Burkina : Vie des ONG et des Associations avec Christelle Mavalow KALHOULE

Burkina : Vie des ONG et des Associations avec Christelle Mavalow KALHOULE

Elles sont environ plus de 250 organisations et associations de développement à œuvrer dans l’humanitaire au Burkina Faso. Présente sur le sol  Burkinabè au lendemain de l’indépendance autour donc des années 70,  le travail de ces organisations non gouvernementales  est peu tangible pour ne pas dire ombrager par les actions gouvernementales. Est-ce pour cette raison que certaines langues les qualifient de structures budgétivores ?   Toute la question est là !

Pour éclairer nos lanternes, nous avons rencontré Madame Christelle Mavalow KALHOULE, Présidente du Conseil d’Administration du Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG). 

Avec notre invitée, nous avons échangé sans tabou sur bien de points notamment, sur la mission et la vie du Spong au Burkina. Et tout est allé comme une lettre à la poste. Lisez plutôt !

ArtistesBF (ArtBF) : En quelques mots, comment peut-on vous présenter à nos lecteurs ?

Lire aussi : Burkina, le défi du SPONG dans le contexte sécuritaire actuel

Christelle Mavalow KALHOULE (C.M.K) : Je suis Christelle Mavalow KALHOULE, je suis la Présidente du Conseil d’Administration du Secrétariat Permanent des Organisations Non Gouvernementales (SPONG) et cela depuis deux ans. Par ailleurs, je suis également la directrice Régionale pour l’Afrique de l’Ouest de l’ONG Children Believe. J’ai à peu près une vingtaine d’années d’expérience dans le domaine du développement notamment en ONG et                                                            sur les questions humanitaires. J’ai beaucoup travaillé sur les questions  de protection de l’enfant, de protection des personnes vulnérables. Voilà un peu ce que j’ai comme expérience  professionnelle.



ArtBF : Parlez-nous du SPONG      

Christelle Mavalow KALHOULE(C.M.K) : Le secrétariat permanent des organisations non gouvernementales est en fait une plate-forme qui regroupe des ONG nationales et internationales, des associations de développement et des fondations. A ce jour, nous avons un membership de 259 organisations, associations de développement et fondations, et nous avons une existence pratiquement de 50 ans. C’est une plate-forme qui a commencé avec 17 membres et qui, aujourd’hui se retrouve donc avec plus de 250 organisations membres, à une organisation qui travaille avec l’ensemble de ses membres sur des questions d’informations, de formations et également de travail en synergie.

L’une des plus grandes actions du SPONG, c’est également d’agir et d’interagir avec le gouvernement et les partenaires techniques pour parler d’une même voix et de représenter la voix des communautés auprès donc des partenaires techniques et financiers mais également auprès du gouvernement. Voilà un peu ce que nous nous faisons au niveau du SPONG. En plus, je peux ajouter que nous avons un rôle très important dans les questions de politiques publiques, dans les différents secteurs de développement. En effet, ce sont les politiques publiques qui vont traduire ce qui se passe dans les différents secteurs. Le SPONG travaille aux côtés de l’État et des autres partenaires, pour concevoir des politiques publiques qui répondent aux besoins et aux aspirations des communautés à la base. Nous travaillons également à faire le suivi de ces politiques publiques, pour voir si ces politiques publiques sont efficaces, si elles sont mises en œuvre, si elles répondent aux aspirations des communautés et s’il y a des GAPS ou des insuffisances, nous faisons de l’interpellation. Nous interpellons l’Etat, nous interpellons également les différents partenaires, afin que ces politiques-là soient efficaces. On peut citer concrètement, des aspects comme le secteur de la santé où le SPONG s’est  beaucoup investi notamment par rapport à la gratuité des soins. Dans ce secteur également, nous faisons toujours un travail de suivi, un travail de veille communautaire.  Sur les questions de vaccination également le SPONG a abattu un formidable  travail.



ArtBF : Les missions des ONG

C.M.K : Le secrétariat permanent des Organisations Non Gouvernementales n’est pas une ONG mais une plate-forme d’ONG, c’est pour dire que les ONG individuellement sont des membres de la plate-forme. C’est un réseau, c’est une faîtière d’Organisations Non Gouvernementales, d’associations et de fondations qui interviennent sur le terrain directement ou indirectement. Le SPONG a entre autres  missions, l’information de ses membres, s’assurer que ses différents membres connaissent donc les exigences, que ce soit les exigences de l’État et également les exigences sectorielles. C’est comme un  réseau offrant des opportunités de réseautage, ce qui veut dire que les membres ont l’occasion d’interagir, de mieux se connaître, de travailler en complémentarité et en cohérence. L’un des rôles assez important peut-être que les gens connaissent mieux, c’est le rôle d’influence des politiques publiques. A ce propos, je disais que les politiques publiques sont très importantes pour impulser une dynamique de développement. Le SPONG travaille donc sur cette question d’influence des politiques publiques. En tant que réseau,  faîtière ou plateforme d’ONG, nous capitalisons ce que les ONG font individuellement et nous portons ces expériences  positives qui peuvent inspirer également le gouvernement qui peut adopter certaines expériences et les mettre à l’échelle. Enfin, le SPONG travaille également sur le développement des capacités de ses membres. C’est très important parce qu’il faut que le niveau de  nos membres soient en phase avec l’évolution afin  d’être effectivement des forces de propositions au niveau du gouvernement.  Nous nous voulons donc en tant que SPONG une force de proposition pour  accompagner et compléter  les efforts du gouvernement. Mais le travail que nos membres font, est inscrit exclusivement dans le cadre des politiques sectorielles, des politiques et des stratégies nationales.



