Burkina : Regards croisés sur l’effervescence culturelle du 29 octobre 2022

Burkina : Regards croisés sur l’effervescence culturelle du 29 octobre 2022

Comme nous vous l’annoncions précédemment, nous recevons pour vous 03 acteurs culturels, Youssef OUEDRAOGO, promoteur de l’évènementiel les  « Faso Music Awards (FAMA)», Abraham BAYILI, Critique de cinéma et Hervé Le Nogré, Artiste compositeur résidant au Burkina depuis une dizaine d’années.

Nos invités croisent leurs regards sur l’effervescence culturelle et artistique révélée le 29 octobre 2022 au Burkina Faso où près de 07 spectacles ont été tenus dans la même soirée. Comment expliquent-ils cet engouement artistique et la préférence des promoteurs culturels à tenir leurs événementiels le 29 octobre 2022. L’entretien est de Joseph Stéphanie  et de Mariétou OUATTARA.

Youssef OUEDRAOGO : Journaliste – écrivain et Promoteur des Faso Music Awards (FAMA).

Youssef OUEDRAOGO,  » Il faut admettre qu’au Burkina malgré le contexte, il existe une vie, il y la résilience « 

Oui évidemment,  on a assisté à une effervescence culturelle et artistique au en fin de mois d’octobre 2022.  Je rappelle qu’il y a eu plus d’une dizaine d’événements qui ont été  programmés en même temps, c’est-à-dire à la date du 29 octobre 2022.  Est-ce maintenant une résilience artistique et culturelle ou existerait-il d’autres raisons ?

Dans un premier temps, il faut reconnaître que les Burkinabè malgré la situation dans laquelle le pays se trouve, je veux parler de l’insécurité généralisée, je veux parler aussi de la conjoncture économique,  les Burkinabè veulent  toujours garder la joie de vivre.  C’est la première explication.



Et c’est la raison pour laquelle malgré le contexte,  il y a eu de la mobilisation. Tous ces événements qui ont été organisés montrent que les Burkinabè veulent aller au-delà de cette situation a la fois  calamiteuse et d’amertume pour retrouver une certaine gaité. On dit parfois que l’homme est Chaire et Esprit.  Les gens ont besoin à un moment donné de cadres récréatifs, de divertissement pour pouvoir décompresser. Je crois que c’est cela qui peut expliquer surtout cet engouement pour ces différentes activités qui ont été organisées au cours de ladite période.

Lire aussi : Hérvé Le Nogré  » Résister, c’est gagner »

Hervé Le Nogré :  » Résister c’est gagner »

Vous savez,  à l’international le Burkina est perçu comme un pays où il ne fait plus bon vivre  au regard de notre actualité marqué par les attaques incessantes des terroristes. Quand on parle de Burkina, c’est cette image plus ou moins péjorative  que beaucoup de gens collent au pays. C’est à niveau qu’il y a nécessité de travailler à donner une autre image à notre pays;  je veux dire travailler à redorer l’image du Burkina. Reconnaître que le pays est en proie à une crise sécuritaire mais dire aussi qu’il existe une vie au Burkina Faso, il y a la résilience. Malgré les difficultés,  les Burkinabè tiennent le coup. Et je crois que c’est ce message là, c’est cette image de pays résilient qu’il faut donner au reste du monde. C’est ce que tout Burkinabè devrait véhiculer au quotidien au reste du monde.

La troisième explication qu’on peut peut-être donner est de dire que l’événementiel, c’est de l’emploi aussi bien au Burkina que dans bien d’autres  pays. C’est vrai qu’à un moment donné les promoteurs d’événements se sont posé la question est-ce que du point de vue éthique pendant qu’une partie du Burkina Faso est en guerre, pendant que des Burkinabè sont tués, est-ce qu’il était opportun dans ce contexte  d’organiser des événements pour égayer la population ou de se décompresser ?

Mais en même temps, il est bien d’admettre que c’est une activité parmi tant d’autres et au même titre que les autres activités. Sinon, faut-il tout arrêter dans le pays à cause de l’insécurité ?

Et pour beaucoup de promoteurs, il est bien de continuer à organiser des événements pour pouvoir en vivre

Lire aussi : Abraham BAYILI :  » l’art et la culture participent à la cohésion sociale »

Abraham BAYILI : L’art et la Culture participent à la cohésion sociale

Mais qu’à cela ne tienne, dans tous les pays au monde,  lorsque le pays est contrarié par des difficultés comme celles que nous vivons actuellement, les arts et la culture de façon générale deviennent ce que l’on pourrait appeler un rempart contre ces difficultés et cette situations trouble. Il était souhaitable qu’il y ait même plus d’effervescence artistique et culturelle au Burkina Faso tout en ayant à cœur et pour thème central,  la question sécuritaire, le soutien aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) . C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’artistes et  même de collectif d’artistes qui ont fait des chansons. Malheureusement, cet élan s’est vite estompé.  Ailleurs, au Congo ou en Côte d’Ivoire, la période que nous vivons est une période de créativité pour les artistes.



Donc pour me résumer, je dirai tout simplement que cette effervescence  culturelle et artistique que nous avons observée en fin octobre est appréciable. Enfin, il faut aussi dans ce contexte qu’il y ait une  mobilisation générale, notamment artistique et culturelle pour accompagner toutes les entités (FDS et VDP ) qui sont engagées dans cette guerre contre le terrorisme.

ArtistesBF

Leave a comment

Send a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *