Burkina : Le défi du SPONG dans le contexte sécuritaire et humanitaire

Burkina : Le défi du SPONG dans le contexte sécuritaire et humanitaire

Le Burkina Faso depuis 7 ans traverse l’une des plus graves crises de son histoire ; en tout cas depuis les indépendances. Le terrorisme qui sévit dans le pays met à mal  toute activité de développement entreprise par le gouvernement et ses partenaires sociaux dont entre autres le SPONG. Et ce n’est pas sans regret et amertume que Christelle Mavalow KALHOULE, la Présidente du Conseil d’Administration du SPONG au Burkina nous relate les pénibles conditions  dans lesquelles travaillent les différentes ONG et associations. Le Spong est depuis quelques années à l’épreuve de la crise sécuritaire et humanitaire.

ArtistesBF  (ArtBF ) : Quelles sont les difficultés au regard de la crise sécuritaire et sanitaire que traverse le pays ?

C.M.K : C’est vrai que le Burkina Faso traverse depuis près de 7 ans,  une crise multidimensionnelle et multisectorielle. Vous avez l’insécurité,  la crise alimentaire et sanitaire et même une crise climatique,  il faut le dire ! Dans un tel contexte, l’environnement est déjà assez difficile et c’est dans cet environnement que les ONG travaillent. C’est clair que quand vous prenez le contexte sécuritaire, cela a réduit vraiment les possibilités de pouvoir accompagner les communautés. C’est déjà un défi majeur. La crise sécuritaire a entrainé des déplacements massifs  des populations.  Ce sont environ 1 700 000 personnes déplacées, des écoles fermées et des services de santé qui ne fonctionnent plus.  Dans tout cet environnement complexe, les ONG, les associations de développement, les fondations ont dû se réinventer et réinventer également la manière d’accompagner les communautés à travers des actions communautaires. C’est donc assez difficile, il faut dire que  l’accès n’est plus possible.  Des membres des staffs des ONG ont été victimes de l’insécurité,  il y a eu des enlèvements de certains membres d’ONG.

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Donc, c’est vous dire comment nous travaillons dans ce contexte global assez difficile.  Mais qu’à cela ne tienne,  cela n’arrête pas que nous soyons engagés toujours auprès des communautés.  Il faut aussi souligner  certaines mesures parce qu’on passe du développement à l’humanitaire avec des principes qui sont tout à fait différents, des principes et des manières de faire pour lesquels nous avons besoin de nous réinventer, ça fait un défi. Il y a également de façon globale l’environnement socio-politique. En effet,  du point de vue politique, nous avons connu d’abord connu une évolution puis récemment, deux coups d’Etat en une année. Ce sont des évènements assez difficiles pour les communautés et qui nécessitent  des réajustements.  Au coup d’Etat de septembre par exemple, le pays avait adopté le plan national de développement économique et social (PNDS) qui a été suspendu. Et bien d’autres  initiatives sont suspendues en raison de la transition en cours avec des priorités vitales telle la restauration de l’intégrité du territoire. C’est autant de priorités qui ont valu la suspension des actions de développement au profit de l’humanitaire ; voire, dans la survie.  En effet, il faut d’abord pouvoir survivre avant de pouvoir se préoccuper des autres questions.

Nous avons le problème de la sécurité alimentaire où plusieurs personnes ne sont plus en mesure d’être nourris. Nous avons des services sociaux de base qui ont été complètement détruits. C’est le cas des  par exemple des fourrages, des écoles, des services de téléphonie qui ne marche plus. C’est autant de défis qui affectent la communauté et qui ne nous permettent plus de travailler convenablement. Mais nous nous sommes réinventés et nous espérons très vite que le pays va se retrouver.

ArtBF : Est-ce que vos actions sur le terrain ne sont pas noyées par celles du  gouvernement ? 

C.M.K : La contribution des ONG et associations du développement s’inscrivent en complémentarité des efforts du gouvernement. En réalité, vous avez beaucoup d’ONG qui font beaucoup de choses dont le gouvernement est conscient et informé parce que c’est capitalisé par le gouvernement. Mais elles n’ont pas forcément une visibilité parce qu’après tout, la plupart de ces actions sont prises en compte dans les rapports globaux du gouvernement. Cependant, lorsque vous allez dans les communautés et avec les municipalités et même au niveau des cadres provinciaux et régionaux de dialogue, la contribution des ONG est de plus en plus mise en exergue. Quand je prends le cas de la région de l’Est, où nous avons beaucoup travaillé dans l’éducation,  il y a eu une très grande contribution en termes d’infrastructures éducatives, mais également en terme de booster un peu les inscriptions à l’école, d’accompagner les enfants à aller à l’école.  C’est dire qu’il y a un travail énorme qui est fait par les ONG. Actuellement quand on parle du contexte actuel du Burkina depuis en tout cas cinq, six, sept ans, on se rend compte que dans la plupart des communautés, la présence de l’État est très limitée du fait de la crise sécuritaire et humanitaire. Ce sont les ONG qui sont présentes dans ces zones qui apportent le secours et les services.



ArtBF : Comment mesurer l’impact de vos actions sur le terrain ?

C.M.K :L’impact des actions des membres du SPONG, c’est-à-dire, des ONG et associations de développement sur le terrain se mesure de plusieurs manières.  Il y a la capitalisation par les documents de capitalisation où les rapports permettent donc de voir un peu la contribution des ONG dans les différents secteurs. Cela est souvent illustré par des statistiques et par des témoignages. Il y a également des vidéos de capitalisation, des rapports de capitalisation où on a des histoires de changements positifs de communauté, de village tout entier de personnes etc… Des sondages sont également réalisés auprès de nos publics cibles pour pouvoir apprécier leur  niveau de satisfaction par rapport aux services qui leur sont offerts afin que les services soient continuellement améliorer.

ArtBF : Le mot de fin

C.M.K : Merci pour ce temps d’échanges. Le SPONG se réjouit de cette invitation.   Notre message particulier est d’inviter véritablement l’ensemble des Burkinabè à continuer dans un contexte comme celui que traverse le Burkina à cultiver donc le respect de l’autre, à travailler ensemble pour retrouver la paix ; c’est très important. Il s’agit aussi de pouvoir privilégier le dialogue en temps de crise, c’est également souhaitable. Malheureusement quand on est dans des situations aussi difficiles, on a tendance à ne plus se parler et là, c’est très dangereux. Comment allons-nous trouver des solutions si nous nous ne parlons pas?

Donc, je voudrai inviter les burkinabè au dialogue, à l’écoute et au travail ; surtout ça. Que les autorités politiques soient attentives  aux libertés individuelles et collectives. C’est très important en temps de crise. Nous ne doutons pas que le gouvernement aura un regard particulier sur ces aspects-là.

De façon globale, je dirais qu’ensemble, tenons nous la main pour pouvoir travailler aux côtés du gouvernement pour que le Burkina Faso puisse retrouver ses lettres de noblesse d’antan.

Propos recueillis par Aminata OUATTARA

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