ArtBF : Les actions des ONG sont à tort  ou à raison taxées de structures budgétivores ou trop gourmandes au détriment des populations. Qu’en pensez-vous ?

C.M.K :(Rires). Je voudrais d’abord commencer  en présentant la contribution des ONG et associations de développement dans tout ce qui est fait au Burkina Faso.  C’est l’occasion de rappeler que le travail des ONG est suivi par une direction du partenariat avec les ONG et qui est logé au niveau du ministère de l’économie et des finances de la prospective. C’est ce département qui produit des rapports et lorsqu’on regarde les rapports d’avril 2021, il est ressorti que les ONG, et associations de développement ont contribué à  plus de 82 millions de dollars US ; ce qui n’est pas rien. Cela est une contribution grandissante, parce-que quand on compare 2021 à 2020 où nous étions à une contribution de 76 millions de dollars US. C’est d’abord pour dire que c’est une contribution qui est importante et ensuite pour répondre peut-être à ceux qui disent que les ONG sont budgétivores, peut-être qu’ils ne comprennent pas comment se fait la mobilisation des ressources au niveau des ONG. La plupart des ONG sinon la majorité des ONG, ne reçoivent pas des fonds du gouvernement burkinabè. C’est une mobilisation de fonds qui se fait souvent dans d’autres pays, ça peut être à travers les contributions des contribuables d’autres pays et également de la générosité d’autres personnes, qui voient un peu les défis que nos communautés ont, et qui décident de nous accompagner. Les ONG participent également à des appels à projets, qui sont assez compétitifs pour mobiliser des ressources au niveau global, c’est n’est pas simplement au niveau du Burkina parce qu’il y a des appels à projets au niveau global et les ressources sont mobilisées pour être mise en œuvre au sein des communautés qui ont des défis spécifiques.  Maintenant ceux qui le disent ne sont pas certainement très proches de nous. Allez sur le terrain, parlez avec les communautés, vous entendrez un autre son de cloche parce-que les témoignages sont plutôt positifs au niveau des communautés.



Il y a des communautés dans lesquelles, vous allez voir que les écoles, les dispensaires, les CSPS ont été construits par des contributions des ONG. Il y a un énorme travail de sensibilisation et d’informations aussi qui se fait au niveau des ONG. Par exemple personnellement, j’ai travaillé dans des endroits du Burkina que je sais que beaucoup de burkinabé ne sont pas vraiment familiers.  Nous sommes allés dans des régions qui, à l’époque n’étaient pas bien nantis, je peux parler de la région de l’Est dans laquelle j’ai beaucoup travaillé, jusque  pratiquement à la frontière du Niger et à la frontière du Bénin.

ArtBF : Quels sont les critères d’adhésion au SPONG ?

 C.M.K : Pour être  membres du SPONG, il y a effectivement des critères qui ont été établis et qui sont prises en compte dans nos statuts et règlement intérieur. Il faut être une organisation régulièrement reconnue au Burkina Faso, ayant fait quelques années de travail au niveau du pays, disposé des rapports. Enfin, il faut être porté par un membre du SPONG, qui se porte un peu comme votre tuteur ou votre coach, pour vous permettre d’intégrer le SPONG et d’être guidé par rapport  à vos rôles et responsabilités en tant que membre du SPONG. Les adhésions sont actées en assemblée générale et après l’intégration, les membres ont droit à une orientation pour pouvoir effectivement se familiariser et apporter également leur contribution au niveau de la plate-forme.

ArtBF : Peut-on être individuellement membre du SPONG ?

C.M.K : Non ! A condition que vous ayez une ONG ou une association de développement qui est régulièrement enregistrée, vous pouvez donc après quelques années d’expériences,  demander à entrer au SPONG. Mais les portes du SPONG sont ouvertes pour les personnes, les associations qui souhaitent apprendre sur le développement. Il y a beaucoup d’opportunités de renforcement de capacités et donc, les portes sont ouvertes. Vous avez des statuts de membres à part entière, vous avez des membres observateurs, des membres fondateurs et vous avez aussi des sympathisants ou des amis du SPONG. Par exemple si vous vous intéressez à l’agriculture, nous avons un groupe thématique agriculture, vous pouvez participer, mais vous ne pouvez pas prendre part aux prises de décisions. Voilà, il y a quand même des choses qui sont réservées exclusivement aux membres.

Propos recueillis par Aminata OUATTARA

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