles à corriger. Il y en aura toujours car il n’y a que l’Ange qui chante parfait, et nous ne sommes que des hommes. Nous devons alors travailler à tendre vers l’exellence en évitant par exemple le plagiat. Donnons sa juste valeur au travail de titan du compositeur  qui, des nuits entières s’échine pour créer.

ArtBF :  Avec quelle artiste souhaiteriez-vous prester sur scène ?

S.N.K  : C’est d’abord tout naturellement ma petite sœur Anne Marie et mes frères les prêtres, ma cousine Mme KIENOU Martine, mon cousin Pasteur Emmanuel, mon oncle Pasteur Jérôme et mon neveu Suprême Nabiga (Sylvestre). Je serai favorable à faire quelque chose également  avec TOUSSY, tantie ALINE et  tous ces artistes que j’ai déjà rencontrés tels Floby et  SANA BOB, ALY VERRHTEY, Mme BANCE, BIBA LA DIVA, bref… tous les artistes, tous . . . . Disons que, je suis ouverte avec tout artiste qui veut bien chanter avec moi.

ArtBF :  Êtes-vous donc prête pour le Kundé 2018 ?

S.N.K  : Pourquoi pas ? Tout dépend. Cela devrait être possible et j’y pense. Oui, je serai candidate. Mon dixième clip intitulé Saint Gérard que vous pouvez trouver sur youtube a été déposé dans le cadre du  Kundé 2018.

ArtBF :  Qu’avez-vous à dire pour terminer cet entretien ?

S.N.K  : Je voudrais au terme de cet entretien réitérer ma gratitude à ma prieure Générale, Sœur Maria ESCAYOLAT CORIS et à son Conseil pour leur grand sens d’ouverture qui reconnait en ce que je fais, une autre manière de dire Dieu tout en prolongeant le Charisme de notre Bienheureuse Mère Marie POUSSEPIN et de notre Père Saint Dominique. Soyez abondamment bénies !.

Le même élan de reconnaissance à ma prieure, Vice Provinciale, Sœur Henriette, Sœur KABORE et à son Conseil. Dieu vous en saura gré.

A cette foule de bienfaiteurs : parents, cousins, cousines, oncles, beaux frères, amis . . . sentez pleuvoir sur vous une averse de bénédictions divines.

Aux hommes et femmes de médias : huummmmm , si vous n’existiez pas, Dieu devrait commencer à vous créer pour moi, pour nous les artistes. LONGEVITE. I WICH YOU EVERRY GOOD THINGS.

Au peuple Burkinabè et à tous mes fans, acceptez de baigner dans le torrent de grâces multiformes ouvert par le Dieu de largesse. Merci de vos soutiens. Je me recommande a vos prières.

Que votre indulgence me soit accordée pour les écarts de langage.

 

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