Artbf : Quel bilan tirer de l’organisation du 11 décembre 2019 qui s’est déroulée dans votre commune ?
“Tous les mécanismes ont été mis en place pour réaliser ce que j’aime dire “une fête scientifique”.
E.H.O : Avec votre permission, je profite, remercier les autorités pour la chance et l’honneur qu’on a fait à la ville de Tenkodogo en nous confiant le flambeau du 11 décembre.
D’abord pour récupérer le flambeau à Manga, si vous avez suivi un peu l’actualité en son temps, c’était vraiment un raz de marée. La population s’est mobilisée autour de son maire, du Gouverneur et du Haut-Commissaire. Nous avions mobilisé près de 200 voitures pour aller chercher le flambeau à Manga; ce qui fait que de Manga à Tenkodogo, c’était vraiment la fête. De Beguédogo à Garango en passant par Niago, et Komtenga, c’était un véritable raz de marée. Enfin à Tenkodogo, c’était l’apothéose parce que toute la population était sortie pour nous accueillir avec le flambeau ; c’était magnifique. Donc c’était vraiment un signe qui montrait que la fête allait être” inégalée et inégalable” comme nous le disions dans notre slogan.
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Nous avions mis en place une structure de gestion de la fête du 11 décembre dirigée par le gouverneur de la région. Pour être sincère avec vous, nous avons travaillé de concert avec la société civile, avec toutes les populations de Tenkodogo, pour identifier d’abord les sites qui devraient recevoir les infrastructures du 11 décembre 2019.
Tous les mécanismes ont été mis en place pour réaliser ce que j’aime dire “une fête scientifique”. Comme vous le savez, le maire que je suis étant lui-même un cartésien, a tout mis en place pour organiser une “fête scientifique”. Donc, toutes les parties ont été associées à la gestion des infrastructures de cette fête. Et à cet effet, nous avons institué à la mairie des cadres de rencontres avec la société civile et la population pour identifier les rues à bitumer. Nous avons bénéficié de 37 km de voies à bitumer. Il fallait bien sûr positionner toutes ces voies dans la ville. Le comité a fait sa proposition et nous avons appelé les populations à venir suivre les rencontres afin que nous puissions valider. A l’époque, nous avons proposé 50 km de routes à bitumer. Il fallait ensuite choisir les rues et procéder à une répartition géographique par catégorie, par secteur de sorte qu’aucun secteur ne se sente délaissé. Ce travail a été validé par la population et par les “Anciens” avant d’être soumis à l’Etat pour validation au niveau du ministère des infrastructures. Après validation du Ministère, nous avons de nouveau rencontré l’ensemble du comité pour lui présenter les résultats ; tout le monde a applaudi ! Cette démarche nous a évité pas mal de problèmes parce que c’était propre !
En ce qui concerne la salle polyvalente, nous avons proposé trois lieux et encore on s’est retrouvé ensemble pour échanger avec les différents argumentaires. On a validé le site de la salle polyvalente qui devait être mise à côté du stade communal de Tenkodogo; aussi, c’était complet. Le choix du site de la place de la nation a été aussi validé avec succès avec l’adhésion même des chefs coutumiers. Il n’y avait vraiment pas de tractations autour du choix des sites d’implantations dans le cadre du 11 décembre 2019.
Maintenant, j’en viens à la cité du 11 décembre. Le site dédié à cette cité était celui de l’ancien aérodrome de Tenkodogo géré par trois institutions que sont l’ASECNA, le ministère des transports et le Ministère de la Défense. Nous avons donc pris l’initiative d’adresser un courrier officiel au ministère des transports pour lui demander l’autorisation de délocaliser l’aérodrome de Tenkodogo. Notre requête a abouti et l’aérodrome a été délocalisé à une vingtaine de kilomètres de la ville. C’est ainsi, que nous avons pu dégager un espace central pour réaliser les villas.
A partir de cet instant, on disposait de toutes les infrastructures, tous les espaces nécessaires pour pouvoir gérer le 11 décembre. Avec l’aide du Ministère de l’Urbanisme, nous avons pu réaliser nos lotissements et dégager près de 984 parcelles pour la cité du 11 décembre. Tous les mécanismes de gestion et d’attribution ont été mis en place. Malgré tout, les parcelles n’ont pas suffi.
Artbf : A propos justement de ces parcelles, des voix discordantes ont critiqué en son temps les attributions des parcelles.
E.H.O : Non ! A ce niveau-là, il faut dire qu’il y a eu une incompréhension. Les gens n’ont pas bien lu le cahier de charge. Il s’agissait d’une zone à cahier de charge qui donnait des obligations aux attributaires. Certains de la diaspora avaient compris que c’était des parcelles qu’ils allaient prendre et construire à leur guise. C’est de là qu’est partie l’incompréhension. Nous leur avons dit non ! On ne peut pas vous donner une parcelle du 11 décembre parce que la finalité de la distribution de ces parcelles, c’était pour nous permettre de loger les invités de marque dans le cadre des festivités. Et ceux qui n’avaient pas respecter le cahier de charge se sont vu retirer les parcelles ; c’est ce qui a amené tous ces “brouhaha.
Mais je répète ! Nous restons stoïques et nous sommes disposés à donner l’information à celui qui viendrait à nous.
Artbf : D’un point de vue économique quel a été l’impact du 11 décembre pour la ville ?
E.H.O : Sur le plan économique, vous savez que Tenkodogo est une ville carrefour. Nous avons deux frontières. Nous avons le Togo et le Ghana. C’est une ville où transitent beaucoup d’étrangers. Donc sur ce plan, la célébration du 11 décembre à Tenkodogo a permis de développer un certain commerce autour de la ville de Tenkodogo.
