Bernadette SANOU : Écrivaine, Présidente de l’Association « Mots d’Elles »

Bernadette SANOU : Écrivaine, Présidente de l’Association « Mots d’Elles »

Le 20 novembre 2021, naissait « Mots d’Elles », une Association de femmes écrivaines burkinabè qui tient désormais les hommes très loin d’elles. Comme si les associations de livre existantes (SAGES, MUS, UGEL) les ombrageaient, les femmes écrivaines disent-elles veulent se donner de la voix. Sans pour autant vendre la peau de l’Ours avant de l’avoir capturé, nous osons croire que « Mots d’Elles », malgré cette « discrimination positive », donnera un joli coup de pinceau dans le paysage littéraire burkinabè. Bernadette SANOU, la présidente de la nouvelle association, nous en parle.

Bernadette SANOU (B.S) :  Merci de venir nous voir et me donner l’opportunité de contribuer une fois encore sur la scène culturelle nationale. A cet égard, je suis contente de pouvoir vous répondre. « Mots d’Elles » est une association d’écrivaines et j’assure à ce jour la présidence. Cependant, l’idée est de Monique ILBOUDO qui depuis 2018 a pensé qu’il serait bon que les femmes se mobilisent en tant qu’en entité pour donner davantage de la voix. Et c’est « Mots d’elles » qu’elle a suggéré à l’époque. « Mots d’Elles » comme pour dire, des mots de femmes. « Elles », étant les femmes. Alors depuis cette date (2018), nous avons fonctionné à l’informel jusqu’à la FILO 2019 où nous avons eu une participation assez remarquable.



En effet, nous avions pu organiser un atelier d’écriture pour des jeunes écrivaines. A cette édition également de la FILO 2019, nous avons avec le soutien de la Coopération française pu inviter à Ouaga deux écrivaines de la sous-région. Il s’agit de Fatimata KEITA du Mali et de Ken Bougoul du Sénégal. Ces deux personnalités ont pu rencontrer et échanger avec le public dans le stand qui nous avait été dédié. Avec le soutien que nous avons obtenu de quelques partenaires, nous avons pu éditer un ouvrage collectif intitulé « Mots d’Elles » dans lequel, toutes les écrivaines au nombre 16 environ ont pu laisser chacune un extrait de leurs œuvres. C’est fort de ce succès que nous avons décidé de consolider l’idée et de faire de notre association, une organisation de la société civile en bonne et due forme reconnue par la loi. Le lancement est intervenu le 20 novembre 2021.

ArtBF: Quel est l’intérêt de créer une telle association quand on sait qu’il existe déjà des associations d’écrivains dans lesquelles vous êtes membres ?

C’est pour consolider nos acquis. Un projet va plus loin quand on le porte ensemble.  Et là, c’est spécifiquement féminin.

ArtBF: Y a-t-il un secret que vous cachez aux hommes écrivains ?

B.S : Non pas du tout ! On peut être une force de proposition spécifique des femmes. Bien au contraire, nous sommes membres à part entière de la SAGES.

Nous avons participer au mois de mars  2021,  à la 5ème biennale d’Afrique Noire Francophone initiée par Safiatou FAURE. C’était à Bobo Dioulasso et « Mots d’Elles » y était à travers ma personne en tant que Marraine.

ArtBF: Avec le contexte de crise sécuritaire que connait le Burkina,   les écrivaines doivent-elle réorienter leur plume ?

B.S : Déjà en 2019, nous étions inscrites dans cette logique. Et la consigne était « Écrire contre la violence et l’insécurité ». L’urgence aujourd’hui est à cela et personne ne peut être en dehors de la recherche des solutions du mal qui plombe notre pays, nos initiatives et  nos vies. C’est pourquoi, au lancement de l’association, nos membres ont tout de suite réadapté leurs écrits à la situation de crise que nous traversons. Sophie KAM par exemple l’a fait en réadaptant son texte sur le drame de INATA.

Pour la FILO 2021, « Mots d’elles » à travers Sophie KAM a remporté le grand prix et Rokiatou BARRO a remporté le prix de l’Université.

ArtBF: Que fera  « Mots d’Elles » pour atténuer le coût de l’édition  et susciter plus d’engouement chez les jeunes pour  la lecture ?

B.S : Pour la lecture, nous comptons vraiment nous y investir. Et à propos de la lecture, le milieu éducatif dit que «  l’enfant apprend par l’exemple ». Ce ne sont plus seulement les jeunes qui ne lisent pas. Mais aujourd’hui, personne n’aime encore lire. Si vos enfants ne vous voient pas lire à la maison, ils ne liront pas non plus. S’ils vous vous voient à 100% scotcher à la Télé, ils le seront à 200% scotchés à la télévision. Il faut que nous donnions le goût de la lecture aux enfants par des pratiques familiales. Les enfants ne cessent pas d’ailleurs de nous rappeler souvent à l’ordre. « Maman, tu nous dis de ne pas regarder la télé et toi tu es assise là-bas ! ». Et c’est bien juste !

Aujourd’hui, combien de parents inscrivent leurs enfants à la bibliothèque ? presque pas !

Au niveau de l’Éducation Nationale, ce sont les méthodes d’apprentissage de la lecture qui devraient amener l’enfant à une lecture courante.

A l’anniversaire d’un enfant par exemple, nous allons lui acheter de bons gâteaux mais jamais on ne lui offrira un bouquin ou un magazine illustré bien qu’on craigne qu’il ne le déchire le lendemain.

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