Le Burkina Faso célèbre ce 05 août 2024 ses 64 ans d’indépendance. Finalement, c’est la date du 11 décembre qui a été retenue pour les festivités de l’indépendance en raison des saisons pluvieuses. Après sa proclamation solennelle en 1960 par le premier président Maurice YAMEOGO, se déroulent chaque 11 décembre, défilés et parades militaires sur toute l’étendue du territoire national. Regardons de plus près à quoi ressemblaient les festivités du 11 décembre 60 ans après. Plusieurs activités nous restent encore en mémoire…
La date du 11 décembre marquant l’indépendance de la Haute-volta, aujourd’hui Burkina faso n’a pas été seulement que discours du Chef de canton, sous préfet et préfet. Pour les jeunes scolaires que nous étions à l’époque, l’engouement et la soif pressante de voir cette fête arriver étaient surtout motivée par son caractère festif et les jeux de société organisés à l’occasion. De mémoire, nous citons entre autres :
Les préparatifs :
A un mois de la célébration, les élèves commençaient les entrainements aux défilés. Ceux qui chantaient bien étaient sélectionnés pour entonner l’hymne national le jour même de la fête. Et durant les préparatifs, les fanions étaient soigneusement confectionnés afin que chaque élève ait son drapeau miniature le jour de la fête. A l’entrée de la ville tout comme au centre ville, les arbres au bord des grandes voies sont peints en blanc.
Le 11 décembre
Plusieurs activités etaient prévues. Il s’agissait entre autres de :
-L’Hymne national “Fière Volta” qui est chanté par les meilleures belles voix des élèves du CM2. Il est entonné pendant la montée du drapeau tricolore “noir, blanc, rouge”
-La course cycliste à la fin de laquelle sont primes les trois premiers arrivés
-Les jeux de canaris qui consistaient à casser un des canaris dressés et s’approprier du contenu. Selon que vous soyez chanceux ou non, vous pouvez remporter un cadeau. Celui-ci peut être un paquet de biscuit, une paire de chaussures, un foulard, du savon et même des vautours étaient mis en cage pour la circonstance.
-La course aux ânes.
-Les jeux des sacs : Sur un gros bois imbibé d’eau savonneuse, deux candidats tirés au sort doivent s’affrontés. Équipé chacun d’un sac remplis de foin, les deux candidats à l’aide des sacs de foin doivent se frappés à tour de rôle de sorte à déséquilibrer son vis à vis.
-Les jeux de ciseaux qui, comme dans les kermesses consistent pour les candidats à couper à l’aveuglette à l’aide d’une paire de ciseaux un cadeau suspendu au bout d’un fil
Dès 13h, quelques fonctionnaires (cadres) de la préfecture et les chefs coutumiers étaient invités pour un rafraîchissement à la résidence du préfet ou du sous préfet. Les paysans et autres indigènes animent la place publique aux sons des tam-tams et des flûtes. Pendant ce temps, certains vont dans les quatre coins du village à la recherche de cabaret pour terminer la fête.
Le soir au coucher du soleil, les ruelles sont pleines de gens qui regagnent leur domicile. Dans la pénombre, des gens tous ivres, déambulent dans tous les sens, grognant, s’empennant à tout le monde et à personne à la fois, se vantant surtout d’avoir bu et mangé avec le Préfet ou le sous préfet. Même si ce n’est pas le cas, il fallait montrer qu’on est important. En tous les cas, personne ne pouvait leur prêter de mauvais propos, c’est tout de même l’alcool qui dictait sa loi.
Mais était-ce vraiment cela l’indépendance ?
Pendant près de 20 ans, c’est ainsi que se célébraient les festivités du 11 décembre jusqu’au 04 août 83. Sans annihiler les efforts des régimes précédents l’avènement de la révolution en août 83 a suffisamment révélé des tâtonnements politiques, toutes choses qui ont mis à mal le développement du Burkina et qui ont justifié l’avènement de la révolution. A ce propos d’ailleurs, le président Thomas SANKARA n’a pas manqué de critiquer la conduite des affaites de l’Etat dès les premières heures de sa prise du pouvoir:
“Aujourd’hui encore, les soldats, sous-officiers et officiers de l’Armée nationale et des forces paramilitaires se sont vus obligés d’intervenir dans la conduite des affaires de l’Etat pour rendre à notre pays son indépendance et sa liberté et à notre peuple sa dignité”.
Malheureusement, quatre ans après, ces objectifs patriotiques et progressistes qui ont justifié l’avènement du Conseil du salut du peuple (CSP) en novembre 1982 et à la prise de pouvoir par le CNR le 04 août 84 ont été de nouveaux trahis le 15 octobre 87. Désormais, les festivités du 11 décembre sont célébrées de manière tournante dans les différents chefs-lieux de région sous le front populaire.
Là également, nous étions loin d’une véritable indépendance avec un régime qui avait totalement renié les fondements de la révolution d’août. Le libéralisme économique sous ce régime a conduit à la fermeture et à la privation de plusieurs sociétés d’Etat qui faisaient la fierté du Burkina. En plus de la liquidation des sociétés d’Etat, la corruption, les détournements et la confiscation du pouvoir par une minorité étaient entre autres les grands maux.
C’est donc avec fierté et sans surprise que les burkinabè applaudissent et saluent l’avènement du MPSR-II dirigé par le Capitaine Ibrahim TRAORE qui est venu rendre justice et dignité aux burkinabè. Depuis le 30 septembre 2022, les promesses ne sont plus dans les discours mais se traduisent dans les actes et les burkinabè sentent malgré le contexte sécuritaire une réelle souveraineté qui s’enracine. Le sacrifice pour la souveraineté est visible.
Vivement que rien n’entrave cette lutte contre l’hydre terroriste, la reconquête du territoire parce que la souveraineté nationale est désormais une réalité; l’indépendance, c’est maintenant !
La rédaction
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