Deuxièmement, les infrastructures que nous avons bénéficiées telle la salle polyvalente et la place de la nation qui fait une superficie de 1, 5 ha, ont créé un engouement certain pour la jeunesse et autour aussi de la culture. Sur le plan économique toujours, toutes ces infrastructures créées sont évidemment des sources de création d’emplois pour les jeunes et font aujourd’hui de Tenkodogo, une ville attractive pour des potentiels investisseurs.
Artbf : Qu’est-ce qui a été fait pour sécuriser la ville pendant les festivités du 11 décembre ?
E.H.O : Le problème de la sécurité est un problème qui touche tout le pays. Pour ce qui est de la zone, nous avons perdu des douaniers à Bitou, des instituteurs dans la commune de Yargatenga.
Cependant, avec la présence du continuum RIC, des différents commandants de la gendarmerie, de la police régionale, nous n’avons senti aucune menace. Quand bien même que des inquiétudes se lisaient dans les regards pendant les festivités, la sécurité a été assurée d’une main de maître.
Artbf : Parlant des imperfections, que s’est-il passé avec les journalistes venus pour couvrir les festivités ?
E.H.O : Pour être sincère, je n’ai pas particulièrement suivi ce dossier. Des informations qui me sont parvenues, et de ce que je sais, Le ministre d’état SIMON SAWADOGO a explicitement demandé pendant les préparatifs de la fête de prendre en compte la gestion des journalistes afin d’éviter les éventuelles plaintes. Et c’est ce qui a été fait. Cependant, certains journalistes d’organes de presse privée seraient venus sans accréditation et cela a créé une désorganisation pour loger tout le monde.
Pour le manque d’eau, il faut savoir que Tenkodogo souffre d’un manque d’eau depuis des années. Nous avons soulevé ce problème à la réunion d’organisation avec l’ONEA qui a promis de mettre tout en œuvre afin qu’on ne soit pas en rupture d’eau pendant les festivités.
Malgré la pression qu’il subissait, nous savions que les choses avançaient mais pas au rythme que nous désirions. Des forages de hauts débits ont été effectués autour de la ville, et les branchements se faisaient encore à la veille même des festivités. Cela a eu pour conséquence un manque d’eau dans certaines zones. C’est regrettable mais cela fait partie des imperfections qu’il faudra corriger pour les fêtes à venir.
Artbf : Après le 11 décembre, les cités sont généralement abandonnées et se délabrent progressivement. Au niveau de Tenkodogo, qu’est-ce qui est fait pour éviter cela ?
E.H.O : Merci pour la question ! Il faut qu’on arrive à créer une cité vivante qui soit à la portée des populations de la ville. Dans nos exigences de construction, nous avons créé trois zones dans la cité : A, B et C. La zone C (2 chambres + salon ou F3), Zone “B” (3 chambres + salon ou F4 et la zone “A”. Cette dernière est réservée à ceux qui ont plus de moyens pour faire des duplexes. Comme vous le voyez, nous avons privilégié l’après 11 décembre pour permettre aux fonctionnaires moyens de pouvoir louer ces cités et y habiter.
Pour la construction de cette cité, nous avons dédommagé 358 ménages autochtones de la zone avec une réattribution de parcelles et un délai pour libérer la zone. A l’exception de quelques récalcitrants, tout a été fait de manière stratégique de sorte à penser à l’après fête. En effet, la cité est au cœur de la ville avec en projet, la construction d’infrastructures sanitaires, scolaires et autres nécessités pour faire de cette cité un lieu agréable et vivant ; c’est vraiment notre Tenkodogo 2019 comme ça !.
Artbf : Tenkodogo vient donc de réussir son pari, quelles pourraient être les leçons à tirer ?
E.H.O : Nous avons appris des erreurs des uns et des autres. Ce que je peux dire, c’est qu’on ne peut pas réussir une cérémonie d’une telle envergure sans la participation de la population. Il faut gérer le 11 décembre de manière pratique, en s’ouvrant à la population, aux OSC afin que chacun se sente impliqué. Dans ce contexte précis, la communication a été notre leitmotiv pour sensibiliser et faire comprendre à la population que cette fête est d’abord la leur. La fête a été organisée de manière collégiale avec une communication permanente avec la population. Même la diaspora a mis la main à la pâte. Je voudrai vraiment les féliciter car ils se sont organisés et ils ont fait honneur à la commune de Tenkodogo. Peu importe où on se trouve ; l’important est de pouvoir nous rappeler nos origines et notre devoir de contribuer à l’épanouissement de notre localité.
Artbf : Votre mot de fin
E.H.O : Avant de présenter mes vœux, je voudrais vous dire également merci pour l’occasion que vous nous donnez en tant que Maire de Tenkodogo et au nom de l’ensemble du conseil municipal de pouvoir nous exprimer. La communication est un instrument de développement. Si nous ne communiquons pas, nous serons toujours incompris. Nous vous formulons en retour des vœux de santé et de prospérité. A l’endroit de la population de Tenkodogo et du Conseil Municipal, je leur présente tous mes vœux de santé, de prospérité, de paix et de sécurité. Aussi, voudrai-je leur dire que le développement d’une commune n’est pas seulement l’affaire du maire mais de tous.
Félicitations aux FDS pour le travail qu’ils abattent quotidiennement au niveau de nos frontières et qui nous permettent de vivre en sécurité au péril de leurs vies. Bonne fête à tous ! Que Dieu veille sur notre pays. Que 2020 nous permette de repousser le mal au-delà des frontières.
Propos recueillis par Clauvis OUEDRAOGO
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