Face à la situation nutritionnelle peu reluisante au Burkina Faso, le gouvernement met en place des politiques et mène des actions de lutte. Dans cette démarche, il est accompagné par des organisations non gouvernementales (ONG) et des associations. En quoi consistent l’intervention de ces organisations ? nous en avons discuté avec Dieudonné LANKOUANDE, Coordonnateur national du Réseau de la société civile pour la nutrition (RESONUT).
Artsites.bf (Art.BF) : On peut dire que les actions des ONG ne sont pas très visibles, taxant ces structures de budgétivores ; au détriment des populations. Que pensez-vous de cela ?
Dieudonné LANKOUANDE (DL) :Cela est une perception que tout le monde pourrait avoir. Ça dépend de la position de chacun. Pour ce qui est des organisations comme les ONG, les associations et autres qui travaillent dans le domaine de la nutrition, les populations qui bénéficient de leurs interventions perçoivent très bien les investissements et les réalisations effectuées. Mais il peut arriver que certaines de ces populations ne perçoivent pas très bien l’intérêt de ce que ces organisations font sur le terrain. Cela est surtout lié à un manque d’information et aussi par le fait que ces populations ne soient pas les cibles directes des projets.
Art.BF : Qu’est-ce qui est concrètement fait sur le terrain pour ces couches vulnérables ?
(DL) :Les organisations intervenant dans la nutrition donnent des conseils appropriés aux familles et aux femmes pour qu’elles puissent bien s’entretenir et entretenir leurs enfants. Il y a aussi des séances de sensibilisation à l’endroit de toute la communauté pour que les femmes prennent soin d’elles du point de vue nutritionnel ; il faut que toute la société s’implique car il y a souvent une certaine pesanteur qui entrave cela. Il y a aussi des dépistages directs et des prises en charge des personnes malnutries. La prise en charge inclus des actions de suivi et des dotations en aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE) et d’autres micro nutriments pour permettre une récupération des enfants.
Sur le plan de la gouvernance, il y a une politique qui prend en compte la nutrition dans les différentes planifications, et cela permet de considérer les besoins des couches vulnérables en matière de nutrition.
Art.BF : Quelles sont concrètement les difficultés engendrées par la crise sécuritaire dans le domaine de la nutrition au Burkina?
(DL) :Il y en a plusieurs. Il y a la difficulté d’accessibilité des zones à forts défis sécuritaire. Il y a des zones qui sont complètement inaccessibles, et cela freine les interventions. Certains centres de santé fonctionnent au ralenti.
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Aussi, les partenaires privilégiés des organisations qui interviennent, notamment les autorités locales, se retrouvent de moins en moins dans leur localité d’origine, de gouvernance. Cela complique les interventions car les autorités elles-mêmes n’ont pas accès à leurs collectivités, encore moins les organisations ; même s’il y a des mécanismes qui ont été mis en place pour faciliter la tâche aux organisations humanitaires. Par ailleurs, les populations abandonnent des terres qui étaient autre fois exploitées. Nous savons qu’ils faut avoir un stock alimentaire pour se nourrir et subvenir aux besoins nutritionnels du corps ; sans terres cultivables, il y a forcément une incidence. Tout cela fait que le problème de la nutrition prend de l’ampleur.
Art.BF : Comment peut-on mesurer l’impact des actions que vous menez sur le terrain ?
(DL) :A la fin de chaque projet mis œuvre, il y a une évaluation qui est faite et qui est rendue publique. Aussi, annuellement, il y a des rapports publiés qui montrent comment les interventions ont été menées au cours de l’année, et quelle a été l’incidence de ces interventions sur les indicateurs poursuivis par rapport à la nutrition. Il y a les rapports nationaux aussi qui détiennent des informations sur la question.
En ce qui concerne l’impact direct, il est assez visible. Pour ceux qui sont sur le terrain, dans les secteurs contributeurs comme celui de l’eau, il y a la mise en place de forages pour l’eau potable, les apports en ATPE dans les centres de santé.
W. Kevine Elodie ZABA.
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