Les FAMA: “On avait vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué…”

Les FAMA: “On avait vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué…”

Le festival les “Faso music Awards” (FAMA), tenu du 5 au 7 mars 2014 à Ouagadougou a le mérite de reconnaitre le travail des « oubliés » de la chaine musicale selon son promoteur Youssef OUEDRAOGO. Dans un entretien accordé à Artistes.bf, il présente le festival, fait le bilan de l’édition précédente et parle de ses ambitions.


Youssef OUEDRAOGO(YO) : le Festival “Faso music Awards” (FAMA) est né de la volonté d’un certain nombre de journalistes passionnés par la chose culturelle qui ont à un moment donné, décidés, sous mon impulsion de lancer un évènement au cours duquel les acteurs du milieu peuvent échanger à travers une cérémonie de récompense des acteurs de la filière musique. Quand on fait un regard panoramique de la scène musicale, on se rend compte qu’au niveau des cérémonies de distinction, les artistes qui constituent pour moi l’aboutissement d’une chaine ont une cérémonie grandiose qu’on appelle le Kundé où les artistes sont récompensés au cours d’une nuit.
Malheureusement, tout le reste est dans les oubliettes. J’entends par les oubliés de la chaines les guitaristes, les instrumentalistes, les choristes, les managers, les producteurs, tous ceux qui évoluent dans la chaine musicale. Les FAMA ont le mérite de mettre l’accent sur un pan des oubliés de la chaine. Je fais partie de ceux qui pensent que la musique est réfléchie, conçue, puis écrite et portée par une voie. Pour moi, la réflexion doit être au cœur des débats. C’est pourquoi, nous avons créé les FAMA qui sont un cadre de réflexion, une tribune qui veut mettre la musique en corrélation avec l’actualité brulante du moment parce que l’artiste est un élément de la société, et doit être en phase avec sa société. Nous estimons que l’artiste ne peut pas produire en vase clos. Il doit produire en tenant compte de son entourage. C’est un festival au cours duquel, une première nuit est consacrée à la musique traditionnelle. La deuxième journée, elle, mène une réflexion sur une thématique que nous choisissons pour mettre les artistes en phase avec leur environnement. Enfin, la troisième nuit, elle, est consacrée à la remise de prix, des distinctions aux acteurs de la filière musique qui se sont distingués tout au long de l’année par leur travail.

Art/BF : comment jugez-vous le bilan de la première édition.

Y.O : Vous savez quand vous êtes à une première édition d’une activité pour un pays comme le Burkina Faso où les sponsors ne courent pas les rues, vous avez l’impression que toute initiative est une initiative de trop. Je peux dire que la première édition n’a pas été facile en termes de mobilisation de fonds mais aussi en termes d’innovation dans l’esprit des gens. Pour beaucoup, l’évènement allait ressembler à d’autres évènements qui existaient donc on avait vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Alors en termes de bilan nous pouvons tout simplement dire que l’évènement s’est bel et bien tenu. Nous avons réalisé toutes les activités qui étaient inscrites dans le chronogramme du festival. Nous eûmes l’adhésion des acteurs du show-biz burkinabè, le soutien des autorités notamment le ministère en charge de la sécurité, celui en charge de la culture et l’ambassade du royaume du Maroc au Burkina Faso. Nous sortons de cette édition d’un esprit satisfait et nous sommes heureux parce que l’évènement a eu aussi un écho international. La presse s’est mobilisée pour donner plus de visibilité au festival. C’est l’occasion pour moi de profiter pour dire une fois de plus merci à la presse nationale, dire merci aux autorités qui ont adhérer à notre projet.
fama3.jpgArt/BF : On voit que vous êtes satisfait, mais dites quels sont vos projets pour l’avenir.
Y.O : Notre objectif, c’est de construire une nouvelle génération du SHOW- BIZ à travers les FAMA. Nous pensons que dans quelques années on pourra aussi dire que cette génération a apporté quelque chose à l’évolution culturelle dans le pays des « hommes intègres ». Et pour arriver là, nous avons mis en place une association de journalistes et communicateurs pour la culture. Avec cette association, nous envisageons dans le cadre du festival de faire un avènement qui ne va pas se limiter à Ouagadougou. C’est une manifestation qui se veut itinérante. Les FAMA aura le mérite de faire le tour du Burkina Faso, d’aller à la rencontre de certains artistes qui malheureusement ne sont pas connus mais qui ont du talent. On a beaucoup d’ambition autour de cet évènement. Nous voulons qu’entre deux Famas qu’il ait d’autres activités annexes.

Art/BF : Est-ce que vous comptez internationaliser votre festival ?
Y.O : Vous savez aucune culture ne peut se développer en restant en vase clos. Oui pour le protectionnisme culturel ! Mais il faut également la diversité culturelle. Toute culture qui se referme sur soi-même est appelée à mourir. Nous pensons que dans les années avenir nous allons aller à la conquête de la diaspora. Nous verrons dans quelle mesure la diaspora peut participer à cette manifestation; pourquoi pas un FAMA à Abidjan, au Mali, en France, c’est autant de projets sur lesquels, nous sommes en train de réfléchir. Notre souhait est que des artistes de carrure internationale puissent participer au festival pour lui donner plus d’éclat et plus de relief. Vous savez un projet comme les FAMA, les idées sont là, mais il faut les moyens et à travers la communication autour de cet évènement, peut être qu’on aura de bonnes volontés qui vont nous accompagner dans notre logique.
Propos recueillis par
Jérémie OUEDRAOGO

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