Pendant que le groupe de réflexion mise en place par le Ministre du Commerce par arrêté N°2020/0143/MCIA/SG du 17avril 2020 travaille d’arrache-pied en vue du rattachement des villages artisanaux du Burkina au SIAO, les artisans eux, se disent perplexes et sidérés par l’arrêté ministériel. Ils estiment que cette décision est une entorse au décret présidentiel N°2018-0042 du 18 février portant création du cadre National de concertation des acteurs du secteur de l’Artisanat du Burkina Faso. Nous avons fait le tour des ateliers, voici les appréciations de quelques artisans :
Innocent AGOZO Artisan ferronnier
Sur la question du rattachement du Village artisanal au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), Une rencontre a eu lieu au SIAO avec le conseiller du ministre du commerce pour débattre de la question. A cette occasion, tous les artisans présents dans la salle avaient marqué leur refus catégorique à l’idée de rattacher le village artisanal au SIAO. On ne veut pas qu’on nous associe au SIAO parce que le Salon est biennal. Je ne vois vraiment pas l’importance d’associer les artisans ou les villages artisanaux du Burkina à un tel salon. Il existe déjà une chambre des métiers créée pour les artisans et qui a été d’ailleurs bien accueillie par les artisans. Nous nous sentions bien avec cette chambre de métiers et on est même fier de payer les taxes.
En fait, le ministère du commerce est en train de vouloir diviser les artisans. C’est inadmissible ! Toutes ces manœuvres à mon avis ne visent qu’à créer un poste pour satisfaire un ami. Et je sais que le Président du Faso n’est au courant de rien ; chacun fait ce qu’il veut et ça marche.
Nous, artisans ne voulons pas de ce rattachement au SIAO. Tous les artisans sont unanimes là-dessus. C’est la chambre des métiers où rien ! C’est ce nous avons tous décidé.
Jacques BAZIE, artiste pyrograveur au VAO
A mon avis, ce rattachement du Village artisanal au SIAO n’est pas une bonne chose pour nous. Le SIAO est à part et le village artisanal l’est aussi. Le village artisanal devrait plus se rattacher à la chambre des métiers. Le SIAO est beaucoup plus commercial et il ne représente ni ne valorise pas notre image par ce rattachement.. C’est la raison pour laquelle, je pense qu’il ne faut pas qu’il y ait ce rattachement au SIAO mais plutôt avec la Chambre des métiers.
Mahamoudou SAWADOGO, Artisan au VAO
C’est triste. Je pense que s’est pas la meilleure solution parce qu’il y a la chambre des métiers qui existe déjà. Pourquoi ne pas remettre le VAO à la Chambre des métiers ? Tout comme le grand marché est rattaché à la chambre de commerce que l’artisanat revienne aussi à la chambre des métiers; sinon, cette dernière n’a pas sa raison d’exister.
En 2000, le SIAO ne voulait même pas de l’existence du VAO. C’est parce que le gestionnaire en son temps s’est opposé à l’idée de suppression. Sinon on avait voulu même fermer le VAO à l’édition 2000 du SIAO. Je me rappelle qu’aux éditions de 2000 et 2002, le SIAO a obligé le Village artisanal à payer 200f/personne pour y accéder. La meilleure solution pour moi est de rallier le village artisanal à la chambre des métiers. Sinon la chambre des métiers n’aurait pas son droit d’exister.
Mohamed Ali CISSE, Touareg du Village Artisanal
Je fais l’art touareg et des boîtes à bijoux au VAO. Je suis de l’avis des artisans, le partisan du grand nombre. Je suis neutre. Si mes collègues sont contre, je le serais. S’ils sont pour, je le suis également. Je suis pour la majorité. Notre problème au VAO est le manque de clients.
Ali SANOU : instrumentaliste au village artisanal de Ouagadougou
Je suis contre ce rattachement. Le SIAO a été créé pour aider les artisans à faire la promotion des produits des artisans. Si on repartait sur les documents de base et qu’on laissait le VAO à la chambre des métiers, on n’en serait pas là.
Rattacher le Village artisanal au SIAO, ce n’est pas sérieux ! On ne peut pas nous amener là-bas et faire quoi même ? Moi, j’ai bel et bien dit au vice-président des métiers que s’il ne tenait qu’à moi, on avait déjà marché pour le ministère. Sous ce soleil ardent, nous irons leur dire qu’on n’est pas d’accord. Dans les normes, on doit rattacher le VAO à la Chambre des métiers. Honnêtement, si le ministre m’entend que ce n’est pas sérieux !
Propos recueillis par Fatim BARRO et Pélagie BADOLO (Stagiaire)
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